Personne n’est inconscient de ce qui se passe actuellement en Israël. La violence n’a pas touché la ville de Mitzpe Ramon, mais la détresse se sent. L’ambiance hors de l’hôtel est nerveuse. Les habitants auparavant si accueillants nous font bien sentir que nous ne sommes clairement plus les bienvenus. Le soleil est toujours bien présent mais dorénavant, tout semble gris.
Ces derniers jours, je suis donc restée, comme la plupart des touristes qui ne sont pas encore repartis, à déambuler dans l’hôtel et à suivre leurs instructions. On essaye de profiter des derniers jours. L’isolation de l’hôtel est une aide évidente au déni. Mais le voyage n’a plus la même saveur.
J’ai déjà préparé mes bagages, je sais que le départ est proche, et qu’il ne se fera pas comme je l’aurait espéré.
Cette semaine, bien remise de ma semaine de repos, j’ai
décidé de partir visiter une des grandes villes du pays. J’ai donc repris la
route interminable à travers le désert pour arriver 2h30 plus tard au centre de
Tel-Aviv.
Les touristes que j’avais rencontré à l’auberge, en
apprenant que j’étais étudiante en architecture, me l’avaient vivement
conseillée. En effet, cette ville regorge de trésors architecturaux. On y
retrouve d’ailleurs une architecture moderne occidentale, ce qui m’a vraiment surpris.
En fait, le cœur de la ville surnommé « ville blanche » est composée
d’un ensemble de bâtiments modernes du Bauhaus et pour cela, est inscrite au patrimoine
de l’Unesco. Impossible donc de passer à coté de cette découverte lors de mon
voyage en Israël. Elle a été réalisée entre 1930 et 1950 par des architectes
ayant immigrés après leurs cours au Bauhaus.
Je suis sortie du cœur de la ville pour y découvrir aussi
des architectures plus formalistes tels que le musée de l’art, posé comme une
sculpture de papier pliée au centre d’une place, ou la synagogue Hechal Yehuda,
en forme de coquillage. Tenant à trouver de l’inspiration pour le projet d’hôtel
en cours avec l’école, je suis allée voir le centre TEO pour la culture et l’art,
vitré, bas, long et aux lignes droites, il est composé à l’intérieur par des
cubes, ce qui en fait des espaces intérieurs à parcourir à travers les œuvres.
Finalement, la ville de Tel Aviv est très culturelle et j’ai
pu apprécier autant son architecture que ses collections artistiques.
Malade, cette semaine je l’ai passée dans mon lit. Quoi de mieux que quelques jours allongée pour savourer les détails de la chambre. Le lit, face à la baie vitrée, m’offrait toujours une vue sympathique sur le paysage désertique dégagé.
Le matin, le soleil venait glisser sur mon visage en réchauffant les draps : des réveils comme je les aime. Et pour cela, je n’ai jamais connu meilleure chambre.
Pour le reste de mon séjour ici, j’ai demandé à l’accueil si
je pouvais changer de chambre. Il n’a pas été très évident de négocier. Les chambres
sont majoritairement occupées et les touristes présents ici, avec tous les
services qu’offre la chambre, les occupent comme leur maison, pas question donc,
pour eux, de déménager.
Après trois jours d’attente, j’ai finalement pu accéder à une
chambre un peu différente. En effet, celles-ci sont toutes équipées presque pareil. Je
pouvais juste changer ma vue et mon niveau. Je me retrouve maintenant face au
vide désertique s’étendant devant moi. Et cette vue est appréciable depuis mon
balcon, je n’ai désormais plus de piscine privative et la présence des chèvres.
Ma salle de bain offre tout de même une magnifique baignoire ilot pour me
rafraichir à l’abri des regards. Quelques aménagements différent donc mais le
style et la taille reste les mêmes. Le contraste du bois de qualité avec la
pierre est toujours chaleureux et appréciable, de plus, le fait d’être à l’étage
me donne un sentiment de liberté : je ne me sens plus écrasée avec des
voisin et le balcon m’offre une vue plus dégagée. Je pense que je vais tout
autant aimer cette chambre.
