Il est temps de quitter les lieux. Alexis et moi avons passé la semaine à profiter du beau temps sur la terrasse de la suite 5701 que nous avions retrouvé. Peu à peu les restaurants et les musée ont ouverts à nouveaux et nous avons pu profiter pleinement de ces deux dernières semaines pour visiter la ville et profiter de ce petit air de vacances.
C’est avec la tête chargée de souvenirs que je repars pour la France. J’ai pu prendre conscience de l’importance de l’imaginaire au sein d’un projet, de la capacité qu’un imaginaire développé a à immerger le sujet percevant dans un monde tout autre, loin de son quotidien. Jean Nouvel est un modèle dans l’art de concevoir et de faire voir l’architecture autrement. Cette expérience est à jamais gravée dans ma mémoire.
Durant les 5 heures qui ont suivi, nous avons passé en revue tous les meilleurs moments que nous avons passés pendant ce voyage qui s’est avéré plus long que prévu. C’est une expérience qui m’a permis de grandir, d’évoluer et de réfléchir et de vivre l’architecture autrement.
Arrivés à Nancy, las de notre journée de trajet, nous empruntons l’ascenseur avec nos bagages. Je tourne la clé dans la serrure de mon appartement et rentre dans mon petit intérieur …
Retour net à la réalité : mon appartement me parait maintenant bien plus petit, ma plante n’a pas survécu à mon absence prolongée et mes murs et plafonds me paraissent blancs, bien trop blancs.
Aujourd’hui, j’ai laissé Alexis à Lucerne, j’ai pris le train en direction du canton des Grisons et j’ai rejoint Anna et Anna à Vals. Par chance nous avons toutes trois été confinées dans ce merveilleux Pays qu’est la Suisse et Anna nous a très gentiment invitées pour une journée entre filles à la découverte de l’hôtel 7132 dans lequel elle séjourne et de ses environs.
Si vous voulez en apprendre un peu plus sur cette visite, je vous laisserai aller jeter un œil sur le post réalisé par Anna sur son blog : « Présentation de l’hôtel à Anna et Jade »
Ce post est en quelque sorte une opportunité pour moi de vous parler d’un sujet qui prendre une grande place au sein de mon mémoire : l’architecture émotionnelle.
Peter Zumthor, architecte suisse né à Bâle en 1943, est très reconnu dans le monde architectural pour ses productions. C’est un créateur atypique, qui porte une attention particulière aux paysages naturels et aux traditions constructives locales. Il s’inscrit à rebours de la création architecturale dominante, animé par le désir de créer « des atmosphères » et « des lieux ».
Ce qui m’a marqué autant dans les termes de Vals que dans la chapelle St benoît, c’est que Zumthor s’attache à façonner une architecture singulière qui allie espaces, savoir-faire et contenu émotionnel. Effectivement, Peter Zumthor est un architecte qui s’intéresse de manière approfondie aux étroites relations existantes entre beauté de l’architecture et les émotions. Pour lui, la beauté est une sensation qui peut être vécue à des instants particuliers et dans des circonstances précises. Quels sont les éléments qui déclenchent en nous cette sensation de beau, de bien-être, et qui nous font vivre des émotions ?
Pour cet architecte, la réponse se trouve dans l’atmosphère du lieu, que l’on pourrait décrire comme une ambiance que nous saisissons de manière inconsciente lorsque l’on pénètre dans un lieu. Elle vient chercher ce qui est enfoui au plus profond de nous, comme un souvenir, et bouleverse notre sensibilité émotionnelle. Cette expérience produit une sensation éphémère, qui conduit à des réactions inconscientes et révèle des émotions directement liées à l’espace que nous pratiquons, dans lequel nous évoluons.
