Plonger au cœur de la nature

Après 9h de route et quelques arrêts dans de très belles villes françaises sur mon chemin, j’aperçois enfin les petites montagnes de Catalogne. Je m’enfonce dans ce paysage plus abrupt et rocailleux en m’éloignant légèrement du bord de mer, ce qui me donne quelques idées pour les jours à venir. Sous le soleil couchant vers 19h, j’arrive enfin au bout de ma destination à Olot, chef-lieu de la Garrotxa, pour passer mes prochaines semaines dans un des pavillons de l’hôtel Les Cols Pavellons.
La Garrotxa est située dans la région de Girona en Catalogne, proche de la frontière avec la France. Il s’agit de la terre des volcans, elle présente deux types de paysages différents, la moitié sud avec plus de 40 volcans et des coulés de laves qui viennent former un paysage aux faibles dénivelés, et la moitié nord qui est plus abrupte et rocailleuse.

L’hôtel est assez facile à trouver, il se situe juste à la sortie de l’autoroute A26, avant l’entrée dans la ville de Olot. Dès mon arrivée à l’accueil, je comprends que cet hôtel n’est pas conventionnel et me réserve pleins de surprises. L’accueil est très agréable et me laisse commencer ma propre expérience.

Je parcours un petit chemin étroit entre des lames de verre qui reflète le bleu de l’eau et me coupe du cadre dans lequel je viens d’arriver. Je commence à ressentir cette déconnexion. 

Cheminement jusqu’au pavillon

Découverte du Tschuggen Grand Hotel

Ça y est, me voilà arrivée en Suisse à Arosa. Je suis venue en train puis à pied pour m’immiscer au maximum dans les paysages montagneux caractéristiques du compté des Grisons, une chance que la gare soit proche de l’hôtel. J’aurais pu prendre les navettes à disposition mais il faisait encore jour et je tenais à observer la vue sur les montagnes et sur les forêts de sapins qui est incroyable. On dirait réellement que la nature a repris ses droits et qu’elle est venue encercler la ville et le Tschuggen Grand Hotel dans lequel je m’apprête à séjourner. 

Me voici désormais au pied de mon futur hébergement que je languissais de voir. J’observe déjà les lucarnes si insolites dessinées par Mario Botta. Même de jour, elles s’apparentent à de grandes feuilles qui sortent du sol, peut-être même à des arbres. Dans tous les cas, je reste subjuguée par celles-ci. On aurait de la peine à croire qu’un centre de bien-être se situe juste en-dessous, dans le sol. Il réside ici une vraie réflexion pour se fondre dans le paysage et respecter l’environnement; c’est sûrement ce qui me donne cette impression que la nature a repris ses droits sur le bâti. On appelle ce centre l’Oasis de montagne et je comprends désormais pourquoi. D’ailleurs, il me tarde d’aller le visiter et de voir la lumière que confèrent ces grandes feuilles à l’intérieur, mais ce sera pour plus tard donc je vais juste en faire une photographie. Il faudrait premièrement que je me dirige vers le hall du grand édifice qui se situe juste à proximité et qui sera mon lieu de résidence pour les prochaines semaines. 

Photographie des lucarnes du centre de bien-être

Tandis que j’observe le bâtiment, j’aperçois dans le ciel les rails du Tschuggen Express. J’ai entendu dire que ce téléphérique avait été spécialement conçu pour l’hôtel et pour rejoindre les pistes de ski. Je ne suis pas très ski mais, au moins, ce funiculaire juste à proximité a le mérite de me plonger directement dans l’ambiance montagnarde. Alors que je me dirige vers l’hôtel, je peux maintenant l’observer de plus près et en faire le tour. C’est un édifice assez imposant de douze étages qui s’organise en forme de T. Le rez-de-chaussée et le premier étage ont l’air de constituer un socle qui s’étend largement pour être en débord de la superstructure. Je présume que, s’il s’étend autant, c’est pour loger les espaces d’accueil, de service et les divers bars et restaurants de l’hôtel. Les chambres, quand à elles, semblent prendre place à partir du deuxième étage. Je peux affirmer cela car l’alignement très régulier des nombreuses baies commence à ce niveau. De plus, j’aperçois la présence de balcons sur la tranche du bâtiment. J’espère que j’aurais la chance d’en avoir un dans ma chambre d’ailleurs. Cependant, si je n’en possède pas, je pourrais quand même disposer d’une loggia parmi celles que je peux lire en façade. 

La grande régularité de la façade côté centre de bien-être est cassée par la présence de redans qui viennent donner du rythme à cet ensemble. J’imagine que ces redans sont là pour donner une orientation spécifique aux chambres car j’en observe seulement trois et d’un seul côté du bâtiment, sur une seule branche du T. Si je supposais que les balcons soient orientés Sud, ces redans permettraient d’avoir une orientation Sud-Ouest dans les chambres plutôt qu’une orientation Ouest. Peut-être que j’aurais l’occasion dé vérifier ça sur les plans d’évacuation à l’avenir, j’aurais tout le temps pour cela. J’observe à présent le centre de bien-être qui est relié à l’hôtel par une grande passerelle vitrée et j’aperçois un bâtiment de taille plus modeste et détaché des deux autres. Je me demande ce qu’il abrite. Je le découvrirais plus tard, c’est l’heure de rejoindre le hall et de récupérer la clé de ma chambre.