Cette semaine, j’ai envie de vous partager mon expérience d’un hôtel voisin. Depuis le temps que je séjourne ici, j’en oublie la qualité du Beresheet, à y tourner en rond. Donc, pour pouvoir comparer et aussi faire de nouvelles rencontres, je suis allée découvrir l’hôtel le moins cher de Mitzpe Ramon.
Il s’agit d’une
auberge de jeunesse avec des dortoirs et chambres particulières. Mon hôtel est
très classe, celui-ci se rapproche un peu plus de ce que je connais. Ici, tout
est dans le partage. Les jeunes sont tous sympathiques et accueillants. On
comprend tout de suite la différence avec le Beresheet qui est consacré à la
détente. Alors que ce dernier nous offre une piscine par chambre, le Spice
Quarter Inn est plutôt composé de pièces communes avec notamment billards et
salons. L’espace est donc fait pour le partage et la rencontre. C’est vrai que,
lorsque je me balade dans les couloirs du Beresheet, les touristes ne sont pas
aussi souriants, chacun profite individuellement du lieu et les recoins, même
dans les communs, favorisent cela : si une famille est installée, hors de
question de squatter un fauteuil. Les pièces de Spice Quarter Inn sont plutôt
vastes et les groupes de jeunes peuvent s’approprier l’espace. Déjà, le lieu
semble être construit sous un entrepôt, dans lequel ils ont créés des cloisons,
ce qui pourrait presque être amovible.
Comme l’auberge est très accueillante, n’importe quel
touriste peut venir s’installer en terrasse face à la rue. Des petites guirlandes
surplombent l’espace, donnant un coté estival fort appréciable. Là, des
occupants de l’hôtel n’ont pas tardé à venir me tenir compagnie.
Cela fait aussi quelques semaines qu’ils séjournent ici, ils
sont venus principalement pour la rando dans le désert, et la chaleur commence
sérieusement à les épuiser. Il était très amusant de partager nos expériences.
Eux, ont maintenant envie d’un endroit calme ou se reposer, alors que moi, je
cherche l’échange. J’ai gardé leurs numéros, peut-être qu’ils m’emmèneront en
balade la prochaine fois qu’ils auront le courage de repartir.
Apres une après midi sur la terrasse bruyante, à observer
sans cesse des gens en mouvement, je rentre retrouver les couloirs calmes du
Beresheet. Je me pose sur ma terrasse privée en observant le soleil se coucher
derrière le cratère. Les chèvres se reposent non loin de moi, j’ai l’impression
d’être en campagne, j’apprécie de nouveau le silence ambiant.
Je m’étais jurée de passer plus de temps hors de ma chambre,
à découvrir et vous faire partager les espaces communs de l’hôtel. J’ai bien
fait. Ces derniers jours, ceux-ci étaient fortement animés, et les touristes plus
que jamais à la recherche de l’échange. En effet, craignant de devoir bientôt
s’enfermer un peu plus dans nos chambres, tout le monde souhaitait bénéficier
des espaces communs, tout aussi qualitatif que les chambres. Ils sont pourtant
bien différents. Là où les chambres sont en pierres et relativement fermées sur
l’extérieur (je rappelle qu’une seule façade est exposée), les communs de l’hôtel,
tel que le restaurant, sont très ouverts avec de grandes baies. La vue est
remarquable depuis là bas. Nous sommes un peu plus haut que dans les chambres et
la vue sur le cratère est exceptionnelle.
J’aime m’y installer durant des heures. Je me pose là,
toujours à la même table. Elle est dans l’angle. J’ai ainsi une vision sur tous
les gens qui passent, sans pour autant me sentir envahie. Et l’avantage de
cette grande salle c’est que les ouvertures font l’angle, je suis donc baignée
de lumière. De l’autre coté de la vitre, une terrasse d’environ 5 mètres de
large offre la possibilité de s’installer sur des transats, un peu à la manière
du bord de la piscine, mais un étage au-dessus. De là, on voit donc les gens se
baigner et la piscine à débordement qui semble se déverser dans le paysage.
