Le Départ

Cela fait plusieurs mois que je suis maintenant à la Villa Extramuros, et il est temps pour moi de revenir en France, les bars réouvrent et c’est une bonne occasion.

La villa est devenue mon chez-moi en ces temps de confinement et j’ai du mal à partir. J.Christophe et François sont des hôtes très à l’écoute et ils partagent leurs savoir sur leur nouvelle région, ils sont plus autochtone que les autochtones eux même, c’est leur pays de coeur, l’Alentejo coule dans leur veines. Ca à commencé aussi à couler dans les miennes, mais le travail m’appelle à l’ensan.
Je suis déjà sur le chemin lorsque je me retourne pour respirer profondément. La villa ne me dit pas au revoir, elle reste massive dans son paysage, calme, pure et humble au milieu des oliviers et des cyprès qui affirment la verticalité dans se paysage horizontal. Je ne l’avais pas vue sous cet angle, elle semble presque vide laissant passer des morceaux de ciel bleu et fuyant vers la colline. Je remarque des nouveaux arrivants sur la terrasse de la grande chambre qui accueillent le paysage comme je l’ai fait il y a quelques mois

La villa, bienveillante, s’occupera d’eux comme il se doit

Retour à la villa

Me voici de retour à la villa Extramuros pour une dernière semaine sur place. En longeant la fine dalle qui mène à l’entrée, j’ai l’impression de revenir chez moi. Mes voyages à Porto et Lisbonne m’ont apporté beaucoup d’imaginaire et d’ambiances. Je touche le liège du mur d’entrée, il donne un effet de mou et est encore froid de la nuit. Je m’assied quelques instants à la table exterieure en regardant d’ou je viens, la villa m’enveloppe avec son porte-à-faux mais pourtant je suis toujours à l’exterieur.

Je suis fatigué, je vais me coucher dans les tulipes en prenant soin de ne pas les écraser. Juste à la limite de la villa, je peux voir le mur blanc qui me guide vers le ciel et l’ombre des oliviers qui se balance sur ce blanc immaculé.

cette impression d’être toujours dehors alors qu’on est à l’interieur m’intrigue encore une fois. Je trouve le rez de chaussée plus interessant que les chambres en elles-mêmes qui provoquent une surprise moins émouvante et plus de rationalité.

Le patio

Le patio est un élément architectural interessant qui permet une multitude de combinaisons d’espaces et d’inter-relations. Il permet de se couper du monde, de recentrer l’architecture vers son coeur et non vers la ville. De la maison Gaspar d’Alberto campo baeza aux pseudo patio de la maison Moriyama de Sanaa, tant de variables du patio qui servent à relier les espaces, à les mettre à distance, à les éclairer d’une manière particulière, à créer une complexité entre interieur et exterieur pour rendre l’architecture plus sensible.

Casa Gaspar
Moriyama House

album photo

Voici un petit album photo de Porto et Lisbonne, d’édifices et d’ambiances de ces villes.

Quartier Ribeira, Porto, Ville musée
Unités d’habitations de luxe Rua Boa Vista, Souto de Moura
Fondation Serralves, entrée, A. SIza
Comboios
Couché de soleil sur les jardins de Porto
Pavillon du portugal, A, Siza
Parques des Naçoes, féérie réelle, entre art, architecture et dispositifs urbain
Pont du 25 abril, Alcantara, rapport à la ville et superstructure
croquis de paysage, Alcantara

l’école de Porto

Cette semaine je suis remonté sur porto pour voir la ville et mes amis en erasmus à la FAUP ( faculté d’architecture et d’urbanisme de Porto ). J’ai donc eu la chance de voir cette école que j’ai beaucoup appréciée dans le traitement du site, du paysage et de l’imbrication de la pente avec les bâtiments. Voici quelques photos.

Cour interieur qui relie les bâtiments
Bloc de projet pour les Master 1, 1er des 4 plots
Vue depuis la route qui fait fasse au Douro
Petit pavillon sur les hauteurs de l’école

J’ai vraiment apprécié ce petit pavillon de siza avec le traitement des baies dans cette couleur dorée, la pureté des lignes, la féerie de l’espace et de la lumière à travers les branches d’arbres

A bientôt de retour dans la villa Extramuros

Bientôt l’été, adieu les cons

Le Portugal rouvre ces bars, fini la quatorzaine, certains touristes ont réussi à passer les frontières pour profiter du Portugal et de nouvelles personnes arrivent à la Villa Extramuros.J’ai rencontré un couple d’architectes/Artistes qui ont pris la suite et arrivent directement de Lyon.

