En ce mois d’avril, le printemps, commence à s’installer et colore toute la ville de Kyoto de cette blancheur rosée de cerisiers. Devant tant de magnificence, je me demande bien que faire.
Aujourd’hui, c’est l’éclatement du printemps : Sakura, les cerisiers en fleurs et d’autres arbres tous plus magnifiques. Il me semblait intéressant de me livrer pendant toute la semaine à la contemplation de ces Sakura, dont le spectacle relève pleinement de l’Ukiyo. Ce terme évoque tout à la fois l’impermanence de toutes choses selon la tradition bouddhiste et une approche plus profane de la beauté éphémère et des plaisirs de la vie
Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d’érable… Ne pas se laisser abattre par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître sur son visage, mais dériver comme une calebasse sur la rivière, c’est ce qui s’appelle ukiyo. Asai Ryoi (Les contes du monde flottant, 1665).
J’ai toujours rêvé de photographier les Sakura au Japon et c’était l’occasion pour moi d’expérimenter diverses approches photographiques. J’ai donc photographié pendant toute la semaine, tout en prenant le temps de goûter, dans une sorte de bonheur extatique, au raffinement du printemps à Kyoto.
Nous allions avec d’autres hôtes du SUI KYOTO, à travers la ville à vélo, de temple à temple. Les touristes attrapaient les enfants pour se photographier avec eux. Dans Le Parc de Maruyama, les gens font la queue pour se photographier les uns après les autres, au même endroit, sous les arbres les plus beaux. Rires et gloussements des jeunes filles, sérieux terribles des innombrables photographes japonais qui guettent l’épanouissement des fleurs.
Le temps des cerisiers en fleurs est très bref. Les premiers pétales tombent déjà, lentement, silencieusement, comme une neige ouatée un jour sans vent, ou comme des confettis que la petite rivière Kaiyamachi emporte.