Je m’approche, je suis proche, ma gorge se noue, les battements de mon cœur s’accélèrent, mon sourire se fige sur mon visage. J’enlace tout naturellement cet homme. Submergées par cette ascension d’émotions, mes larmes m’apaisent, le stress s’évacue, mon cœur reprend son rythme.
J’observe son regard, il observe mon regard, tout naturellement, nous nous sourions. Il prend ma valise et nous nous rapprochons de ce magnifique bâtiment éclatant de blanc. Je m’arrête un instant pour contempler la beauté de la façade. Le mélange somptueux des couleurs neutres, à savoir, le blanc, le noir et le gris donne un charme très fort au bâtiment. Il s’impose tout naturellement des bâtiments juxtaposés. La superposition entre l’enduit lisse et les moulures habille cette façade en lui donnant un caractère chic et raffiné. La touche de noir au niveau des menuiseries et des garde-corps apporte du cachet à ce bâtiment.
Le ciel se couvre de nuage gris, quelques gouttes effleurent nos visages. Nous nous regardons droit dans les yeux, les gouttes d’eau s’accumulent sur notre peau, nous éclatons de rire et nous nous précipitons pour nous abriter sous le porche de l’hôtel.
Après quelque heure de vol et de décalage me voici arrivé au Kenoa Hotel. Le trajet en avion fut mouvementé, pas très reposant…
C’est non loin de l’océan que j’aperçois les toits de l’hôtel, ces magnifiques toits en palme comme on n’en voit pas dans nos régions ; rien de mieux que de se sentir dépaysé pour avoir ce sentiment d’être en vacance. C’est en me rapprochant peu à peu de l’hôtel que j’entendis le vent du courant équatorial venir caresser les palmes des toitures, ce doux bruit de feuilles séchées qui s’agitaient et se frappaient entre elles !
Me voici enfin devant l’hôtel, fatigué par ce long voyage ; je ne traîne pas et m’oriente rapidement à l’accueil pour récupérer la clef de ma chambre ! C’est à peine si je pris le temps de regarder autour de moi. La nuit était tombée, il m’était difficile de reconnaitre les lieux ; toutes les photos mise sur le site étaient prises de jour… Je m’empresse d’aller à l’accueil récupérer ma clef de chambre; je pose ma valise sans même prendre le temps de ranger mes affaires et je m’allonge dans le lit…
Ça y est, nous y sommes. Tout le long du chemin je n’arrêtais pas de dire à Alexis à quel point il me tardait d’arriver à l’hôtel pour en faire la découverte, c’est chose faite. Le soir tombe, la façade s’allume. Je m’éloigne de cette dernière et grimpe sur le trottoir d’en face. Mes yeux se baladent au gré des fenêtres qui s’allument, qui s’illuminent. Le concept de l’hôtel ne m’est pas étranger et je veux garder encore quelque temps le suspens, mais sachez qu’il est question de mise en scène. Celle-ci commence dès l’extérieur, la façade semble devenir une mosaïque d’ambiances et de couleurs rompant quelque peu la barrière entre extérieur et intérieur. Nous sommes invités, nous qui sommes dehors, à rentrer au sein de cet hôtel sans même avoir à passer la porte.
Alexis me tire de mon air contemplatif, il attrape ma valise et me guide vers l’entrée. C’est incroyable comme la moindre chose dans cet objet architectural participe à la création d’ambiance : les larges baies vitrées qui donnent à voir le hall laissent poindre une lumière aux tons chauds contrastant largement avec les tons du haut tube métallique et de sa lumière froide qui rythment la séquence d’entrée.
L’ambiance est sombre mais très luxueuse cependant. Face à nous, un couloir. Sur notre droite un grand mur illustré et lumineux éclair le comptoir métallique dans lequel se reflètent les imposants fauteuils en cuirs disposés face à lui. Je m’adresse à l’hôtesse d’accueil, en anglais, nous réalisons l’enregistrement et elle me transmet la carte qui permet d’ouvrir notre porte de chambre pour les 3 prochains jours :
la Twin Corner Junior Suite.
