Arrivée sur un site onirique

Dans le train allant de la gare centrale de Boden à Harads, je discute avec l’homme assis à mes côtés. C’est un habitant local qui rentre chez lui après une semaine de vacances. Il devine tout de suite que je viens pour séjourner au Treehotel ; Harads est connu pour cet édifice atypique. Il m’explique que notre destination est un tout petit village suédois avec moins de 600 habitants. C’est le lieu idéal pour moi, il m’aidera à m’évader quelques temps de la ville où tout va bien trop vite.

Nous arrivons à 17 heures alors qu’il fait déjà nuit. Après avoir dit au revoir à mon compagnon de voyage, je marche seule vers la forêt boréale où se trouve le Treehotel, l’un des poumons de la Terre. Arrivant sur site, je ne parviens pas à le trouver tout de suite, alors j’erre un moment entre les végétaux de la forêt. A force de marcher en admirant tous ces arbres fins et longs, je me perds, peut-être un peu volontairement d’ailleurs. Je finis par arriver devant le lac, je lève la tête vers le ciel, et souris. Pour la première fois de ma vie, je voyais des aurores polaires. On aurait dit la plus magnifique des apocalypses. Insouciante, je m’allonge par terre et observe le ciel pendant des heures, heureuse de passer les prochains mois dans cet endroit aux airs de fin du monde chimérique.

CONNU _ INCONNU

Me réveillant en sursaut, je me rappelle soudainement mon rendez-vous étrange dans le 9e arrondissement à Paris. Je regarde l’heure sur mon téléphone, je m’aperçois que j’ai seulement 45 minutes pour me préparer, finir ma valise et me rendre à la gare de Nancy. Je me précipite pour m’apprêter. Je check vite fait ma to do List pour ne rien oublier, parce que je pars pour un temps indéterminé, sans savoir ce qu’il m’attend. 

Gare de Nancy _ Photographie de Patrice SAUCOURT

Arrivant sur le quai numéro 4, toute essoufflée, je monte dans le wagon 9, place ma valise dans le compartiment, et m’assieds au siège 12 en me disant que j’ai failli louper mon train. Ma respiration commence à revenir à la normale, je me sens rapidement bercer par le mouvement du train et commence à m’assoupir. En fermant les yeux, j’imagine ce rendez-vous inattendu et soudain avec cette personne qui met cher. Je visualise la douceur de son visage, plus précisément le mouvement de sa bouche quand il me sourit, la profondeur et la brillance de son regard quand il me voit, les mouvements expressifs de ses sourcils quand je lui raconte la perception de la vie dans mon monde tout merveilleux. 

La vitesse du train ralenti, je me réveille tout en douceur. Contemplant le paysage de Paris Est, plus particulièrement en voyant les entrepôts MacDonald et la halle Pajol, je me remémore les moments passés avec mes amis d’archi à ces endroits. Le train s’arrête, les portes s’ouvrent, je prends ma valise et mon sac, je me dirige vers l’extérieur de la gare.

Architecture Haussmannienne, Photographie de Tom ALPHIN

Le soleil m’éblouit, la chaleur me réchauffe, la précipitation des gens me stresse, le bruit des klaxons des voitures, des bus, des scooters me font rappeler que je suis bien à Paris. Ne connaissant pas le 9e arrondissement de Paris, et encore moins le lieu de rendez-vous, je décide de mettre en fonction mon GPS. Me laissant guider par la voix de l’application qui étouffe légèrement le bruit des automobiles, je commence mon parcours. Le stress commence a surgir en moi, le stress de l’inconnu, de la non-maîtrise de la situation, et les retrouvailles avec cette personne après quelques mois de séparation. Tout en marchant, en poussant ma valise à travers ces boulevards, ces ruelles avec cette architecture authentique d’Haussmann, ces cafés, ces bistros qui dynamisme la vie de l’arrondissement, je finis par oublier ce stress, en me laissant emporter par cette atmosphère parisienne. 

Je visualise la plaque de la rue, je suis rassurée, je suis au bon endroit. Je me dirige vers l’esplanade devant l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile, j’aperçois au bout de cette rue piétonne, proche de ce magnifique bâtiment blanc, la silhouette de cet homme. 

Mon ressenti…

Commençons l’aventure avec un voyage sensible, plongeons-nous dans le plus profond de notre âme et puisons-y tous ces sentiments qu’évoquent en nous la vue de l’hôtel Faralda Crane à Amsterdam.