Selon Zumthor, des moyens précis peuvent mener un utilisateur à vivre l’expérience de la beauté d’un lieu. Son processus de création vise à s’attarder sur neuf qualités atmosphériques qui sont, selon lui, essentielles à une architecture émouvante : le corps de l’architecture, l’harmonie des matériaux, le son de l’espace, la température de l’espace, les objets qui entourent la personne, l’alternance entre sérénité et séduction, la tension entre intérieur et extérieur, les paliers d’intimité et la lumière sur les choses.
Ce matin, nous avons de nouveau changé de chambre. Cela commence à faire un moment que nous sommes bloqués en Suisse. La France n’ayant toujours pas rouvert ses frontières, nous sommes tenus de résider ici pour le moment, mais je ne me lasse pas de cet hôtel. Chaque chambre est un lieu d’évasion, de voyage. Nous avions le choix parmi plusieurs chambres, mais nous voulions de nouveau explorer une nouvelle composition de chambre.
La chambre est cette fois beaucoup plus étroite, le lit se situe au fond de cet espace longitudinal et prend place sous un plafond illustré par une scène de film encore une fois très sensuelle qui illumine le plafond comme une fresque de la modernité. Les couleurs sont froides et rompent avec le plafond coloré de tons chauds. La chose qui change le plus ici est la petite fenêtre qui donne sur le parc qui génère une ambiance complètement différente de celle que nous avions dans la précédente suite avec les baies donnant sur la terrasse. Une ambiance plus intimiste appuyée par un patio orné de bambou, tenant lieu de petit refuge en plein air, à l’abri des regards.
The sheltering sky ( un thé au Sahara) est un film dramatique italo-britannique, réalisé par Bernardo Bertolucci, sorti en 1990. Il est inspiré du roman éponyme américain de Paul Bowles, paru en 1949. L’histoire nous amène à suivre l’aventure de trois riches artistes américains, Port et Kit Moresby et leur ami George Tunner qui débarquent dans un port du Nord de l’Afrique avec l’intention de traverser le Sahara. Port est un compositeur désenchanté ; Kit, elle, est une auteure dramatique, plus optimiste mais aussi plus fragile. Leur couple traverse une crise douloureuse. Ils pensent que l’aventure représentée par le Sahara peut leur apporter l’oxygène qui leur manque. La scène que je vois au plafond m’intrigue : pourquoi celle-ci et pas une autre : Kit est allongée sur le dos, un drap ne couvrant que la partie basse de son corps et la poitrine nue, un homme la regarde. Les couleurs de cette scène me plongent tout droit dans une ambiance orientale, des tons chauds, jaunes, ocres, avec une lumière incroyable caressant et révélant les corps rendent cette scène incontestablement sensuelle.
« Le film le plus sensuel qu’il m’a été donné de voir. Pour les Occidentaux, c’est la forêt qui est le lieu mystique par excellence , alors que pour les Orientaux, c’est le désert.
Les deux personnages principaux, Port et Kit Moresby, font preuve d’un nihilisme évident. Leur voyage est un voyage à travers l’espace, mais en même temps à travers l’abîme de leur psychologie. Ils prétendent venir en Afrique pour ressourcer leur couple, mais on comprend vite que ce n’est pas la raison première ; ils répondent en fait à un appel transcendantal irrépressible. Dès qu’ils descendent du bateau, leurs destins ne leur appartiennent plus, ils se fondent dans quelque chose de plus grand qu’eux. Ce voyage initiatique ne leur apprend pas à mieux se connaître, puisqu’il montre au contraire que l’individu s’efface aux confluents des grands espaces.
Le sexe, dans le film, suit le même schéma que décrit ci-dessus. Les règles formelles attachées au mariage sont dissoutes et diluées une fois qu’ils foulent le désert. Et ils se donnent à l’un et à l’autre uniquement parce qu’ils sont proches l’un de l’autre. La proximité sentimentale n’existe pas, seule la proximité physique compte. C’est la géographie qui dès lors dessine les contours du désir. «
« L’architecture est un art utile et social, qui doit défier le temps »
Reconnu mondialement, Jean Nouvel est un architecte qui a marqué l’histoire de l’art, en réalisant des œuvres majeures dans le domaine de l’architecture. Au micro d’Arnaud Laporte, il explique en quoi l’architecture est un combat, un art fondamental, politique et social.
