Bonjour Nancy

Me voici arrivée sur le parvis de la gare de Nancy, c’est une drôle de sensation de rentrer chez soi après de longues semaines passées en voyage. Néanmoins, je pense avoir amplement profité de mon séjour en Suisse et avoir découvert un maximum d’endroits qui s’offraient à moi. Je ressors très enrichie de cette expérience qui m’a permis de développer mon sens de l’observation qui est finalement un sens primordial en architecture, si ce n’est le plus essentiel.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, alors au revoir le Tschuggen Grand Hotel, au revoir le Tschuggen Bergoase, au revoir les pistes de ski, au revoir les forêts de pin, au revoir Arosa et au revoir la Suisse. Il est temps pour moi de reprendre le travail et, qui sait, peut-être de préparer un prochain voyage dans un des hôtels de mes camarades…

Escale à Vals

Ça y est, il est temps de plier bagage après ces incroyables semaines passées au Tschuggen Grand Hotel. Je garderais un agréable souvenir de cet hôtel unique dans lequel j’ai eu la chance de séjourner. Je me souviendrais des paysages splendides, de la bonne nourriture, des décors somptueux de l’hôtel et de ma chambre. Mais ce dont je me souviendrais le plus, c’est définitivement le Tschuggen Bergoase de Mario Botta. J’ai, certes, passé de longues heures à ma prélasser dans les piscines et les saunas, mais j’ai surtout énormément observé cet édifice que je trouve remarquable en tous points. Le caractère brut de l’édifice, la relation avec son contexte montagneux et l’organisation des espaces en différents niveaux épousant la montagne resteront longtemps dans ma mémoire. 

Me voici désormais à la gare de Paris-Montparnasse qui officialise mon retour en France depuis la Suisse. Le trajet du retour fut quelque peu différent de l’aller car il comportait une escale dans un des bâtiments les plus emblématiques des Grisons: les thermes de Vals, l’occasion aussi de passer un peu de temps avec Anna qui avait séjourné là-bas. Jade nous avait également rejoint là-bas en provenance de Lucerne et nous avons pu clôturer nos séjours de la meilleure des manières. Anna, en habituée des lieux et ne faisant jamais les choses à moitié, nous avait préparé un parcours pour visiter l’hôtel 7132 dans son entièreté, sa chambre actuelle oeuvre de Tadao Ando, la chapelle Saint-Benoît de Peter Zumthor non loin de l’hôtel et, bien évidemment, les très reconnus thermes de Vals. 

Lorsque l’on évoque les thermes de Vals, il fait finalement sens de mentionner la phénoménologie. Cette discipline, qui vise à se poser la question du sens et des perceptions sensorielles, s’observe dans de nombreux types d’architectures mais il est à parier que l’oeuvre de Zumthor pourrait en être l’emblème. La phénoménologie a toute son importance dans la discipline car elle pense l’architecture par rapport à l’Homme, mais surtout l’architecture pour ce qu’elle représente. Les thermes de Vals sont ainsi une véritable démonstration de l’architecture suscitant les perceptions, comme l’explique l’article ci-dessous, découpé dans le journal local que j’avais acheté pour m’occuper dans le train du retour et dont j’ai surligné le passage mentionnant la phénoménologie.

Carlo Rampazzi

Diplômé en architecture et design d’intérieur à Lugano en Suisse, Carlo Rampazzi débute sa carrière en 1970 en tant que designer international et sa notoriété se fait grandissante grâce à son style néo-éclectique et grâce à sa vision de l’intérieur « sauvage ». Il est le fondateur du style Rampazzi, aussi appelé Maximinimalismobili caractérisé par un mobilier unique et des oeuvres hors du commun, sans style lié à un temps ou une mode. 

