Discussion utile

Avant d’aller me baigner dans les magnifiques piscines du centre de bien-être de Mario Botta, j’ai eu l’honneur de discuter avec la réceptionniste qui a eu la gentillesse de me donner accès aux plans du centre quand elle a appris que j’étais étudiante en architecture. J’ai même pu les récupérer en version numérique pour les compiler dans mes notes de voyage.

Plan du 2e étage
Plan du 3e étage
Plan du 4e étage

Plus qu’un simple lit

J’ai décidé de passer cette semaine dans une des capsules qui se situe en haut de la boîte. En effet, les capsules sont superposées dans la boîte, avec ceux d’en bas accessible directement en se penchant et celles d’en haut accessible par des escaliers. A l’intérieur comme dans toutes les capsules du Sui KYOTO, l’espace est petit, mais très bien optimisé. On y trouve l’essentiel comme ce qu’on pourrait trouver dans un hôtel standard.

Les quatre boîtes en bois disposées à haut plafond et séparées par des espaces vides sont légèrement éclairées par des lumières supérieures et des fenêtres dans chaque passage, et lorsque ma capsule est ouverte, elle semble être entourée par l’espace extérieur.

Ma capsule, éclairée par cette lumière naturelle, s’étonne, de ce bonheur qui dure ; elle rit ; elle est guérie de la pauvreté d’être obscure…

Eclairage des espaces vides et ma capsule
Vue de ma chambre d’en haut

RÉALITÉ _ RÊVERIE

Cela fait maintenant 2 semaines que je suis confiné dans cette sublime suite avec Jérome. Ce confinement nous permet de nous rendre compte que nous nous investissons énormément dans notre métier au point d’oublier de prendre du temps pour nous. Ces deux premières semaines nous ont permis de nous reposer, de nous détendre, de retrouver notre complicité que nous avions en Pologne. Nous nous sommes approprié cette suite comme notre habitat commun. Cette suite est suffisamment grande pour que nous puissions nous isoler afin de prendre du temps rien que pour soi.

Jérome est confortablement installé sur le canapé du salon, et échange avec ses parents en visio. Leur sujet de discussion tourne autour de la situation sanitaire actuelle, le nombre de décès, le nombre de personnes hospitalisé, les symptômes, le chômage partiel, le confinement, etc. Je profite de ce moment pour m’isoler dans la chambre. Je m’assois sur le fauteuil près de la fenêtre, je m’emmitoufle dans le plaid, malgré le soleil qui frappe le vitrage de la fenêtre. Je prendre mon petit carnet à dessin et mon stylo, j’ouvre légèrement la fenêtre pour apprécier ce silence inédit dans Paris, seuls les chants des oiseaux résonne dans les ruelles. Je ferme les yeux quelques instants, je me laisse bercer par le son des oiseaux, je visualise l’espace dans lequel je me trouve dans ma tête. Je visualise précisément certains éléments, leurs couleurs, leurs textures, leurs odeurs, leurs positions. 

J’ouvre mes yeux, je commence à faire quelques croquis de ces images mentales visualisées.

CONFIANCE _ ANXIÉTÉ

Il est 21 h 00, le Président a fini son élocution. Jérome reste silencieux, seul son regard et son sourire communique avec moi. Son sourire est tellement communicatif que je souris, à travers ce sourire se cache de l’amour, de l’admiration, du bonheur, de la peur, de l’anxiété. Malgré les instructions de Monsieur Macron, concernant ce virus, je me sens en confiance avec cet homme. 

Ça toque à la porte, j’ouvre, c’est encore l’hôtesse d’accueil, il est 22 h 05. Elle m’informe que notre suite est prête à nous accueillir, elle me donne la clé. Je lui lance un regard étrange et je la remercie et lui souhaite une agréable soirée. Je me dirige vers Jérome, je lui dis que notre suite est prête. Mais quelle suite ? Je ne comprends pas, nous venons d’arriver, et nous sommes dans cette chambre parce que nous pouvons plus sortir. Comme d’habitude, je lui pose 30 millions de questions pour savoir le pourquoi du comment. Comme d’habitude, il lève les yeux, souri légèrement, et me dit de m’habiller et de refermer ma valise. Je me précipite, je range très rapidement mes affaires que j’avais sorties. Nous nous dirigeons vers l’ascenseur, il appuie sur le 5. 