L’architecture comme lien social
Jean Nouvel : « Beaucoup d’architectes se revendiquent artistes dans les années 1970, on m’a demandé (à l’époque) d’exposer dans une galerie près de la Bastille et j’ai exposé une attestation sur l’honneur comme quoi je n’étais pas un artiste. Ma conviction est plus complexe que ça. Je pense qu’un architecte ne peut pas s’abriter derrière sa condition d’artiste pour faire ce qu’il a envie de faire. L’architecture est un art utile. Elle doit avoir un rôle social. Et on doit investir de l’argent au bon endroit et faire en sorte que ça résiste et défie le temps, tout ça est de notre responsabilité. L’architecture est un art, c’est sûr mais c’est aux autres de déterminer qui est artiste. (…) Il faut absolument que ce rôle sociétal s’applique au développement urbain, à tous les quartiers, à toutes les décisions qui impliquent la ville. «
« Mars 1976 », un mouvement fondateur pour l’architecture
Co-fondateur du mouvement « Mars 1976 », Jean Nouvel a participé à ce mouvement charnière qui avait pour objet, notamment, de lutter contre le corporatisme des architectes.
Jean Nouvel : « C’était l’époque des concours en architecture, qui semblent une évidence aujourd’hui mais à l’époque il n’y en avait pratiquement pas. Ils avaient été institués, et les jeunes architectes accédaient pour la première fois à la commande par les concours. Et les lauréats de ces concours ont décidé, sous l’impulsion de quelques uns dont j’étais, de prendre la parole et de s’insurger contre la façon dont les villes étaient modifiées en France par l’urbanisme. Car le même plan d’urbanisme, à travers les plans d’occupation des sols, était appliqué à toutes les villes françaises, qui avaient toute le même « zoning » hallucinant. Il y avait pas de réflexion liée au site, liée à la situation. On a donc fait un papier dans « Le Monde » qui a fait beaucoup de bruit à l’époque, et « mars 76″ a été à l’origine de beaucoup de choses, en particulier de la création du Syndicat de l’architecture, qui avait comme ambition de défendre l’architecture d’abord, pour mieux défendre les architectes ensuite. »
Architecture et urbanisme, meilleurs ennemis
Pour Jean Nouvel, l’architecture est une question politique fondamentale, un combat pour l’avenir, notamment face au déploiement homogène de l’urbanisme…
Jean Nouvel : « Par rapport à la façon dont les villes se développent tout autour de la planète et en France aussi, il y a une sorte d’abandon des décisions sur la localisation des développements, on prend des terrains libres et on les développe à l’infini. Il faut absolument arrêter le territoire des villes. Il faut qu’autour des villes, il y ait un chemin de ronde, que d’un côté on cultive des légumes et fruits, et qu’il y ait toute une agriculture liée à ça. On va créer un renversement, et la périmétrie va devenir une ligne nette, elle va devenir une ligne qui va prendre de la valeur, et on va pouvoir travailler et construire en relation avec ce qui est là. Si un Président de la République prenait une de ces décisions, je crois qu’il aurait fait un bon travail dans le domaine de l’urbain qui n’a encore jamais été fait sur cette planète. »
Suite à l’annonce d’un adoucissement des restriction sanitaires en suisse, les lieux publics sont de nouveau ouverts. Hier, je me suis précipitée sur mon carnet de voyage pour piocher au hasard une des destinations architecturales que j’avais notée dessus : Berne !
Par chance, Berne n’est qu’à une heure de train de Lucerne : nous prenons les billets au guichet de la gare et montons à bord du train qui nous emmènera visiter une des œuvre de l’architecte Renzo Piano : le Centre Paul Klee.