Nous montons au premier étage, et arrivons face à la porte 5603. Je m’empare de la carte magnétique et déverrouille la porte. Je rentre la première et me précipite à l’intérieur de la chambre. Tout y est noir et sombre, seul contrastent les draps blancs des lits ainsi que les touches métalliques et brillantes du mobilier çà et là. Tout est propre et immaculé. Alexis pose les valises dans le vestibule et je m’assois sur le lit. Mon regard court sur le plafond, face à moi l’image d’un dos féminin dénudé sur lequel une main qui me semble masculine, y écrit au pinceau, des caractères Japonais.
Ce film, du plasticien Peter Greenway, se place comme une sorte de
« poème orientaliste entièrement dédié à l’art de la calligraphie … sur corps humain! ». On y suit le parcours d’une jeune femme qui veut faire de son corps un véritable livre ouvert pour son amant. Le cinéaste manipule habilement image et trame pour nous livrer une oeuvre novatrice et évocatrice ou l’envoutement et l’exotisme règnent en maître. Il réalise, avec ce film, un questionnement et une étude poussée sur le corps, sur son action médiatrice entre les êtres humains, mais également entre les signes et leur transmission.
Le corps, vu comme un lieu de mémoire, Également lieu de la mémoire, le corps permet un voyage dans le temps, un retour dans le passé plus ou moins lointain, mais dans un désordre propre aux paradoxes qu’il renferme dans ses recoins les plus sombres. À travers l’écriture des idéogrammes, les personnages de l’écran sont animés par diverses pulsions. Les signes, brûlés ou effacés demeurent éphémères, rappelant ainsi le besoin constant d’oubli de la mémoire. Le lien intrinsèque entre le corps et la littérature demeure, pour sa part, inscrit à jamais dans la chair des personnages, soit dans les pages du livre humain de Jérôme, soit dans la peau finalement tatouée de Nagiko.
Adepte des road trips, je choisis de me rendre aux Pays-Bas par train, une parfaite occasion pour me ressourcer en méditant face à un paysage diversifié et calme qu’offrent le Luxembourg et l’Allemagne.
Le trajet de sept heures avec deux correspondances est idéal puisque d’une part ça me replonge dans ma tendre enfance, quand autrefois on prenait la route en famille. Les longs trajets sont encrés en moi et font partie de mes innombrables échappatoires d’un quotidien monotone à s’en lasser.
Ça y est, je suis à DAM ! Arrivée à la Central Station d’Amsterdam, je suis excitée comme une puce de pouvoir débuter cette aventure, que je me dépêche à déverrouiller mon téléphone, toujours prêt à capturer et immortaliser des moments, et me hâte à prendre des photos de cette belle architecture. Je revérifie une dernière fois mon ticket de bus en direction d’Amsterdam Noord et j’exécute.
Tout au long du trajet, je n’ai pu m’empêcher de contempler cette ville au charme démesuré, ces gens au sourire radieux et harmonieux en dépit de leur diversité. Plongée dans mes pensées contre la vitre, un doux assoupissement se faisait sentir mais très vite j’ai été ramenée à la réalité par un paysage désormais froid, brut et solitaire, c’est … industriel ! Oh on est arrivés à la zone industrielle d’Amsterdam, là où se trouve le port… et mon hôtel !
Les clés de ma chambre en poche, j’ouvre ma valise et prends mon maillot de bain. Le bagagiste s’occupe de ma valise, et c’est parti pour la rencontre avec un rêve éveillé! J’emprunte alors cet ascenseur qui me propulse sous terre, dans un hall noir. Je suis attirée par cette porte transparente qui laisse entrevoir la séquence d’entrée dans les thermes.