Ils me donnent des nouvelles de l’air maussade des Français qui ne voient pas le bout de ces couvres-feu-confinements et ont un grand sourire depuis qu’ils sont arrivés. Ils connaissent déjà François et Jean-Christophe pour être déjà venu plusieurs fois.
Louise, la jeune architecte, m’explique son amour pour l’architecture portugaise suite à son Erasmus à Porto durant ces études.
Nous discutons longuement de la Gare d’Oriente, de l’exposition universelle de 1998 de Calatrava. Sa forme de libellule nous interpelle, est-ce une forme de biomimétisme bien qu’aucune fonction de la libellule ne permet de pallier un souci technique de la gare, est-ce esthétique ? Nous nous accordons tout de même sur la qualité de cet édifice et sa beauté, sa complexité dans le lien des niveaux en infrastructure ou superstructure en rapport avec son la ville, son environnement proche et sa couverture légère.

J’ai appris aujourd’hui par J.Christophe, que la forme de la villa avec son patio était en fait inspirée par les anciens manoir de l’Alentejos. Vora Architectes ont tenté d’allier cette forme particulière avec l’aspect contemporain et abstrait que donne à voir la Villa Extramuros.

Maison de l’Alentejo à Lisbonne
Affiche du film Adieu les cons d’ Albert DUPONTEL

Le soir nous nous retrouvons dans le living-room situé à l’entrée de la villa, nous installons les fat boys du patio pour projeter un film, ce soir nous avons regardé Adieu les cons, le dernier film d’Albert Dupontel qui résonne avec notre actualité morne et lobotomisante de notre société. Cette nouvelle pépite d’Albert Dupontel merveilleusement filmée offre un clin d’œil aux films de Genet, mais aussi nous plonge dans ce soupçon de haine que Dupontel, acteur et réalisateur iconoclaste et subversif, voue au système policier et juridique de notre société française.

« Si je pouvais le rencontrer me dis-je rêveur. »

Nous avons ouvert quelques bières et sommes allés nous asseoir au bord de la piscine. Même si les jours ne sont pas tous très beaux, on peut sentir l’arrivée de l’été à grand pas, et cela me rassure. La fine Bise qui souffle à 23 h, me redonne du courage et ces nouveaux arrivants ont l’air plein d’entrains.
J’ai décidé de revenir dormir à la villa et abandonne mon cabanon pour une chambre moyenne qui me va très bien, il s’agit de la chambre de l’angle sud/ouest qui fait face à la colline, elle est accessible directement en haut de l’escalier du patio.

Entrée de la villa et living room 1

Le Liège en Bardage

Je voudrais vous parler de quelque chose d’intéressant qui m’a intrigué depuis mon premier jour à la villa Extramuros, mais sur lequel je ne me suis pas encore questionné.

Je voudrais vous parler de quelque chose d’intéressant qui m’a intrigué depuis mon premier jour à la villa Extramuros, mais sur lequel je ne me suis pas encore questionné. Je trouve ce choix très étonnant et disruptif, déjà en terme esthétique, le contraste entre les joints et la variabilité de la couleur du liège, mis en confrontation avec l’unité de la peinture blanche. Cela permet de la profondeur et une certaine humanité de la construction, véracité du matériau.

L’un des deux Cabanon, Le liège en bardage et ses multiples teintes

L’idée d’avoir choisi le liège comme bardage en contraste du béton peint, et de l’avoir volontairement laissé apparent, tout comme les joints entre chaque panneau de Liège.

Enfin, cela permet une économie de moyen en l’utilisant comme bardage et une capacité thermique intéressante, dans le cas de la Villa pour éviter une surchauffe des pièces.

On voit très bien comment Vora Architectes ont allié la localité avec les matériaux internationaux pour créer du projet contextualisé.

Evora Evora, Merveilles…

J’ai bravé le confinement et me rend à Evora en comboios, il n’y a que quelques arrêts et le trajet et court. Un vieux monsieur français dans le train raconte qu’il est habitué des mauvaises nouvelles et commence à parler covid avec un jeune qui enlève par respect son casque de musique mais ne semble pas très interessé par la discussion.

Type A, maisons en bande de Quinta da Malagueira

Me voici à Evora, charmante petite ville des terres du sud, le soleil est présent mais il ne fait pas trop chaud. Direction le temple romain où ce qu’il en reste. Ces colonnes d’ordre corinthiens et son entablement qui feint de s’écrouler à tout moment me rappel la fragilité du passé préservé et sa robustesse à se tenir toujours parmi les autres édifices.