Carlo Rampazzi à l’hôtel Carlton à St-Moritz

Carlo Rampazzi a eu l’occasion de travailler sur de nombreux projets, notamment l’aménagement et le design intérieur du Tschuggen Grand Hotel en 2005 (précisé dans un précédent article) et a ensuite choisi d’ouvrir deux showrooms. Le premier, NOI Paris, a vu le jour en 2006 en collaboration avec Sergio Villa, un ami proche de Rampazzi. Le deuxième, Selvaggio, a ouvert plus récemment en 2016 à Ascona et expose des installations temporaires, montrant une grande diversité dans le travail du designer. 

Les oeuvres de Rampazzi, appréciables dans ses showrooms ou dans ses projets d’aménagement et de design intérieur, ont la réputation d’être des créations uniques alliant provocation, raffinement, soin et style. Surnommé l’antiquaire des temps modernes, Rampazzi retravaille, revisite et réinvente en permanence. Il est un véritable producteur d’art à l’état pur comme le montrent les quelques projets qui suivent et qui respectent tous sa devise « le présent n’existe pas, il se sert du passé pour rebondir dans le futur ». 

Piscine, Londres
Hall, Mumbai
Hôtel Carlton, St-Moritz (Suisse)
Studio, Boston

Bernina Express

Le Tschuggen Grand Hotel se situant dans le canton des Grisons, je ne pouvais pas manquer de faire un tour à bord du Bernina Express. Véritablement reconnu, ce train panoramique est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il traverse les Alpes et relie les villes de Coire et de Tirano en Italie et compte un arrêt à la station de ski de Saint-Moritz à Arosa, parfait pour moi.  

Photographie à bord du Bernina Express

Il est enfin l’heure d’embarquer à bord du majestueux train rouge, direction Tirano. Avant de monter, je peux observer les grandes vitres panoramiques et je me languis des beaux paysages que je vais pouvoir voir à travers. 

C’est le départ et la compagnie nous présente le Bernina Express. Il tire notamment son nom de la montagne Bernina qui culmine à 4048m et au pied de laquelle se trouve la ville de Coire, terminus du trajet côté Suisse. Le train est notamment remarquable par la prouesse technique qu’il réalise de passer d’une altitude de 441m à Tirano à 2253m à l’Ospizio Bernina. C’est un des seuls trains capables de gravir des segments de pente aussi raides et ceci est notamment facilité par des infrastructures. En effet, il emprunte durant son trajet 55 tunnels et 196 ponts et viaducs sur plusieurs heures de trajet. 

Parlant de trajet, celui-ci est incroyable et je ne cesse de m’extasier devant la magnifique variété de paysages qui s’offrent à moi. J’assiste à une vraie mélodie entre les paysages rocailleux des montagnes, la végétation dense, les pins toujours plus nombreux, les sommets des Alpes encore enneigés et je ne compte plus le nombre de lacs que j’ai pu voir depuis mon arrivée en Suisse. Toujours plus splendides, avec toujours plus de reflets bleutés, je ne pourrais me lasser de les admirer. 

Doucement, le paysage de montagne se voit remplacé par un paysage méditerranéen, moins en relief. J’en déduis doucement que j’arrive en Italie mais mon voyage ne s’arrête pas là. Juste à la sortie du train, je prends le Bernina Express Bus et me voilà repartie direction Lugano, une ville de référence de Mario Botta. Étant en Suisse, autant en profiter pour aller voir d’autres de ces oeuvres même si j’adore me prélasser dans les piscines du Tschuggen Bergoase.

Après quelques heures de bus et quelques instants de marche, me voilà devant l’édifice que je souhaitais tant voir: la Chiesa Santa Maria degli Angeli

Croquis par Mario Botta

Conçue par Mario Botta et construite entre 1992 et 1996 à Lugano, l’église Santa Maria degli Angeli représente une vraie merveille architecturale et une église des plus étonnantes de notre aire. 

