Lodging _ Porto

Durant mon séjour à Porto, j’ai eu l’occasion de visiter et d’habiter un autre projet de Pedra Liquida.

Comme nombreuses de ses réalisations, le Malmerendes s’imagine dans un bâti ancien de Porto. L’architecte mêle deux programmes: logement du propriétaire et bureaux. J’ai donc arpenter les escaliers du programme pour atteindre la chambre principale, à la fois témoin du passé du lieu tout en frappant par sa sobriété. Elle a quelque chose de pure, un regard essentialiste de la chambre, un lit central dépourvu de tout mobilier ou obstacle visuel.

Cette pièce est extrêmement liée aux notions d’intériorité, d’habitat, d’abri. Pour autant, elle cherche une liaison, une connexion, voire une immersion, vers le ciel, vers l’extérieur. Elle se repli pour d’autant plus s’offrir à son environnement.

La chambre s’habite par le lit. Les yeux vers le ciel, le projet nous montre son coeur.

Périple

Ces deux dernières semaines ont été particulièrement intenses ! Je reviens donc avec pleins d’images de paysages, d’architecture, de trajet et de rencontres. J’ai parcouru environ 2 000 kilomètres entre la Lorraine, la Normandie et l’Aquitaine.

J’ai pu observer les champs à perte de vue de la Champagne-Ardenne. J’ai profité d’une pause dans une de ces aires d’autoroute aussi étrange que réconfortante. Ces lieux sont d’autant plus inhabités en ces temps de covid, leur donnant un aspect abandonné presque séduisant.

Après de longues heures de réflexion, de musique et de discussions captivantes, je retrouve la douceur de Bordeaux, plus que nécessaire ces derniers temps. Une après-midi à l’ombre des vignes, les pieds dans l’eau suffi pour oublier la fatigue et le stress de ces derniers mois.

La dernière étape se veut nuageuse mais heureuse. On en viendrait presque à les apprécier, ces nuages normands. Le vent frais, la plage déserte, tout est réuni pour un retour nancéien apaisé.

Atelier Pedra Liquida

Après deux mois de parcours au sein de la Casa et la Tipografia do Conte, j’apprend que l’agence de l’architecte est dans le même bâtiment ! Je suis bien décidée à rattraper le temps perdu et à en apprendre d’avantages sur les projets que j’habite….

À l’image de l’hôtel, l’atelier se développe tout en longueur. Malgré son passé industriel, le bâtiment s’apparente d’avantage à un espace d’habitation : surfaces réduites, hauteurs sous plafond moyennes, parquet et charpente bois. Le passé du bâtiment est signifié autrement: murs en pierre, cloisons en bois d’origine, volets recyclés, gaines apparentes…

accueil de l’atelier, installé au r+1 du bâti.

Derrière le bloc sanitaire tapissé de tuiles, la salle de conception se démarque par son haut volume. L’architecte conserve la flexibilité spatiale d’origine pour créer un espace partagé lumineux et spacieux.

La coupe illustre l’insertion de l’atelier au sein du volume d’origine. L’entrée se fait donc côté rue, par la façade existante en granit, on accède ensuite à l’atelier par l’escalier rénové menant à la réception. L’accueil donne donc accès au volume principal de bureau et à la salle de réunion plus intime.

empreinte et poésie

Les plafonds gravés de la Casa do Conto auront inspirés le dessin de mon projet d’hôtel. Je me lance donc dans de nouveaux modes de représentation, d’exploration. L’argile prend le rôle du béton, se déforme, se creuse et explore différents reliefs et textures. Comment vivre l’architecture autrement que par la vue? L’expérience architecturale se veut multi-sensorielle. En effet, le toucher participe grandement à notre manière d’habiter l’espace. L’espace urbain de l’hôtel ne sera donc pas clôturé ou cloisonné. Les usages seront différentiés par le sol, notamment au travers de l’empreinte. Le seuil, la matérialité, la marque, l’espace public se voudra libre et ouvert tout en exprimant ses fonctions et circulations par le traitement du sol.

Terceiro confinamento

Suite à cette énième annonce, il me faut un espace adapté pour le travail et le repos, et je pense bien avoir trouvé la chambre idéale. Elle se déploie en deux espaces, liés par une passerelle. La première pièce est un bureau. Contrairement aux deux derniers confinements, ma chambre ne se transformera pas en bureau, et inversement, au fil des jours. J’aurai donc deux espaces bien distincts, et surtout, un accès à l’extérieur. Le bureau est baigné de lumière par sa grande ouverture donnant sur le patio, et je dois avouer que la vue sur le ciel, me réjouis beaucoup (un peu trop), c’est que les petits plaisirs font les grands bonheurs en ces temps étranges…. Quoi qu’il en soit, le plafond et le sol en béton alliés au mur de bois foncé me paraissent être l’atmosphère idéale pour finir ce semestre de M1. En plus, pas de lit à proximité, juste un canapé qui apaisera mes journées intensives.

La chambre se trouve juste en face, au bout de la passerelle légère en béton et métal. Je surplombe le patio le matin et le soir. Ce passage extérieur me permet de dissocier travail et repos, différenciation psychologique très importante pendant ce confinement. Le plafond oblique de la chambre diffère du bureau, il rend la chambre plus chaleureuse. Elle manque néanmoins de rangement, d’espaces qui permettraient de déposer mes objets personnels, mes livres, pour cette longue période qui m’attend. 

Réhabilitation: mémoire, réemploi et poésie.

maquette de la Tipografia do Conto, Pedra Liquida.

Cette maquette coupe répond à de nombreuses questions. Les deux corps de bâtiments s’organisent de façon similaire, avec leur circulation verticale centrale, leur volume et leur matérialité.

J’ai donc pu comprendre l’organisation de l’hôtel en m’appuyant sur la maquette et les explications de Paula, ma partenaire de découverte. Le bâtiment a été construit au début du XXe siècle et abritait des activités industrielles, typiques du centre-ville, dont une typographie et un atelier d’arts graphiques. Le projet est donc une réhabilitation, il garde son aspect « atelier »  en conservant la façade principale en pierre, le patio central pour l’éclairage et la ventilation, et le rez-de-chaussée libre. L’architecte récupère également tout le bois présent sur les façades du patio dans l’atelier.

La Tipografia do Conto offre des espaces poétiques par ses plafonds en béton gravés en bas relief, où il est possible de lire des passages, extraits ou fragments de divers auteurs de référence nationale et internationale liés à ces différents domaines: architecture, recherche, enseignement, graphisme et design.

Culturæ Architecures

Nouvelle semaine, nouvelle chambre ! Je dois dire que la suite A2 me plaît bien. La longue banquette bleue s’approprie toutes mes lectures. Le choix de Sur la route, pendant cette période d’isolement me questionne. Jack Kerouac me rend nostalgique tout en m’offrant des moments de répit, d’évasion. Mon regard traverse parfois les fenêtres, depuis lesquelles je peux observer la vie de la rua de Alvares Cabral. Je trouve cet espace plutôt bien pensé. Les plafonds sont hauts, près de 3m je pense, les grandes menuiseries et leurs volets intérieurs agrémentés de voilage blanc rendent la chambre lumineuse et chaleureuse. Une boîte en miroir se démarque du volume de la pièce, elle abrite intimement la salle de bain. Depuis le lit, le texte latin gravé sur le plafond se reflète, « Culturæ Architectures », la chambre semble vouloir me reconnecter avec le réel.