Mettant en scène plus de 4.000 œuvres d’art de Paul Klee sous un seul toit, le Zentrum est situé dans la campagne bernoise, une zone marquée sur un côté par la courbe d’une autoroute et de l’autre par le profil éloigné des Alpes. Une des sources d’inspiration pour la conception du projet a été la morphologie de la région, son panorama de collines et de champs ondulants.
L’architecture du Zentrum a été conçue comme une vague douce surgissant de la terre. C’est à peine visible d’une certaine distance, la courbure de la structure créant trois vagues artificielles. Parcourant ce lieu, il est très perceptible de ressentir le désir de l’architecte Renzo Piano de faire du centre un jeu changeant de rencontres, de repos et de plaisir. Faisant écho aux innombrables activités de Paul Klee en tant que peintre, musicien, enseignant, écrivain et philosophe, le Zentrum Paul Klee a pour vocation de présenter l’artiste dans toute sa richesse.
Chaque colline a sa tâche particulière. Celle du nord est dédiée à la médiation pratique de l’art, à la musique, aux conférences et aux ateliers, celle du milieu accueille la présentation de la collection et les expositions temporaires, tandis que la colline du sud est consacrée à la recherche et à l’administration. Si les thèmes artistiques suggérés par le musée reflètent le talent pluridisciplinaire du Suisse allemand Klee, un artiste-peintre et un professeur très lié à la musique et la poésie, le design (la conception) du bâtiment et sa spatialité traduisent sa passion pour l’harmonie des formes et les manifestations de la nature.
Les trois ‘vagues’ successives sont connectées par un sentier couvert qui fonctionne sur toute la longueur de la façade occidentale. La courbure géométrique complexe de la structure et de la toiture, visible depuis l’intérieur, génère une spécialité et des ambiances inédites. La façade d’acier et de verre à l’ouest est équipée de dispositifs de filtration de la lumière en textile, partiellement motorisés, afin de contrôler précisément la lumière naturelle à l’intérieur.
D’un point de vue topographique, le projet du Zentrum est une métaphore de l’esprit du lieu. Alexis et moi avons trouvé que l’ensemble du site forme un espace silencieux et paisible. Une tranquillité qui n’est pas juste ici acoustique, mais visuelle et spatiale également qui, lorsqu’on la pratique, nous guide à la découverte de la vie et de l’œuvre d’un des plus importants artistes visuels du modernisme classique du XXe siècle.
Aujourd’hui je vous propose de vous partager une interview de découvrir plus en profondeur l’architecte de ce lieu dans lequel je vie depuis maintenant 8 semaines.
Jean Nouvel est né à Fumel (France) en 1945.
Après des études à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, il est admis premier au concours d’entrée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1966 et obtient son diplôme en 1971. D’abord assistant de l’architecte Claude Parent, inspiré par l’urbaniste et essayiste Paul Virilio, il ouvre sa première agence en 1970. Peu après, il est cofondateur du mouvement « Mars 1976 » qui a pour objet de lutter contre le corporatisme des architectes, puis du Syndicat de l’architecture.
Ses prises de position engagées sur l’insertion de l’architecture dans le contexte urbain et l’originalité sans cesse renouvelée de ses projets dans le monde entier ont contribué à forger son image internationale. Son approche, qui se défie des considérations de style, est seulement guidée par le moment, le site, son histoire et son environnement. Parmi ses principales réalisations, on retrouve:
l’Institut du monde arabe,
la Fondation Cartier pour l’art contemporain,
le musée du quai Branly – Jacques Chirac à Paris,
Le Musée National Centre d’Art Reina Sofía à Madrid (Espagne),
Ou dernièrement, le Louvre Abu Dhabi aux Émirats arabes unis
Et le Musée national du Qatar à Doha (Qatar).