À première vue, elle s’apparente à un ouvrage d’infrastructure et cette impression est donnée par la conséquente passerelle-viaduc de 65m de long qui semble sortir de la montagne. Situé sur le bord d’une pente, ce viaduc offre une vue panoramique d’exception sur le paysage à tous ceux qui l’emprunteront.  

Panorama depuis le sommet de la passerelle-viaduc

En continuant un peu son chemin sur cette passerelle, on accède ensuite au parvis nivelé qui s’échelonne en gradins et donne l’impression d’un amphithéâtre. Ce même parvis donne sur un volume cylindrique de 15m de diamètre: l’église, divisée en trois par deux murs de maçonnerie  dans son intérieur. 

Coupe longitudinale
Plan de situation

Construite en porphyre, une roche magmatique, elle accueille un intérieur orné de peintures de l’artiste, peintre et sculpteur italien Enzo Cucchi. En plus d’observer ses oeuvres au sein de l’édifice, nous pouvons les admirer sur le plafond de la passerelle et au niveau de l’abside ornée d’un bleu intense et inattendu. 

La chiesa Santa Maria degli Angeli, en plus de ses qualités techniques notamment dans la mise en oeuvre de la passerelle-viaduc, est une oeuvre des plus originales par rapport à son usage. Mi-amphithéâtre, mi-pont, mi-galerie d’art, on peinerait à imaginer que cet édifice est en réalité une église, ce qui en fait un bâtiment d’autant plus remarquable. De plus, elle est le point de départ du Sentier artistique, un chemin circulaire alliant art et culture le long duquel on peut rencontrer des sculptures artistiques dans un paysage sublime.  

Intérieur sobre de l’église où l’on peut observer l’oeuvre d’Enzo Cucchi sur le plafond de la passerelle qui vient finir sa course au niveau de l’abside ornée d’un bleu intense

Décidément, cet ouvrage de Mario Botta méritait amplement des heures de trajet. Mais la nuit ne va pas tarder à tomber, je ferais mieux de rentrer dans ma chambre à Arosa. J’en retiens tout de même un ému souvenir. 

Mario Botta – pratique architecturale

Extrait de l’interview de Mario Botta, De la nature à la culture par Céline Fossati – quelques phrases qui permettent de mieux comprendre la justesse du geste architectural réalisé par Mario Botta pour le centre de bien-être du Tschuggen Grand Hotel. Ce geste admiré découle avant tout d’une grande prise en compte du contexte et d’une implantation respectueuse dans le site, une attitude récurrente chez l’architecte et observable dans de nombreux projets. 

Lorsque vous imaginez un bâtiment en montagne, cherchez-vous le bon geste architectural ou l’intégration dans le paysage ?

« Ni l’un, ni l’autre. Je n’aime pas ce mot d’intégration. La montagne est une présence, une architecture en soi. L’homme vient ajouter une autre présence entre le ciel (l’infini) et la terre. La question étant: comment modifier la croûte terrestre pour y enraciner une construction ? On ne peut donc pas parler d’intégration. Au contraire, il faut parler de dialogue entre des formes rationnelles (que l’on va placer entre ciel et terre) et l’élément organique (la nature qui est là, présente). L’intérêt de l’architecte n’est pas le geste en lui-même, un geste fermé, centré sur un objet fini. C’est la confrontation entre l’élément géométrique et l’élément organique. S’il y avait un thermomètre capable de mesurer la qualité d’un acte architectural, il devrait mesurer l’intensité de cette confrontation. Plus la tension est importante, plus la montagne s’enrichit et, de manière réciproque, plus l’objet architectural devient intéressant. »

Qu’est-ce qui vous attire vers les sommets ?

« La montagne est une mère exigeante. Ou mieux encore, une femme exigeante. Elle demande plus de rigueur que la plaine où l’on peut, même si on ne le devrait pas, bâtir n’importe où. Chaque élément en montagne demande un effort et engendre une fatigue. L’entier du processus exige davantage de précision, de rigueur. Bâtir devient en défi. »

Êtes-vous à un moment de votre vie qui vous appelle à plus de spiritualité ?