Laissez le monde derrière vous.

Après de nombreuses heures à traverser les montagnes rocheuses rongées par les bras de la mer dans le Fjord Norvégien, par la célèbre route panoramique, me voilà accueilli par une cascade spectaculaire : la Gudbrandsjuvet, qui me signale l’arrivée sur le site de l’hôtel.

Gudbrandsjuvet, cascade de la rivière de Valldøla, vue depuis la route panoramique

En plein cœur du Fjord, entre montagne et rivière, l’hôtel se dévoile peu à peu par une première construction : une ferme typique des pays du nord, avec un bardage rouge contrastant avec le verdoyant de la végétation présente sur le site. La ferme forme une porte d’entrée dans la forêt où sont parsemées les chambres comme des cabanes individuelles. Les différentes cabanes sont à peine perceptibles. La forêt est sombre et ne laisse pas entrevoir ce qu’elle contient. Il faut y entrer pour tenter d’apercevoir des signes.

Ferme typique en bardage rouge à l’entrée de l’hôtel

Je m’avance dans la forêt, curieuse et stupéfaite devant ce paysage à couper le souffle. Soudain, la densité de la forêt s’attenue, m’ont regard porte plus loin. Je reste figée, captivée par ce paysage exceptionnel, entre rivière et montagnes rocheuses, le temps semble s’arrêter. Immergée dans ce paysage spectaculairement beau et varié, j’aperçois un premier signe de cabane posée sur un rocher, insérée dans la végétation. Enfin je découvre le Juvet Landscape Hotel.

Paysage et cabane du Juvet Landscape Hotel

Entre neige et klein

Vue depuis l’entrée de l’accueil

Me voilà désormais sur le chemin menant à Vals, la route est de plus en plus blanche et de plus en plus rustique. Je passe un tunnel ouvert sur le vide et plonge dans le paysage des grisons.  L’abstraction est totale : je ne fais qu’un avec le paysage, il n’y a plus de barrière sur la route, il n’y a que moi, ma voiture et la montagne enneigée. 

J’arrive à Vals les yeux vers le ciel avec des rêves plein la tête. Mon impatience est vite comblée : les thermes sont à l’entrée du village. Aussitôt garée, je prends ma valise et me précipite vers les emmarchements qui mènent à l’accueil de l’hôtel. 

Lorsque je passe l’accueil, je suis touchée par le calme de l’espace et la toiture des thermes que j’aperçois au loin. Le hall d’accueil est animé par une moquette bleu Klein, du mobilier noir et des roses et pommes rouges. C’est un lieu dans lequel je me sens bien, c’est chaleureux, coloré, sans artifice. 

Confinée ici pour quatre mois, je compte bien essayer toutes les chambres du 7132 House of Architects! Pour le moment je reste dans l’ambiance de Peter Zumthor et commence par résider dans la suite qu’il a conçue. En attendant, je n’ai qu’une idée en tête : faire l’étoile dans la piscine extérieure et sentir la neige tomber sur mon ventre.

Atlantide

Utter Inn, Västerås, lac Mälaren, Sweden

Durant mon voyage jusqu’à Västerås le train traversait souvent des forêts magnifiques de pins et de sapins recouverts de neige, je pouvais aussi contempler de larges paysages de plaines blanches avec de rares petits hameaux telles des haltes. Il longeait et franchissait d’innombrables petites îles où chacune d’elles était spéciale et certaine étaient habitées par de petits points lumineux. J’avais l’impression d’être plongée en plein Atlantide, à la découverte d’un paradis oublié.

Après 1h de train depuis Stockholm j’arrive enfin à Västerås. Il est presque 16h et il fait quasiment nuit. Le climat reste agréable pour un mois de février mais la nuit approchante, je commence à ressentir la bise sur mon visage. Accompagnée de mon sac à dos et de mes valises je me hâte vers le port pour découvrir mon refuge.

En arrivant au port je me rends compte que le lac Mälaren est encore gelé. J’aperçois l’îlot, telle une île dans un archipel. Pour y accéder j’enfile mes patins, et je me lance sur la glace à la suite du réceptionniste.

En me rapprochant petit à petit je découvre une petite maison de pécheur typique de la suède, rouge avec les pignons blancs. Ça me rappelle que l’utilisation de la peinture rouge de Falun est très résistante et c’est une tradition issue des mines de cuivre de Dalarna. J’ai hâte de pouvoir m’installer en solitaire telle une aventurière !

Photographie de Markus Lekman, janvier 2018

La bulle enchantée

Domaine Le Coq Enchanté, à Cambremer // Basse – Normandie

Après quelques heures de train depuis la capitale, je rejoins le Domaine du Coq Enchanté se trouvant au beau milieu des campagnes vallonnées du Calvados, en Basse-Normandie. Je me retrouve dans la voiture que j’ai louée pour la semaine, pour profiter et flâner sur les petites routes du Pays d’Auge.