Un hôtel Grue, un bâtiment ? un édifice ? une structure ? J’ignore comment l’appeler, mais ce qui est sûr c’est que c’est industriel,

Un aspect mécanique, brut, sobre et dur est fort frappant,

Des couleurs primaires qui semblent remplir une fonction de prévention plus qu’autre chose (esthétique d’un hôtel par exemple)

Un soupçon d’élément curviligne contraste l’ensemble rectiligne et cubique,

Une hauteur importante, un élancement défiant l’échelle humaine,

Un intérieur vintage et surchargé, se rebelle contre la sobriété extérieure.

Telles sont mes premières impressions…   

Dépaysement total

Après une escale à Istanbul, la traversée de cinq fuseaux horaires en sens inverse, l’arrivée à l’aéroport international de Malé, un vol jusqu’à l’île de Maamigili, puis une virée en bateau jusqu’à Rangali, voilà mon premier jour aux Maldives terminé : ma première nuit dans cet hôtel commence. Il y a exactement vingt-quatre heures, j’étais encore sur le parking de l’aéroport Paris Charles-de Gaulle.

Une nuit dans cet hôtel vaut à peu près deux années de salaire moyen aux Maldives, ou une année de Smic français. Ma suite personnelle de cent mètres carrés est un située à cinq mètres sous l’océan Indien. Depuis mon lit, je vois des dizaines des poissons nager autour et au-dessus de moi. Dire que je suis décontenancé serait un euphémisme.

Je n’arrive pas à me rendre compte du privilège que c’est d’être ici, là, à cet instant. Je suis épuisé mais bien trop excité pour arriver à fermer l’œil, mon cerveau n’a pas eu le temps d’assimiler tout ce qu’il s’est passé aujourd’hui. C’est tellement surréel.

Je n’aurais peut-être pas du prendre la suite sous-marine dès ma première nuit ici, je sens que je vais avoir du mal à me remettre de cette journée…

RETOUR A LUCERNE

Vendredi 26 février

Me voilà à la veille du grand départ, je suis très excitée et ne peut me résoudre à dormir. Je me retrouve donc ici, à vous introduire ce qui fera l’objet de ce  blog le temps de quelques posts. Cela fait plusieurs mois que nous planifions ce voyage de découverte approfondie de la ville de Lucerne. Je dis découverte approfondie car, lors d’un voyage scolaire durant ma deuxième année de licence en école d’architecture, j’ai pu m’y rendre le temps d’une journée. J’ai toujours pensé que je devrais y retourner pour voir toutes les autres choses qui se cachent dans les rues de cette cité ainsi que les paysages montagneux qui l’entourent : nous y voilà ! 

Samedi 27 février

Je vérifie une dernière fois que j’ai bien en ma possession tout le nécessaire au bon déroulement de ce périple de quelques jours. J’attrape mon sac à appareil photo ainsi que ma valise,  et donne deux tours de clé dans la serrure de mon petit appartement. Il est 11h30 et je rejoins d’un pas pressé la gare de Nancy où je dois rejoindre Alexis. Le train part avec une dizaine de minutes de retard, il est 12h20, les 4 heures 45 minutes qui vont suivre vont être longues. Après avoir pris les correspondances dans les villes de Strasbourg, Bâle et Otten, il ne reste plus qu’une heure avant notre arrivée à Lucerne. Nous regardons le programme que j’ai établi pour cette semaine et visualisons de nouveau les photos de l’hôtel dans lequel nous allons loger.

Parvis de la Gare de Lucerne

Nous sortons de la gare, le parvis est splendide, il fait beau quoique encore un peu frais en cette période. Nous sommes face à la grande arche qui surplombe cet espace, une statue de bronze trône à son sommet et, en dessous, une horloge prend place entre deux colonnes : 17h20… il n’y a plus beaucoup de temps avant le couvre feu. D’un commun accord nous décidons de partir à la recherche de notre hôtel.  Nous déambulons dans la « FrankenStrasse » et passons devant un petit parc verdoyant.  Les rez-de-chaussée des immeubles alentour abritent des tas de petits restaurants et de bar, les façades sont dans des tons clairs, rythmées par des balcons en encorbellements aux gardes corps en ferronnerie. Au bout de la rue nous tournons une première fois à gauche, puis une seconde. Un bâtiment attire notre attention, il n’a pas le style des autres qui l’entourent. La façade est rythmée par de grandes ouvertures qui laissent imaginer ce qui se trouve dans les différentes pièces. D’ici on peut apercevoir ce qui pourrait être des plafonds colorés, illustrés. L’entrée est marquée par un tube en aluminium intrigant et brillant. C’est alors que nous l’apercevons, à l’angle de la façade … un drapeau rouge flottant et portant l’inscription « the hotel ». 