« Sans doute. J’ai reçu une éducation où les valeurs spirituelles étaient importantes. Chercher à aller au-delà de la limite définie par l’esprit de l’homme. Et j’espère que cela se traduit dans mon architecture. Ce n’est pas toujours une recherche consciente. Je ne trouve parfois des valeurs et des significations à mon travail qu’une fois le bâtiment achevé. Quand on est dans le processus de construction, on a bien d’autres paramètres à gérer: problèmes de statique, gestion des coûts, choix des matériaux, contraintes techniques… A la fin, l’objet vous parle ou ne vous parle pas. Mais il est toujours le reflet d’une recherche d’authenticité, enrichie des valeurs de tous ceux qui ont contribué à son édification, du savoir-faire des artisans et de la mémoire historique collective. Le bâtiment fini est infiniment plus riche que l’idée d’origine de l’architecte. »

Igloo 2/2

L’article précédent était consacré aux igloos dans leur aspect vernaculaire hérité du savoir-faire des peuples autochtones Inuits. Ainsi, comme toute forme d’architecture vernaculaire, les igloos font l’objet de réinterprétations plus ou moins contemporaines et qui ont le mérite d’attirer l’oeil. En voici quatre exemples.

1- L’hôtel Kakslauttanen en Laponie

Situé dans la zone de Saariselka, au coeur de la Laponie et des magnifiques paysages finlandais, l’hôtel Kakslauttanen se présente comme un village de soixante igloos. Dans une situation géographique particulière, l’hôtel offre la possibilité de dormir dans des igloos faits de neige ou de verre pour passer une nuit à la belle étoile. Durant certaines périodes, il est également possible d’admirer les aurores boréales. 

Les igloos sont directement inspirés des habitations traditionnelles des lapons, les Samis. La structure en dôme, entièrement vitrée sur chaque igloo, permet de recueillir le peu de lumière disponible dans cette région qui ne voit presque jamais le jour en hiver. En été en revanche, alors qu’il ne fait quasiment jamais nuit, les igloos présentent le nécessaire pour se couper de la lumière au moment de dormir. 

Ces constructions, réalisées avec un verre thermique spécial permettent de chauffer l’intérieur à 20°C face à une température extérieure qui dépasse rarement les -20°C. 

2- L’igloo en bois à Moscou

Le constructeur russe SkyDome a développé une série de logements à la structure arrondie et s’apparentant à des igloos, également qualifiés de « maisons du futur ». Prenant place dans la région de Moscou, ces logements peu couteux à construire se veulent très avantageux face à l’immobilier très cher. 

SkyDome a ainsi mis en place six modèles différents de maisons avec des variantes de taille et allant de 34 à 300 mètres carrés. Tous les modèles utilisent les mêmes techniques de construction pour assurer une habitation durable. Parmi ces techniques, on retrouve les murs courbés qui assurent une habitation économe en énergie, un faible taux de perte de chaleur et une circulation de l’air naturelle. On retrouve également l’emploi de matériaux naturels tels que le le bois (revêtement extérieur en pin massif traité) ou le lin pour l’isolation. 

Ici, reprendre la forme vernaculaire des igloos permet de créer des modules très solides avec une résistance à un poids extrême de 700kg, intéressant dans cette région très enneigée, ainsi qu’une résistance aux vents jusqu’à 250km/h. Enfin, la forme d’igloo ne nécessite aucun mur intérieur porteur et permet ainsi d’offrir un grand espace intérieur avec des possibilités d’aménagement très libres. 

3- L’hôtel Barin Ski Resort en Iran

Ce projet unique, développé par le studio d’architectes Ryra Studio, prend place au coeur de Shemshak qui est la deuxième plus grande station de ski d’Iran. Il reprend l’idée d’un hôtel étonnant dans un paysage impressionnant constitué de champs de neige avec de forts dénivelés. L’hôtel a été conçu pour parler le même langage que le paysage environnant et vise une interaction harmonieuse entre architecture, design et nature. 