La reconnaissance de son travail s’est traduite par de nombreux prix en France comme à l’étranger. L’Institut du monde arabe lui vaut en 1989 le Prix Aga Khan en raison « de son rôle de passerelle réussie entre les cultures française et arabes ». Il obtient en 2000 le Lion d’Or de la Biennale de Venise. En 2001, il reçoit trois des plus hautes distinctions internationales : la Royal Gold Medal du Royal Institute of British Architects (RIBA), le Praemium Imperiale de l’Association japonaise des Beaux-Arts et le prix Borromini pour le Centre de Culture et des Congrès de Lucerne. Il est nommé Docteur Honoris Causa du Royal College of Art de Londres en 2002. Trois ans plus tard, il reçoit en Israël le prix annuel de la Fondation Wolf pour « sa conception d’un nouveau modèle de contextualité et la redéfinition de la dialectique entre deux caractéristiques de l’architecture contemporaine : le concret et l’éphémère ». L’année suivante, pour la Tour Agbar de Barcelone, il reçoit à Francfort l’International Highrise Award en raison de « sa contribution exceptionnelle dans le débat sur la grande hauteur ». En 2008, il reçoit le prestigieux Pritzker Prize. En France, il a été distingué par de nombreuses récompenses dont la médaille d’or de l’Académie française d’architecture, deux Équerres d’argent et le Grand prix national de France pour l’architecture.
Hier, nous avons fait une excursion. C’est Alexis qui en a eu l’idée. Selon lui, nous ne pouvions pas faire ce petit voyage sans profiter du relief singulier de cette région montagneuse qui offre des vues paysagères incroyables.
Le mont Rigi est un des sommets suisse culminant à 1 797 m d’altitude et un but d’excursion très prisé. Le voyage a commencé par une croisière en bateau sur le Lac des quatre cantons jusqu’à Vitznau. De là, nous avons ensuite pris un train à crémaillère sur le premier chemin de fer de montagne d’Europe pour arriver au sommet du Rigi Kulm, aussi connu comme la « Reine des montagnes ». Nous avons pu profiter des vues panoramiques qu’offre ce point de vue sur le lac des quatre cantons et nous avons même aperçu Lucerne. C’est fou comme le monde et la ville parait si minuscule vu d’ici.
Une heure environ après avoir profité de ce cadre fantastique, j’ai été surprise quand Alexis m’a dit que ce n’était pas le dernier arrêt de cette excursion. Je m’attendais à redescendre vers la ville, mais nous sommes allés prendre un téléphérique pour continuer notre périple.
C’est avec surprise que nous sommes arrivés devant le Rigi Kaltbad Mineral Baths & Spa conçu par le célèbre architecte Mario Botta. Je n’avais jamais pu voir une de ses réalisations avant ou même en pratiquer une. Cette surprise, orchestrée par Alexis, m’a grandement touchée. Il s’est d’abord souvenu de ma passion pour les termes et a également pris le temps de trouver un endroit mêlant détente et architecture.
Les puits de lumière en verre rappelant les cristaux de roche créent un effet d’éclairage mystique à l’intérieur du spa. Dans la salle de bain principale, la vaste façade vitrée offre une vue imprenable sur le magnifique paysage de montagne et un mur de pierre de 30 mètres de long avec de grandes alcôves mène à la piscine extérieure. Depuis le bain de cette dernière, la vue est imprenable : nous y sommes restés toute la fin de journée pour nous prélasser en plein air dans l’eau minérale chaude de la source de guérison Drei-Schwestern-Brunnen, face à une mer de nuages et aux montagnes qui les perçaient.
Hier soir, nous avons changé de chambre. La Penthouse junior Suite se trouve en attique, soit au sixième niveau, et propose une vue imprenable sur les toits de la ville. La vue panoramique qu’offre la terrasse prend des airs de la scène mythique du film Titanic lorsque l’on s’approche du bord et que l’on règne sur les toits de Lucerne.
Nous avons décidé de consacré cette soirée à la découverte du nouvel imaginaire que nous venons d’assimiler, nous avons commandé un Room-service. Le cocktail commandé au Lounge Bar que nous avons pris face au coucher de soleil fut très agréable. Nous avons ensuite diné dans la chambre.