Nous ouvrons la porte de la chambre numéro 30. Je suis sans voix, émerveillé dès l’entrée dans cette fabuleuse suite. Je suis très curieuse comme personne, donc dès l’entrée j’ouvre toutes les portes et contemple chaque recoin. Dans ma tête, j’énumère les pièces, un salon, un dressing, un coin bureau, une salle de bain, une chambre, et la cerise sur le gâteau la terrasse filante donnant sur les toits des bâtiments voisins. À ce moment précis, je vis l’un des meilleurs moments de ma vie, malgré la situation sanitaire dramatique. Jérome m’informe que c’est ici que nous devions séjourner durant le week-end, et maintenant, c’est notre lieu de vie durant les prochains mois de confinement. Je suis déstabilisée, stressée de la situation sanitaire, et rassurée du lieu de confinement, du confort, de l’espace, une terrasse que cette suite nous offre, sans oublier la compagnie de Jérome.

Il est 23 h 52, nous avons passé une excellente journée, très mouvementée, mais riche en découverte et en émotion. Nous décidons d’aller nous coucher.

La goutte d’eau dans son cocon de bois

Chambres Mayne Wood

La chambre dessinée par Thom Mayne est très surprenante… Tout y est parfaitement rangé, j’ai l’impression de vivre dans un objet d’art. Les sanitaires et la porte d’entrée sont dissimulés derrière des portes sous tenture, se fondant ainsi dans une zone servante accompagnée de rangements. La salle de bain apparaît comme une goutte d’eau dans ce cocon de bois. Cette bulle me donne l’occasion de me laver en plein milieu de ma chambre, face au paysage, quelle sensation de liberté! 

La façade de la chambre a été travaillée d’une manière très particulière au niveau de la baie vitrée : les murs se resserrent dans un cadre noir avant de passer l’extérieur. C’est intéressant cet espace intermédiaire, ce seuil, il est dans la chambre mais pas de la même matérialité, c’est un peu comme avoir une pièce dans la pièce. 

L’ambiance de la chambre change considérablement entre le jour et la nuit. La journée l’attraction est portée sur le paysage et la lumière du jour épouse chaque lames de bois, je m’y sens bien. Alors que la nuit, la fenêtre est sombre, le seuil de la baie aussi, tout comme les portes sous tenture, c’est presque oppressant de n’être enfermée que dans du bois, sans issue visible, sans mobilier… 

Cette chambre est une véritable expérience pour moi, je pense que les matériaux et leurs dimensions jouent beaucoup, j’ai choisi de passer la fin de la semaine dans la deuxième chambre « Mayne Wood » qui a des sections plus grandes. J’ai pu constater que dans la première je ressentais une sensation de vitesse alors que la deuxième me rappelait plus l’ambiance des chalets. Et pourtant, je trouvais que lors de ma première expérience, la chambre paraissait plus grande bien que les deux aient exactement les mêmes dimensions. 

La semaine prochaine, je teste les « Mayne Stone », quelle chance de pouvoir bénéficier d’un si grand catalogue architectural sur place!

Culturæ Architecures

Nouvelle semaine, nouvelle chambre ! Je dois dire que la suite A2 me plaît bien. La longue banquette bleue s’approprie toutes mes lectures. Le choix de Sur la route, pendant cette période d’isolement me questionne. Jack Kerouac me rend nostalgique tout en m’offrant des moments de répit, d’évasion. Mon regard traverse parfois les fenêtres, depuis lesquelles je peux observer la vie de la rua de Alvares Cabral. Je trouve cet espace plutôt bien pensé. Les plafonds sont hauts, près de 3m je pense, les grandes menuiseries et leurs volets intérieurs agrémentés de voilage blanc rendent la chambre lumineuse et chaleureuse. Une boîte en miroir se démarque du volume de la pièce, elle abrite intimement la salle de bain. Depuis le lit, le texte latin gravé sur le plafond se reflète, « Culturæ Architectures », la chambre semble vouloir me reconnecter avec le réel.  

En rouge

Bien que ce soit pour se distinguer de son environnement, des parties de la grue sont en couleurs vives pour d’autres raisons. Mon intuition d’architecte me disait que le rouge signalait des éléments de circulation verticale, mais il a suffi de faire quelques recherches pour comprendre que c’est plutôt un moyen de distinguer les ajouts additionnés à la structure primaire.

Ceci me fait plaisir car dans tous mes projets d’étudiante en architecture, j’accorde une attention particulière à ce que l’intervention nouvelle soit bien visible et distinguable du bâtiment existant.

Photographe : IAA Architecten