Comme dans le hall et les chambres, la pierre est absente de cet intérieur, on l’aperçoit à peine sur l’épaisseur du mur extérieur. Mais c’est amusant, un peu labyrinthique, l’hôtel est fait de plein de petits couloirs et espaces cachés. Des salons se cachent dans des coins. Et le long d’une déambulation, il est possible de tomber nez à nez avec un mur de pierre. Posé ici comme s’il fallait rappeler le contexte, là où les fenêtres sont absentes. Parfois, j’ai vraiment l’impression de ne plus être au milieu de ce grand désert.
Cette semaine je suis beaucoup sortie. Le temps était plus frais et surtout, je tournais vite en rond dans ma (pourtant grande ) chambre. Avec la crise sanitaire l’hôtel est plus vide que d’habitude et il y a peu de francophones. Alors, j’ai décidé d’aller visiter les alentours. Et aujourd’hui, je vais vous parler de la petite ville de Mitzpe Ramon.
5000 habitants, de premier abord peu intéressante, elle cache en vérité des merveilles. Et si elle existe telle qu’elle aujourd’hui, c’est bien grâce aux touristes des hôtels et venus voir le cratère, alors, autant en profiter. Les gens sont tout sourire, accueillants et généreux, ca fait tellement du bien. Pourtant, leur maisons sont petites et vétustes et facent aux touristes riches des hôtels de luxe de la ville, ils ne semblent pas jaloux. Le contraste est fort. Leur habitations sont de même typologie, rangés en bande, tel un quartier ouvrier et populaire. La ville a été construite récemment, dans les années 1950, en effet pour des ouvriers. Depuis, des entreprises et touristes sont venus s’installer et la ville commence à se développer.
Le centre est animé. L’ambiance est musicale, partout des gens chantent et dansent et il y a des clubs de jazz qui ont fermés pour la plupart, à cause du covid. J’aurais aimé voir ca dans un contexte normal. Des peintres et autres artistes partagent leurs œuvres dans la rue. Parmi ces petites maisons de pierres et ces gens pauvres mais si humains, le contraste entre le luxe et la ville ne se fait plus sentir, tout le monde partage la même joie. Et quand je rentre à l’hôtel, j’ai un sentiment particulier, je reconnais le luxe d’avoir une chambre de la taille de leurs maisons. Et je reconnais aussi l’histoire de cet hôtel qui participe au développement de la ville. Je ne vivrai désormais plus mon voyage pareil. Promis, je vais me sociabiliser.
Voilà
maintenant quelques semaines que j’habite cet hôtel. J’ai essayé de me promener
pour découvrir la région, malheureusement il n’y a pas grand-chose à voir à
part le désert a perte de vue. Evidemment, j’ai fait le tour du cratère, celui
qui se trouve face à l’hôtel, le plus grand du monde apparemment, dont nous
avons une vue imprenable depuis la terrasse du restaurant. C’était
impressionnant, mais la chaleur m’a vite monté à la tête. En voici quand même
un aperçu.
Finalement c’est bien dans ma chambre que je passe le plus de tps. Elle
est très spacieuse et le fait que ça soit une petite maison m’offre vraiment une
intimité, je suis dans ma bulle. En plus je bénéficie de ma propre piscine sur
la largeur de la chambre, environ 4m de large. Les seuls regards qui peuvent
m’embêter à ce moment-là sont les chèvres présentes partout sur le site. J’ai
réalisé un petit plan à la main pour vous donner une idée.