Le projet prend la forme d’un igloo futuriste aussi qualifié de grotte de neige. Son plan libre et ses salles ergonomiques développement visuellement le thème de la nature qui entoure l’hôtel. La thématique de l’igloo se retrouve ici sous la forme d’une conception métaphorique en forme de dôme qui se repère dans les intérieurs semblant enneigés de l’hôtel.

4- La maison S à Paris (2012-2015)

La maison S, aussi appelée « maison igloo » a été conçue par l’agence d’architectes Jakob + MacFarlane pour un client faisant partie des cent plus grandes fortunes de France. La maison prend place avenue Robert-Schuman, dans le quartier Boulogne-Billancourt à Paris et a été sujet à de nombreuses controverses lors de sa construction. Très expérimentale, la villa a été jugée comme déplacée dans ce quartier symbolique de l’architecture domestique des années 1930. Néanmoins, ce quartier s’apparente, dans son ensemble, à un laboratoire d’innovation architecturale et les architectes assurent la volonté d’inscrire ce projet dans une dynamique de recherche et d’expérimentation, tout en s’inscrivant dans le paysage et dans une certaine continuité des années 1930. La maison, qui s’accorde par son enveloppe blanche aux villas voisines de style moderniste et blanches également, a finalement été approuvée par l’Architecte des Bâtiments de France. 

Pour sa villa organisée sur trois étages et avec une surface au sol avoisinant les 800 mètres carrés, le client souhaitait une maison ultra connectée avec une domotique de l’ordre du jamais vu auparavant. De plus, la spécialité de cette maison se retrouve aussi dans son aspect formel, fonctionnant avec un système de double peau trouée par des surfaces vitrées. La structure principale, constitué de métal, de béton et de verre est recouverte par une enveloppe blanche qui reprend la facetisation d’un igloo. 

L’exosquelette en acier structurant la maison porte les plateaux structurels et évite ainsi la nécessité d’avoir des murs porteurs à l’intérieur. Le seul élément porteur que nous retrouvons est l’escalier qui est monumental. C’est le noyau dur de la maison et il dessert tous les étages, du sous-sol au toit terrasse. Dans ce projet, il a été complètement travaillé et sert d’étagère, d’aquarium, de cheminée, de placard et de cave à vin. Il participe complètement à l’aménagement des espaces. 

Enfin, au fond du jardin, nous retrouvons une maisonnette annexe et les deux maisons sont reliées entre-elles par une piscine souterraine. 

Igloo 1/2

Me baladant aux alentours du Tschuggen Grand Hotel, je suis tombée par surprise sur un igloo. Très curieuse de me retrouver nez à nez avec cet igloo perdu en Suisse, j’y suis rentrée pour finalement y découvrir un restaurant associé à mon hôtel de résidence, du nom de Tschuggen Grand Hotel Igloo Restaurant

Le Tschuggen Grand Hotel Igloo Restaurant vu de l’extérieur

Malheureusement fermé à cause du confinement, je savais que je ne pourrais manger à l’intérieur mais j’ai pu rencontrer un cuisinier en train de préparer sa carte de réouverture et qui a pu me donner quelques informations sur le restaurant. Construit par un professionnel de la construction d’igloos, le restaurant contient un bar réalisé en glace et a une capacité de vingt couverts. C’est un restaurant éphémère qui est reconstruit à chaque saison et qui offre la possibilité de déguster des plats traditionnels dans un cadre déconcertant. À la carte, nous avons le choix entre différentes versions de la fondue Suisse: la classique, celle au champagne ou celle à la truffe et je suis finalement déçue de ne pas pouvoir y manger. Tout de même, c’était la première fois que j’avais l’occasion de voir un igloo et cette forme si spécifique m’a donné envie d’en apprendre plus sur ces abris construits de blocs de neige. 