Je suis contente il n’est que 16h, je vais pouvoir profiter grâce aux rayons du soleil des maisons normandes, des toitures en chaumes et des panoramas sur les champs de pommiers. Je me retrouve assez rapidement sur la Route du Cidre, la lumière orangée dans les branches des pommiers reflète un royaume doré. Par-ci, par-là, derrière une haie, je surprends un manoir, un château ou un haras.

La petite ville du nom de Cambremer, tels les héros du même nom dans le roman « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust, va m’accueillir pendant quelque temps. J’ai hâte de pouvoir profiter des premières floraisons et des premiers évènements dans ce monde si naturel et empreint de tradition. Arrivant au domaine, je suis le réceptionniste qui m’emmène en plein milieu d’un parc entouré d’un bosquet. Ma chambre est visible depuis l’extérieur mais elle m’a l’air très confortable. J’ai toujours rêvé vivre dans une bulle, d’être en union avec la vie qui m’entoure.

J’y dépose mon sac et ma valise, je n’ai pris que le strict nécessaire afin de profiter comme il se doit de ces hôtels au plus près de l’environnement et en harmonie avec le territoire qui l’accueille. Je m’allonge sur le lit au centre de ma petite sphère et profite des derniers rayons d’or, des gazouillements des oiseaux nichés dans les branches au-dessus de ma tête et de l’air frais passant le bas de la porte entre moi et l’extérieur.

Ce semestre commence très bien, je me sens prête de découvrir ou redécouvrir notre cher pays qu’est la France, par le prisme de la nature, de ses paysages et d’être au plus près de la vie qui nous entoure. Ce voyage m’a plongée dans un rêve enchanteur dont je n’ai qu’une envie, continuer de m’aventurer dans ces lieux exceptionnels, symboliques et originaux reflétant une histoire, un héritage et des époques d’un ancien temps. Vivement demain…

 » Il ne tient qu’à nous de voir le meilleur dans ce qui nous entoure. »

Isaac shapiro
Depuis l’intérieur de la bulle vue sur l’extérieur // Basse-Normandie, Domaine Le Coq Enchanté
crédit : Le domaine du Coq Enchanté

BLEU ET OCRE

Casa do Conto, Porto

Impatiente de retrouver la douceur et la quiétude de Porto, je me précipite en dehors du train et me voilà dans cette gare à la beauté et aux fresques bleutées qui me plongent directement dans la culture portugaise. Pas de doute, je suis à Porto, plus que jamais prête à participer à l’effervescence de la ville le temps d’un semestre. 

Mon regard balaie les rues pavées étroites, les devantures colorées alors que mes jambes commencent à ressentir les hauteurs de la ville. La douceur de l’air de cette soirée de février me plonge dans mes souvenirs de nuits d’été à arpenter ces rues sinueuses, en quête de musique, d’aventures, aux anecdotes aussi surprenantes qu’uniques. 

Après une vingtaine de minutes de parcours, me voilà dans la rue de l’hôtel. Sa longue pente m’offre une ouverture surprenante sur la ville et sur ce que je crois être une place. Je suis heureuse de voir que l’hôtel prend place dans une rue caractéristique de Porto, par ses azulejos, ses façades passant du rose au jaune, du vert au orange, au petit café affichant fièrement l’enseigne Super Bock et mêlant parfois des bâtiments très anciens à des édifices modernes indéchiffrables dans un ensemble étrange mais séduisant. 

Me voilà devant mon chez-moi temporaire, je suis agréablement surprise de la façon dont il se mêle aux autres bâtiments, j’étais probablement influencée par toutes ses images de béton alors que la façade témoigne du Porto historique, avec sa faïence aux motifs bleu et ocre, une façade à la fois colorée et humble. 

Alentejo here I am

Au milieu de nulle part, sur la route d’Evora, le taxi m’a déposé sur ce croisement de chemin. Je me retrouve comme dans Bagdad café avec ma valise et mon sac à dos, un troupeau de mouton à ma droite. Le soleil du soir caresse les oliviers de l’Alentejo et réchauffe mon dos. J’irai voir Evora et ses merveilles demain, ainsi que le travail d’Alvaro Siza sur son projet de vie de la quinta da Malagueira.


Il y a un sentier. Au bout du sentier se détache un bâtiment dans son écrin blanc, moderne et épuré. De loin on pourrait croire à la villa Savoye avec sa géométrie et ses fenêtres en bandeau qui accentue l’horizontalité avec le paysage.


Me voici à la réception, adossé au comptoir en face d’une jolie chaise rouge Magis de Konstantin GRCIC, regardant le lointain par l’enchainement d’espaces et de murs de refends qui ouvrent sur l’ouest. Le sol épouse la légère pente du terrain à l’aide de quelques marches en béton brut. Le bâtiment massif de l’extérieur semble flotter et m’offre des perspectives magnifiques. Les derniers rayons du soleil viennent chercher ma rétine à travers les baies et je souris, apaisé après ce long voyage.