Parfois je vais à la grande piscine, celle dont tous les touristes parlent. Insoupçonnable depuis la rue elle semble se vider dans le cratère qui lui fait face. Là j’y ai rencontré des Allemands, ils y sont tous les jours parce qu’ils n’ont pas la chance d’avoir une piscine privative en habitant à l’étage. Malgré ça, eux non plus ne sont pas déçu de l’hôtel et d’avoir quitté la crise sanitaire. Ici, perdus au milieu de nulle part, on a l’impression que tout ça n’existe pas. J’irai en ville bientôt, peut-être que je me rendrai compte alors qu’ici aussi la covid est bien présente mais surtout, l’ambiance de la ville de Mitzpe Ramon est si particulière que mes nouveaux amis m’en ont longuement parlé pendant que nous sirotions notre mojito au bord de la piscine. Tellement qu’ils m’ont presque gâché la surprise ! J’ai vraiment hâte de sortir un peu, mais je vous en parlerai la prochaine fois, car là, je finis ma sieste au bord de l’eau.
Dans ce grand hall j’ai récupéré les clefs de ce qu’ils appellent ma « villa ». De là on m’a emmené à l’aide d’une voiturette de golf au pieds des chambres. Pas facile de repérer la mienne parmi cet entassement de petites maisons cubiques. L’ambiance de l’extérieur est rustique. Les maisons sont de pierres, comme l’habitat traditionnel, et il faut déambuler sur des chemins caillouteux pour y accéder. J’adore me promener dans ces « ruelles » en longeant les murs de pierres réchauffées par le soleil. Les petits murs de pierres délimitant ces chemins créent une ambiance chaleureuse que j’apprécie beaucoup traverser chaque jours. Des gens sont parfois assis dessus, comme si les rues deviennent des terrasses publiques.
Les villas, de ce coté ci sont très fermées. Seulement un escalier se dégage de la façade pour permettre l’accès à la chambre de l’étage. La mienne se trouve en RDC, je me faufile donc sous l’escalier pour y rentrer. J’ai eu une étrange surprise en ouvrant la porte la première fois. La même que lorsque j’ai découvert le hall. L’intérieur est très classe. Je n’ai pas l’impression d’être dans le même hôtel : les murs de pierres ont disparu pour faire place au marbre, et carrelage parfaitement lisse. La chambre est immense, 60m2 m’ont-ils dit. Au fond de la chambre, face au salon se trouve une baie vitrée sur toute la largeur de la pièce. C’est le seul élément qui permet de me rappeler que je suis dans le désert. La terrasse est couverte par le balcon de mes voisins qui vivent au-dessus. La lumière rentre difficilement. Mais après déjà quelques jours je me rend bien compte que la fraîcheur de la chambre qui m’inquiétait est forte appréciable.
Après ce long trajet qui m’a paru si interminable je me hâte
de sauter du taxi. Celui-ci avait quitté la route principale pour me déposer au
cœur de l’hôtel. En face de moi : un grand bâtiment d’accueil, à sa gauche
une succession de petites maisons de pierres pareil qu’à sa droite. L’ensemble
du terrain est délimité par des petits murets de pierres, qui ne semblent pas
faire obstacle aux chèvres. Vous avez bien lu oui ! J’arrive dans un hôtel
5 Etoiles et je suis accueillie par… DES CHEVRES ! Ce qui explique certainement
qu’il n’y ait pas de voitures qui circulent dans le site. La route est dégagée
pour les touristes aux allures d’instagramer qui prennent leurs meilleurs
selfies en compagnie de ces charmantes bêtes. Finalement je crois que voir ces
gens bien connectés me rassure un peu quand même et je retrouve le sourire.
De là, je ne vois toujours pas de piscine, ni de belles
vues, mais voir les touristes heureux me fait du bien. J’entre dans le hall
immense, pressée de découvrir l’intérieur des lieux ! Je n’ai maintenant plus
aucune vue sur le désert, la pièce est relativement fermée et artificiellement
éclairée. Ça y est, on sent le luxe. Une énorme fontaine à eau se trouve au milieu
de la pièce, j’ai déjà l’impression d’avoir quitté le désert.