Intérieur du Tschuggen Grand Hotel Igloo Restaurant

Les igloos constituent une forme d’habitat vernaculaire née des Inuits, un peuple autochtone de l’extrême nord du Canada. Dans ces régions glaciales et inhospitalières où la température avoisine les -40°C, les igloos permettent d’éviter l’hypothermie et la mort certaine grâce aux excellentes propriétés isolantes (thermiques et acoustiques) de la neige. Cependant, pour réellement protéger du froid, ils doivent être réalisés avec un savoir-faire très précis et méticuleux car chaque étape a son importance.

Construction d’un igloo par les peuples Inuits

La construction débute par le sciage de blocs de neige de très grande taille. En moyenne, les blocs mesurent 1m de long, 40cm de haut et 20cm de large et sont transportés sur des skis pour ne pas être brisés. Usuellement, les blocs sont sciés au niveau du futur espace de vie pour qu’il se creuse plus rapidement. La rapidité est ici un élément clé quand le froid est intense et que la nuit glaciale approche mais, avec de l’expérience, un igloo peut être achevé en une heure. 

Étapes de la construction d’un igloo

Ensuite, il s’agit de déposer les blocs en cercle et de les monter en spirale. La construction en spirale permet un assemblage des blocs plus rapide et il faut veiller à ce que les murs soient inclinés pour former un dôme. Le dernier bloc situé au sommet de l’igloo est le plus important et se nomme « clé de voute ». Si l’igloo a été mal conçu, il s’effondrera au moment de la pose de cette ultime pièce. Mais s’il est bien exécuté, l’igloo se veut extrêmement résistant et il pourrait supporter le poids d’un ours polaire. 

Une fois l’igloo assemblé, il s’agit de lisser la paroi intérieure pour éviter les fuites dues à des défauts de construction et qui sont très inconfortables pour les occupants. Achevé, l’igloo permet d’obtenir une température intérieure de 0°C minimum, confortable quand la température extérieure est de -40°C. Néanmoins, certains peuples tapissent la paroi intérieure de peaux de bêtes et la température intérieure peut ainsi augmenter jusqu’à 20°C supplémentaires. 

L’igloo traditionnel possède des trous de ventilation indispensables au renouvellement de l’air et il contient également une entrée qui est construite le plus bas possible pour éviter que le vent glacial ne s’engouffre dans l’abri. Sur certains igloos, on retrouve un petit tunnel ou un vestibule associé à cette entrée qui permet de se protéger du vent et d’éviter la perte de chaleur quand on ouvre la porte. 

Nous finissons cet article sur les igloos en évoquant des variantes un peu plus sophistiquées qui contiennent des plaques de glace placées entre les blocs de neige pour créer des fenêtres. Enfin, certains igloos possèdent ce que l’on appelle une « fosse à froid » qui est un tunnel sous-terrain plus bas que le sol de l’igloo. Elle renforce l’isolation car l’air froid, plus lourd que l’air chaud, s’accumule dans cette fosse à froid sans entrer dans l’espace de vie. 

Emplacement de la fosse à froid et des trous de ventilation d’un igloo

Croquis en randonnée

Réaliser cette randonnée avec Noah m’a permis d’apprécier au mieux les splendides paysages montagneux qui environnent la ville d’Arosa à un tel point qu’il fallait que j’en garde une trace dans mon carnet de croquis.