The hotel

Déconnexion

Enfermée en ville, les cours à distance, le froid de l’hiver qui persiste, je ne supportais plus. Il était temps de prendre des vacances. Je me suis alors mise à la recherche de mon hôtel de rêve vers lequel migrer. Je voulais un lieu calme, perdu, propice au repos et surtout ensoleillé, autant dire que je n’allais pas être déçue … !

L’Israël, ce pays m’est inconnu et il semble composé principalement de sable. Quoi de mieux donc que de me perdre au milieu du désert pour mieux me retrouver.

Arrivée à l’aéroport de Beer-Sheva dans l’après-midi, j’ai à peine eu le temps de récupérer ma valise que mon taxi était déjà prêt à m’emmener. Après 1h12 de trajet, 3 villages traversés, 8 voitures croisées, le désert à perte de vue, c’est avec hâte que je découvre la petite ville de Mitzpe Ramon, ENFIN ! Moi qui voulais le soleil je suis quand même rassurée de découvrir que la ville abrite quelques arbres… oui, la chaleur est déjà étouffante. Mais mon soulagement fut de courte durée quand je découvre que le taxi commence à sortir de la ville pour retrouver le vide. Là, au milieu du sable, je reconnais l’hôtel. Des petites maisons de pierres sont alignées, certaines perchées sur une colline, un panneau indique « point de vue ». Je me demande ce qu’il y a à voir derrière, parce que pour l’instant, je ne vois qu’un hôtel en terre aride, au bord de la route… perdue et au calme d’accord, mais surtout inquiète… Est-ce que cette découverte du désert vaut les 300 euros/nuit ? J’imagine que j’ai encore beaucoup à découvrir, mais ce qui est sûr, c’est que je suis déjà bien déconnectée !

Dans ma bulle…

Février 2021, me voilà sur le chemin menant à Kyoto au Japon. C’est la première fois que je pars aussi loin. Il existe des pays qui nous font rêver, sur lesquels nous n’avons jamais mis les pieds, dont on se dit « un jour, j’irai … ».

Après quelques heures de train depuis l’aéroport, me voilà enfin à Kyoto et je décide de continuer mon trajet à pied pour contempler le magnifique paysage de cette ville. N’étant jamais venu, le choc est total, immédiat et immense. La nature universelle s’ouvre à moi.

On entend dire que la population y est dense, à se marcher sur les pieds. On sait que la nature y est imprévisible, que d’un coup de vent tout peut s’envoler…Pourtant moi, je vois une ville paisible et vivante, de magnifiques paysages, des cerisiers dont les fleurs rosent au printemps. J’y vois des gens forts et sages, un endroit où l’on se sent en sécurité.

Avant de rejoindre l’hôtel, je prends le temps de sillonner dans les rues, en me laissant porter par le son des cigales. Les jingles du métro de Kyoto résonnent à mes oreilles de manière enfantine, les enseignes de buildings impriment ma rétine de lumières vives. Les rues, emplies de bonnes odeurs de cuisine, sont un délice pour les sens. 

Après une bonne trentaine de minutes de marche dans les rues, j’aperçois le sanctuaire Yasaka, qui est à quelques pas de mon hôtel. Je décide donc d’y faire un tour avant de rejoindre l’hôtel. Je gravis les marches lentement, franchis le tori de pierre, et vois le sanctuaire paisible. Le bruissement furtif d’un hakama écarlate, le glissement des tabis des miko sur le bois ciré, l’odeur de paille des tatamis et des fleurs fraîchement coupées. Les arbres m’offrent leur ombre réconfortante. Lorsque j’ouvre les yeux, les émotions m’envahissent. Ce pays n’est pourtant pas mien, mais manque tant à ma vie, tel un fragment d’enfance.