Les liaisons dangereuses. L’univers dans lequel nous sommes maintenant plongés dans notre nouvelle chambre est beaucoup moins sombre que dans la dernière. Les murs et plafonds sont d’une couleur crème et le sol est couvert d’un parquet chaud. Cette fois-ci, ce n’est pas le plafond qui est illuminé d’une composition scénographie, c’est le mur qui se trouve en tête de lit. Nous sommes plongés au cœur d’un moment poétique et sensuel unique. La nuit tombée, le mur rétroéclairé s’illumine d’une illustration aux tons chauds : deux personnages nus dans les bras l’un de l’autre, sous une couverture, à la chaleur d’un feu de cheminée s’enlacent. Nous avons fini par regarder le film afin de nous plonger pleinement dans l’ambiance de la chambre : plus que spectateur de ce film, nous en sommes des acteurs, l’univers de ce film retranscrit dans ce lieu luxueux est une pure invitation à nous mettre en scène comme les rôles principaux du film de notre vie.
« Éblouissante adaptation du célèbre roman de Choderlos de Laclos. Découvrez l’aristocratie oisive et fallacieuse du XVIIIe siècle autour d’intrigues sexuelles. « Les liaisons dangereuses », sous sa montagne de grâce et d’élégance, proposent une vision considérablement pessimiste et vaniteuse de l’être humain au travers de sa capacité à manipuler, trahir et culpabiliser. La luxueuse vie de château devient le théâtre de jeux d’amour finissant par la mort. L’Atmosphère qui se veut décadente et somptueuse, ainsi que le scénario richissime servent d’écrin à ce drame.
Glenn Close propose une marquise de Merteuil redoutable, qui passe son temps à conspirer avec l’abject vicomte de Valmont extrêmement élusif, interprété par John Malkovitch. Les plans de ce dernier sont contrariés lorsqu’il tombe réellement amoureux de la prude Madame de Tourvel, dont Michelle Pfeiffer nous soumet une version déchirante.
La virtuosité des mots, la maîtrise des convenances ne peuvent masquer des âmes sombres et torturées. Une oeuvre-maîtresse. »
L’article que je vous propose aujourd’hui est nettement différent de ce que vous avez pu lire jusque ici. J’aimerais vous parler de cet édifice marquant qu’est le KKL. Mettons alors quelques instants ma vie dans la ville de Lucerne de coter et penchons nous sur l’histoire de ce Kultur- und Kongresszentrum Luzerne.
« Si je ne peux pas aller à l’eau, l’eau doit venir à moi »
Le KKL, construit entre 1993 et 2000 est un bâtiment qui prend place dans la ville de Lucerne au bord du lac des quatre Cantons. Imaginé et construit par Jean Nouvel, ce centre des congrès a été imaginé autour du « principe d’inclusion », où l’élément majeur est constitué par le lac lui-même. L’édifice est composé d’une épine dorsale située loin du lac à laquelle viennent se raccrocher les éléments principaux (les deux salles de concerts et la salle de conférence).
Initialement, le projet de Jean Nouvel était de construire un bâtiment s’avançant sur le lac, cette volonté ayant été rejetée, c’est alors le lac qui viendra s’avancer à la rencontre du bâtiment. En rez-de-chaussée, un véritable « jardin aquatique » se développe : des lignes d’eau traversables par des passerelles, viennent séquencer le sol, séparant ainsi les différents espaces composant le KKL. L’eau est canalisée dans les trois parties du bâtiment sur le même plan que la Plaza Europa.
« Décloisonner les frontières de l’art »
En façade, un élément singulier se développer au milieu, face à la petite salle de concert et à une partie du musée : c’est une feuille monolithique de béton poli gris sombre, au-dessus d’une entrée vitrée. Les différents percements présents également en façade tiennent lieu de cadrage spécifique et s’apparentent même à des cartes postales, appuyant d’avantage ce lien d’inclusion ou l’extérieur jailli vers l’intérieur et où les limites de chacun sont floues.