Croquis montrant l’implantation d’une partie de la ville dans la vallée, en bordure de lac. Le bâti de la ville se caractérise par des constructions majoritairement basses avec une typologie de chalets très en accord avec la situation de la ville. Ce croquis montre également l’omniprésence des pins et de l’environnement en général, environnement très respecté par les constructions et auquel on laisse la place nécessaire.
Croquis montrant la présence omniprésente des reliefs montagneux dans tous les panoramas de la ville. Les nombreux lacs prennent place sur des plateaux situés plus ou moins en altitude et, derrière les lacs et la végétation toujours présente, on entrevoit en permanence la possibilité de monter encore plus haut dans les montagnes.
Croquis du lac Schwellisee vu des hauteurs (mentionné dans l’article précédent) montrant la formation naturelle des lacs dans le creux de deux pans de montagne, créant une petite vallée suffisamment creuse pour qu’un merveilleux lac vienne s’y installer.

Il est temps pour moi d’aller profiter à nouveau de mon séjour ici, surtout qu’une découverte surprenante m’attend.

Rencontre et randonnée

Il y a quelques jours, tandis que j’étais en train de boire un café au bar de l’hôtel, j’ai pu faire la rencontre de Noah, un amateur de ski originaire de Genève et venu passer quelques jours au Tschuggen Grand Hotel. C’est un heureux plaisir d’avoir un peu de compagnie et de pouvoir échanger avec quelqu’un, d’autant plus que Noah est un amoureux incontesté de la nature Suisse et qu’il connait bien les environs. 

Après avoir échangé sur de nombreux sujets, il m’a proposé une balade dans les environs d’Arosa qui me tenait particulièrement à coeur en tant qu’étudiante en architecture. Mieux connaître l’environnement et les paysages de la ville me permettra de mieux saisir encore l’intention de Mario Botta d’inscrire le centre de bien-être dans ce paysage si majestueux. Et qui de mieux que Noah pour m’expliquer tout ce qu’il y a à savoir sur la ville, en fin connaisseur. 

Arosa est une ville traditionnelle des Grisons, située au fond de la vallée romantique du Schanfigg, situation qui la protège des vents, à environ 1800 mètres d’altitude. Cette hauteur lui confère un environnement montagneux avec des sommets grandioses qui offrent d’immenses périmètres de randonnée et de sports de neige. En effet, on compte pas moins de 140 sentiers banalisés pour les randonneurs – soit 200 kilomètres de sentiers de balade, et 225 kilomètres de pistes de ski pour les snowboarders et skieurs avec une multitude de téléphériques tels que le téléphérique moderne de l’Urdenbahn ou bien, tout simplement, celui du Tschuggen Grand Hotel.

Photographie du Tschuggen Express, téléphérique propre à l’hôtel

Le Tschuggen Express est un téléphérique interne unique en son genre. Il permet de rejoindre le domaine skiable et de randonnée de l’Arosa-Lenzerheide directement depuis l’hôtel par simple pression sur un bouton, sans avoir à faire la queue. Le trajet sur le Tschuggen Express dure moins de quatre minutes et est encore plus exclusif depuis l’été 2018: le funiculaire existant a été entièrement reconstruit et dispose désormais de deux cabines panoramiques circulaires avec compensation de niveau, d’une capacité de douze passagers par voyage. C’est ainsi l’occasion de profiter du panorama montagneux incomparable tout au long du voyage. Le Tschuggen Express couvre une distance de 528 mètres et surmonte une dénivellation de 155 mètres.

N’étant pas une adepte de ski, nous nous sommes orientés vers une randonnée et avons vite opté pour le sentier de randonnée des dix lacs, un petit circuit de 15 kilomètres qui relie les lacs de montagne aux eaux cristallines. 

Depuis la ville d’Arosa, nous avons emprunté une première partie du chemin en direction du lac Schwellisee. Le chemin monte ensuite quelque peu et, après être passés auprès d’un arolle solitaire (une variété de pin) placé sous protection de la nature, nous avons emprunté un passage légèrement exposé mais bien sécurisé par câbles d’acier. Une fois l’obstacle franchi, la récompense s’est finalement présentée sous la forme du merveilleux lac Älplisee.

Photographie du lac Schwellisee
Photographie du lac Älplisee