Me baladant aux alentours du Tschuggen Grand Hotel, je suis tombée par surprise sur un igloo. Très curieuse de me retrouver nez à nez avec cet igloo perdu en Suisse, j’y suis rentrée pour finalement y découvrir un restaurant associé à mon hôtel de résidence, du nom de Tschuggen Grand Hotel Igloo Restaurant.
Malheureusement fermé à cause du confinement, je savais que je ne pourrais manger à l’intérieur mais j’ai pu rencontrer un cuisinier en train de préparer sa carte de réouverture et qui a pu me donner quelques informations sur le restaurant. Construit par un professionnel de la construction d’igloos, le restaurant contient un bar réalisé en glace et a une capacité de vingt couverts. C’est un restaurant éphémère qui est reconstruit à chaque saison et qui offre la possibilité de déguster des plats traditionnels dans un cadre déconcertant. À la carte, nous avons le choix entre différentes versions de la fondue Suisse: la classique, celle au champagne ou celle à la truffe et je suis finalement déçue de ne pas pouvoir y manger. Tout de même, c’était la première fois que j’avais l’occasion de voir un igloo et cette forme si spécifique m’a donné envie d’en apprendre plus sur ces abris construits de blocs de neige.
Les igloos constituent une forme d’habitat vernaculaire née des Inuits, un peuple autochtone de l’extrême nord du Canada. Dans ces régions glaciales et inhospitalières où la température avoisine les -40°C, les igloos permettent d’éviter l’hypothermie et la mort certaine grâce aux excellentes propriétés isolantes (thermiques et acoustiques) de la neige. Cependant, pour réellement protéger du froid, ils doivent être réalisés avec un savoir-faire très précis et méticuleux car chaque étape a son importance.
La construction débute par le sciage de blocs de neige de très grande taille. En moyenne, les blocs mesurent 1m de long, 40cm de haut et 20cm de large et sont transportés sur des skis pour ne pas être brisés. Usuellement, les blocs sont sciés au niveau du futur espace de vie pour qu’il se creuse plus rapidement. La rapidité est ici un élément clé quand le froid est intense et que la nuit glaciale approche mais, avec de l’expérience, un igloo peut être achevé en une heure.
Ensuite, il s’agit de déposer les blocs en cercle et de les monter en spirale. La construction en spirale permet un assemblage des blocs plus rapide et il faut veiller à ce que les murs soient inclinés pour former un dôme. Le dernier bloc situé au sommet de l’igloo est le plus important et se nomme « clé de voute ». Si l’igloo a été mal conçu, il s’effondrera au moment de la pose de cette ultime pièce. Mais s’il est bien exécuté, l’igloo se veut extrêmement résistant et il pourrait supporter le poids d’un ours polaire.
Une fois l’igloo assemblé, il s’agit de lisser la paroi intérieure pour éviter les fuites dues à des défauts de construction et qui sont très inconfortables pour les occupants. Achevé, l’igloo permet d’obtenir une température intérieure de 0°C minimum, confortable quand la température extérieure est de -40°C. Néanmoins, certains peuples tapissent la paroi intérieure de peaux de bêtes et la température intérieure peut ainsi augmenter jusqu’à 20°C supplémentaires.
L’igloo traditionnel possède des trous de ventilation indispensables au renouvellement de l’air et il contient également une entrée qui est construite le plus bas possible pour éviter que le vent glacial ne s’engouffre dans l’abri. Sur certains igloos, on retrouve un petit tunnel ou un vestibule associé à cette entrée qui permet de se protéger du vent et d’éviter la perte de chaleur quand on ouvre la porte.
Nous finissons cet article sur les igloos en évoquant des variantes un peu plus sophistiquées qui contiennent des plaques de glace placées entre les blocs de neige pour créer des fenêtres. Enfin, certains igloos possèdent ce que l’on appelle une « fosse à froid » qui est un tunnel sous-terrain plus bas que le sol de l’igloo. Elle renforce l’isolation car l’air froid, plus lourd que l’air chaud, s’accumule dans cette fosse à froid sans entrer dans l’espace de vie.