Une fois mes émotions reprises et changée, je passe enfin cette porte avec mon grand peignoir blanc. Je suis tout de suite prise par l’odeur que dégagent les robinets : la rouille. La chaleur s’empare de mes joues, j’avance dans une ambiance obscure et lumineuse à la fois. Sur ma gauche je vois des « salons » où les visiteurs peuvent se recoiffer et prendre soin d’eux.
J’avance dans ce long couloir de pierre en caressant le mur et en passant ma main sous les robinets. J’arrive enfin sur ce grand « balcon » ouvert sur les thermes, j’enlève mes chaussons, sans quitter du regard ce rêve qui devient réalité pour moi.
Pieds nus sur ce sol divin, je suis marquée par la chaleur de la pierre dans cette lumière si particulière… Mon coeur s’emballe, j’y suis enfin. Je n’ai pas le droit de prendre de photographie, et pour une des premières fois de ma vie je n’en ai pas besoin, cela restera gravé en moi pour toujours…
Après ce long trajet qui m’a paru si interminable je me hâte
de sauter du taxi. Celui-ci avait quitté la route principale pour me déposer au
cœur de l’hôtel. En face de moi : un grand bâtiment d’accueil, à sa gauche
une succession de petites maisons de pierres pareil qu’à sa droite. L’ensemble
du terrain est délimité par des petits murets de pierres, qui ne semblent pas
faire obstacle aux chèvres. Vous avez bien lu oui ! J’arrive dans un hôtel
5 Etoiles et je suis accueillie par… DES CHEVRES ! Ce qui explique certainement
qu’il n’y ait pas de voitures qui circulent dans le site. La route est dégagée
pour les touristes aux allures d’instagramer qui prennent leurs meilleurs
selfies en compagnie de ces charmantes bêtes. Finalement je crois que voir ces
gens bien connectés me rassure un peu quand même et je retrouve le sourire.
De là, je ne vois toujours pas de piscine, ni de belles
vues, mais voir les touristes heureux me fait du bien. J’entre dans le hall
immense, pressée de découvrir l’intérieur des lieux ! Je n’ai maintenant plus
aucune vue sur le désert, la pièce est relativement fermée et artificiellement
éclairée. Ça y est, on sent le luxe. Une énorme fontaine à eau se trouve au milieu
de la pièce, j’ai déjà l’impression d’avoir quitté le désert.
Allongé dans mon lit, les yeux grands ouverts Les derniers rayons du soleil percent la surface Les poissons dansent au-dessus de moi Le confort, la douceur des draps Isolé dans ma bulle, le silence est roi Au bout du ponton, c’est la mer L’océan qui s’étend à perte de vue Entre rêve et veille, l’esprit s’égare S’agrippent dans mes pensées quelques récits de mer Et sèment le doute dans la nuit Au fond de ces eaux troubles Des formes s’agitent et tremblent Belles comme des lumières sous la pluie
Le soleil se couche, la nuit tombe, il est temps
pour moi de rejoindre la chambre où je vais passer la nuit. Je m’avance dans un
petit sentier sinueux vers une boîte en bois noir au milieu des troncs d’arbres.
De l’extérieur, la cabane semble posées sur un
rocher sans changé le terrain. C’est justement l’idée de leur conception, que
chaque cabane s’adapte aux exigences de la topographie et de la végétation. Les
cabanes naissent d’une volonté d’exploiter des paysages à couper le souffle en
conservant une intervention minimale. Les constructions reposent sur un
ensemble de tiges en acier (40mm de diamètre). La finesse des tiges encrées dans
la roche ressemble à des brins d’herbes sortant du sol soutenant la cabane,
comme une façon pour la nature d’accepter ses invités. Ainsi, une connexion
durable est établie entre le site et la structure.
Arrivée devant la porte de la cabane, recouverte d’un bardage en bois sombre, je m’approche et entre. Dès que je pousse la porte, je suis captivée par cette immense façade vitrée, ma chambre et la forêt ne font qu’un, je suis propulser à l’extérieur tout en étant à l’intérieur. La chambre se déploie le long de cette façade vitrée avec un espace de repos permettant de s’asseoir et d’observer l’extérieur. Le mobilier est minimaliste et intégrer dans les murs, le lit est disposé dans une alcôve, et la salle d’eau dans un recoin. La disposition de la chambre et le mobilier s’efface pour laisser la vue sur la forêt. La nature devient le sujet principal, la préoccupation essentielle.