J’ai mangé sur la place du village et me suis balader le reste de la journée. La journée étant passée à une vitesse effrénée, je décide de rester pour expérimenter le coach surfing, qui consiste à dormir chez l’habitant gratuitement et même parfois avoir quelques conseils pour les visites du lendemain. Je sais déjà que l’une de mes principales activités de demain sera de me perdre dans le quartier Quinta da Malagueira d’Alvaro zisa.

La nuit à été très bonne chez Rodriguez, un habitant du coin. Je le remercie et prend congé, direction l’Ouest d’Evora. Le chemin m’est indiqué par l’aqueduc pensé par Siza et j’arrive bientôt dans ce quartier aussi étrange que vivant. Autant le plan urbain semble d’une rigueur et d’un froid comparable aux ilot du plan de Cerda à Barcelone, autant vue du sol, la vie des longues rues et des maisons en bande à créer de la diversité grâce à ses habitants.
Je me perds à deviner les patios et cours de ces petites maisons, à toucher le crépi des murs blanc, caractéristiques du Portugal.

Etude des types et leurs variations

De vieilles dames étendent le linge, des hommes autour de voitures, discutent réparation la clope au bec.
Je ressens l’âme du Portugal en ce moment précis, l’architecture au service de ces habitants, simple, base d’un imaginaire fleurissant.
Des étoiles dans les yeux, me voilà vers le chemin du retour, je vais prendre une nuit dans l’un des bungalow de la villa, à 200 mètres de celle-ci. Cela ne devrait pas gêner François car plus personne ne séjourne à la villa en ce moment.

Un regard plus conventionnel

Rez-de-Chaussée C°VORA Architectes ( 1 – Entrée 2 – Réception 3- Salon Bibliothèque 4-Salle à manger 5- Cuisine 6- Salle Fitness

Ce qui est intéressant quand je regarde ces plans, c’est la manière dont une forme basique, le cube, peut être travaillé par évidement et donner cette qualité, cette transparence et traversabilité du bâtiment.
On remarque aussi que les grandes ouvertures ne sont pas au sud mais au nord comme pour ma chambre ( n°9 ) pour se protéger du soleil.
Les extrusions du cube au rez-de-chaussée permettent des vues et situations agréable, tel que dans le salon.

Vues depuis le salon et la bibliothèque : effet du creusement du cube C° Villa Extramuros

Francesinha, Quesaco ?

Jeudi :

Je me suis levé de bonne humeur, léger mal de tête en arrière-plan sûrement à cause du soleil de la veille.

Comme tous les jours mon petit déj m’attend. J’ai décidé de faire un relevé minimaliste des façades de la villa extramuros, qui ont chacune une petite variation très intéressante.

Je vous les montre ce soir.
Ah oui, aussi, François m’a très gentiment donné un plan d’Evora, je pense que je vais prévoir la mission siza pour dans quelques jours.
Je viens d’aller donner à manger aux moutons de l’Alentejo qui paissent devant la villa et me voilà parti, le moleskine dans la poche et mes membres comme unité de mesure.


Samedi :

Façades de la villa

Malheureusement, le confinement est trop important maintenant et me voilà coincé à la villa extramuros sans possibilité de me rendre à Evora. Il ne fait pas beau aujourd’hui et je dessine une perspective depuis la piscine qui magnifie la villa extramuros et sa vue de ¾.

Je m’ennuie un peu, il y a très peu de choses à faire, tout le monde a décidé de rentrer de vacances.

Lundi :

C’est mon anniversaire ! Au menu une petite Francesinha, concoctée par jean Christophe. C’est un plat portugais qui ne donne franchement pas très envie, mais il n’est jamais trop tard pour essayer.

Nous mangeons dans le salon face à la piscine devant la grande baie vitrée.

Je me suis assis sur l’un des fauteuils signés Philippe Starck de chez Driad, « cafe costes chair » qui est très beau et minimaliste. Le soin est porté sur le mobilier selon les ambiances. Le petit coin bibliothèque marche très bien avec ces chaises driad.
Cet endroit est assez merveilleux en terme d’émotions architecturales. En face, la cheminée noire et sa tête de taureau accrochée, à gauche une grande baie verticale qui donne sur le patio et plus loin la cuisine et l’escalier et à droite la grande baie horizontale qui nous projette vers le grand paysage. Je prends un livre sur la table basse, le retourne dans tous les sens, regarde la tranche puis le repose. Je vais jeter un coup d’œil à la bibliothèque, peut-être trouverai-je mon bonheur.