Dans l’architecture du KKL converge la philosophie du projet : sous un seul toit ont lieu les manifestations les plus diverses, dans une volonté de décloisonnement des frontières artistiques. Ces événements englobent les domaines de la culture, des congrès et de la gastronomie.
Le KKL (Centre de Culture et de Congrès) comprend une salle symphonique de 1 900 places, une salle polyvalente de 900 places, une salle de congrès de 300 places, un musée de 2 500 m², une salle de commissions, trois restaurants, cafétéria, loges, locaux administratifs et de services. Ces éléments du programme sont unis par un immense toit de cuivre incliné, qui se projette, sans appuis, à vingt mètres.
En attique, le toit reflète, surtout la nuit, les alentours, maintenant ainsi un lien entre édifice et site caractéristique. Depuis le bar et le restaurant, immédiatement sous le toit, s’ouvre un panorama complet de la ville et du lac, défini, et raffiné, par cette ligne de toit en porte-à-faux : le KKL devient un belvédère d’où le lac, la ville et ses environs peuvent être contemplés.
Durant ces trois jours, Alexis et moi avons pris le temps de visiter un peu la ville dans la limite du temps par jours que nous accorde le confinement. J’ai pu lui montrer les quelques lieux incontournables de la ville. Mercredi, nous sommes allés voir le Kapellbrücke et le Spreuerbrücke qui sont des ponts piétonniers en bois emblématiques de la ville. Jeudi, nous nous sommes promenés le long des anciennes fortifications de la ville. Nous avons pu voir toutes les tours caractéristiques de ces remparts.
Hier, nous nous sommes éloignés un peu plus de notre hôtel. Nous avons d’ailleurs bravé quelque peu le temps de sortie autorisé. Alexis a fortement insisté pour aller voir le Panorama Bourbaki, qui est une peinture cylindrique de 10 mètres de haut sur 35,6 mètres de diamètre. Contrairement à ce que je lui avais soutenu, à ma grande surprise, le musée qui accueille cette incroyable œuvre d’art n’était pas fermé et nous avons pu y accéder. Juste après cela, nous sommes allés jusqu’au petit jardin en cœur de ville qui renferme la fameuse sculpture de Lion taillée dans la roche. J’ai trouvé l’endroit apaisant et serein, immergés dans un calme imparable nous avons pu observer ce monument mesure 10 mètres de longueur et 6 mètres de hauteur assis sur un banc. Une vieille dame, assise sur le banc d’à côté nous a expliqué qu’il a été sculpté en 1821 par Lukas Ahorn. C’est une sculpture qui commémore les soldats suisses morts en 1792 au service du roi de France, Louis XVI, lorsque les révolutionnaires prirent d’assaut le palais des Tuileries à Paris.
Aujourd’hui, j’ai voulu terminer cette semaine de visite avec un endroit assez spécial. Non loin de l’hôtel : la gare. L’édifice dans lequel nous sommes arrivés ne doit pas faire exception à ma curiosité architecturale. Dessinée par Santiago Calatrava Valls, elle a été mise en service en 1991 et présente une architecture très lumineuse avec notamment cette grande galerie vitrée qui compose la façade avant et qui accueille en étage supérieur des commerces et restaurants. Dans le premier poste, je vous avais parlé de l’arche qui trône sur le parvis de cet endroit : c’est en fait la structure de la porte principale de l’ancienne gare de 1896. Il est 17 h 30. J’attrape la main d’Alexis et l’emmène de l’autre côté du parvis, au bord du Lac. Nous marchons au bord de celui-ci et arrivons quelques minutes plus tard sous le toit du fameux KKL, le Palais de la culture et des congrès de Lucerne réalisé sous les plans de l’architecte Jean Nouvel.