Je pose mes affaires rapidement, et je m’assoie
face à cette vue sur la nature. La lumière qui émane de ma chambre, se prolonge
dans la forêt, et alors apparait un jeu d’ombres dans la végétation, donnant
vie au paysage.
Je regarde le soleil se coucher, je respire le souffle du large, je sens
mon être s’épanouir.
Apres une longue journée, une fois installe je m’allonge sur le lit l’eau
bruissait le long de la coque, je l’entendais même en dormant, je sors prendre
l’air, debout à faire les cent pas pour me dégourdir les jambes et écouter la
nuit.
Formidable ! beaucoup d’étoiles étaient visibles, un beau ciel illuminer
par les constellations, une nuit encore plus richement colorée que le jour, bien
plus que des points blancs sur un fond noir bleu, heureusement il y a des transats,
mais je préfère m’allonger par terre, sentir le bois froid et humide, le vent léger
d’une mer plate qui caresse légèrement les voiles, grande et belle voile
chinoise, qui faisait songer à l’aile d’une chauve-souris géante, le clapotis
de l’eau sur la coque, par contre je n’étais pas seul des membres de l’équipages
était encore réveillé, seulement je ne remarque rien, n’entend rien, Je ne sais
plus très bien depuis quand dure ce calme je perds toute notion du temps, je
ferme les yeux et ressent ce qu’avait cette expérience à m’offrir.
Assez profiter du coucher de soleil, on se dirige vers l’accueil. Des panneaux en bois, avec marquer à la craie blanche, réception nous guident. On se retrouve dans une grotte directement ouverte sur l’esplanade, sans portes. Un meuble construit en pierre sert de bureau, l’espace n’est pas vraiment aménagé, le mobilier reste rare et minimaliste. L’espace est assez sombre et pas très grand, et on arrive à sentir une odeur, qu’on n’arrive pas à distinguer. Un mélange de senteurs, des notes un peu boisées, un peu métalliques, ou encore d’humidité. On récupère nos clefs et on se dirige vers notre chambre. On rencontre un couple italien qui vient se ressourcer et profiter de leurs retraites. On discute quelques minutes, il fait frais. Ils habitent la grotte voisine à la nôtre. On décide de prendre, plus tard, l’apéritif ensemble en terrasse.
Le numéro de notre grotte est le 4. On ouvre la porte, qui est assez large. L’espace est assez intrigant, à la fois défini et indéfini. On descend trois petites marches, pour se retrouver dans un espace salle à manger – chambre. L’espace est plus long que large, sous voûte. Le tout enveloppé dans un écrin de pierre. On a un léger sentiment de tunnel. L’espace est éclairé uniquement par des bougies ou des spots encastrés au sol dont la lumière jaunâtre met en valeur le caractère et fait ressortir le volume de la pierre. Des niches toute hauteur, où de plus petite taille, créent un jeu de profondeur. Le mobilier est entièrement en bois foncé, les draps de lit en laine tressés et une niche toute hauteur sert de tête de lit. Un tabouret sert de table de nuit, et deux bouteilles de vin nous attendent sur la table. Tout au bout de la pièce, on aperçoit la salle de bain, qui vient s’agencer à l’intérieur d’un second espace sous voûte, séparé par un arc, et ouvert sur la chambre. Une atmosphère plus intime. La baignoire est dessinée avec des lignes courbes, pas trop haute, ni très grande. Un banc en bois sert à déposer les serviettes de bain, deux bougies ainsi que les huiles essentielles. Les bougies sont posées par terre, et créent un cheminement vers la baignoire. Une fenêtre haute laisse entrevoir la lune.