Enfin, ça y est ! Je suis arrivée à l’hôtel. Le quartier est très calme et paisible. Je passe l’accueil, je suis touchée par le calme qui y règne dans l’espace. On se sent comme à la maison dès à l’entrée, le hall d’accueil est un petit salon confortable. Je suis prête à passer le confinement ici et découvrir tous les recoins de cet hôtel.

Vue depuis le hall d’accueil

Vous avez dit hôtel ?

C’était un vendredi pluvieux quand j’ai décidé de partir de Nancy. J’ai fait vite fait mes valises et je suis descendu dans ma petite voiture. « Je pars ! » je me suis dit dans ma tête. « Ou est-ce que je vais ? Quelque part en France ?  Non ». Je voudrais un changement d’ambiance. Je voudrais aller dans un endroit, peut- être pas très loin. Un des bons côtés de vivre à Nancy c’est que la ville est proche des frontières avec la Suisse, l’Allemagne, le Luxemburg et cela me rapproche de beaucoup d’autres pays, Comme par exemple les Pays-Bas. J’y était il y a quelques années, c’était vraiment une très bonne expérience ! Malheureusement j’y suis restée peu de temps.

« C’est là où je vais ! » j’ai dit à haut voix, en souriant toute seul dans ma voiture. J’espère que personne ne m’a vu. Je vais aller à Amsterdam, j’aime bien l’ambiance de la ville : les maisons aux façades que dieu sait comment elles tiennent encore debout, la présence de l’eau et aussi les mélodies des clochers.

J’ai regardé des hôtels. Je dois bien choisir parce que vais y vivre pendant une durée indéterminée. Ça ne doit pas être un hôtel conventionnel parce que je vais m’ennuyer. Un hôtel qui n’est pas un hôtel. J’ai tapé cela sur internet et voilà ! Ça existe un « Hotel not Hotel ».

« Génial »je me suis dit. Et je suis partie.

5 à 6 heures plus tard je suis arrivée devant l’hôtel, du côté de la rue principale. J’ai arrêté la voiture et je me suis dépêché d’entrer. Il est même plus grand de ce que je pensais.

Le bâtiment est divisé en trois parties. Celle au milieu est un vide en double hauteur par lequel passe toutes les distributions et dans lequel se réunissent les visiteurs. Il y a des canapés, des tableaux et des fleurs, tout cela donne une ambiance apaisante et tranquille comme si l’on rentrait dans un salon. Sur mon parcours de la porte d’entrée jusqu’à la réception j’ai remarqué la présence de cars Volkswagen et un qui était positionné dans un passage qui travers le grand vide central. Quand je suis arrivée à la réception j’ai compris que c’était une chambre.

« Bizarre » je me suis dit « mais j’ai envie de passer une soirée là-bas, ça va être intéressant ».

Figé dans le temps

Une envie d’évasion, de déconnexion avec le monde et de reconnexion avec la nature. Matera, on a l’impression que la ville a été figée dans le temps. Des ruelles étroites, la pierre qui prédomine le paysage.

Des lumiéres jaunes intenses, qui viennent souligner et donner plus de charme et de caractére à ces façades sculptées dans la roche. Je commence ma montée. Un premier petit escalier, 200m et puis on tourne à droite, des boutiques rythment les  rues, aux vitrines  simples, épurées, aux tons neutres. Une brise se fait sentir, le crépuscule approche. On presse le pas, et on continue la montée. 

Les ruelles se ressemblent, se croisent et s’entremêlent.  Des niches sculptées ici, des fontaines par là, toujours et encore en pierre. Des bougainvilliers ou autres plantes grimpantes viennent colorer et marquer le paysage. 

On commence à percevoir les grottes. Le troglodytisme est reflété par un jeu de pleins et de vides. Qui a son tour est appuyé et mis en valeur par le traitement minimaliste de la façade. Le bois des menuiseries contraste et fait ressortir la pierre. Une place se dégage, très intime, ouverte mais délimitée. Une petite table en bois et deux chaises semblent perdues mais utiles en même temps. Fatigués de la route, on décide de s’asseoir et de profiter du panorama. Le crépuscule plonge la ville dans une ambiance de films romantiques. On s’y sent bien, l’air est frais. j’enlève mes claquettes, la pierre est grenue mais encore chaude du soleil du matin, je m’enfonce dans ma chaise et je relâche les bras, détendue et apaisée.