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B4 Suite rooftop
Après avoir appréhendé la poésie de la Casa do Conto pendant un mois, je fais mes valises pour la deuxième partie de l’hôtel située dans une rue parallèle, la Tipografia do Conto. Il propose 10 chambres, je choisis la plus petite de l’hôtel, située au dernier étage avec sa vue dégagée et surtout, son balcon filant. Elle fait environ 11m2, large de 2,5m et longue de cinq. L’étroitesse de la pièce s’oublie immédiatement par son ouverture sur l’extérieur. Où que je sois dans la chambre, j’ai une vue sur le ciel, la terrasse, les oiseaux ou encore sur les nombreuses façades colorées. Les grands miroirs toute hauteur agrandissent l’espace et participent à cette continuité visuelle. L’extérieur s’invite dans la chambre et rend cet espace paisible, par ses ombres, ses reflets et les rayons de soleil déstructurés. Couchée sur le lit 160×200, je retrouve les poèmes gravés sur le plafond de béton. Les mots I like birds sont inscrits six fois sur le plafond incliné, ils n’auraient pas pu être mieux choisis.
Musicalement votre
S’il y a une chose à retenir de ce début de mois de mars, c’est l’effervescence dont regorge l’hôtel. Et si je devais choisir un lieu, ce serait sans hésitation le jardin. Il est le poumon de l’hôtel. J’ai pu rencontrer des compagnons de voyage certains matins, assise à l’ombre de l’unique arbre, mon café à la main. Avec eux, nous avons échangé de longues heures, pendant que le soleil nous quittait, assis sur l’herbe et adossés aux murs épais en pierre.
Ce jardin est renfermé par son accès unique et ses quatre murs bruts. Pourtant, il est ouvert par ce qu’il nous dévoile des façades arrières environnantes, par les rencontres qu’il crée et par les nombreux événements qu’il abrite. J’y ai découvert un film d’une jeune artiste portugaise qui en faisait sa promotion. Les murs en pierre se sont transformés en musée lors de l’exposition des étudiants des Beaux-arts, entre sculpture, musique, pieds nus et caipirinha. Et pour finir, pour mon plus grand plaisir, la Casa do Conto réserve chaque première semaine du mois à la musique. J’ai donc vu le jardin se remplir, au rythme des pianos, sous le thème sensible de la semaine « 1+1 c’est déjà un paysage ».
Poème éternel
Quand Paula m’avait dit à mon arrivée qu’elle prenait ma découverte à coeur, elle n’avait pas menti ! En un peu plus de deux semaines j’ai pu expérimenter trois chambres, visiter les cuisines, les jardins et écouter les nombreuses anecdotes qu’un hôtel peut garder. La suite résidence AD a été la première et la plus caractéristique de l’image de l’hôtel que je me faisais. Les draps blancs volumineux contrastent avec la boîte en béton qui occulte la salle de bain. Sans surprise j’ai passé de longues minutes (heures?) à essayer de décortiquer les longs poèmes gravés sur le plafond. Ils sont à la fois écrasants par leur échelle et leur matériau mais surtout oniriques, ou même romantiques. Leur doux message y est « gravé dans le marbre », lui donnant un caractère immuable tout en liant intimement les différents habitants passagers de cette chambre.
Béton vs vintage
Je passe le pas de la porte noire très opaque et me voilà face à un escalier de cinq petites marches. Bien loin des halls d’hôtels spacieux et épurés, l’arrivée à la Casa do Conto se veut intimiste et chaleureuse. Étrangement, malgré l’aspect très contemporain qui se dégagent des murs blancs et du béton présent du sol au plafond, l’ensemble est tout sauf froid et austère. Je suis directement attirée par le canapé en cuir jaune sur ma droite, ces objets à la fois kitsch mais tellement réconfortants. Il peut sembler anodin et pourtant il est central, il a quelque chose de l’ordre du familier, du chez-soi. Les vieux meubles rendent cette pièce rassurante.
Je m’approche donc de la personne derrière ce grand bureau en bois foncé. L’espace n’est pas éclairé par des plafonniers ou des suspensions, mais par des points lumineux dispersés, doux et singuliers. Le grand sourire de Paula m’accueille entouré d’objects très différents. De la photo de Porto aux chaises en cuir moutarde, et du buffet en bois esprit années 60 au tapis molletonneux noir, je suis à peine arrivée mais pourtant déjà apaisée.
La découverte
BLEU ET OCRE
Casa do Conto, Porto
Impatiente de retrouver la douceur et la quiétude de Porto, je me précipite en dehors du train et me voilà dans cette gare à la beauté et aux fresques bleutées qui me plongent directement dans la culture portugaise. Pas de doute, je suis à Porto, plus que jamais prête à participer à l’effervescence de la ville le temps d’un semestre.
Mon regard balaie les rues pavées étroites, les devantures colorées alors que mes jambes commencent à ressentir les hauteurs de la ville. La douceur de l’air de cette soirée de février me plonge dans mes souvenirs de nuits d’été à arpenter ces rues sinueuses, en quête de musique, d’aventures, aux anecdotes aussi surprenantes qu’uniques.
Après une vingtaine de minutes de parcours, me voilà dans la rue de l’hôtel. Sa longue pente m’offre une ouverture surprenante sur la ville et sur ce que je crois être une place. Je suis heureuse de voir que l’hôtel prend place dans une rue caractéristique de Porto, par ses azulejos, ses façades passant du rose au jaune, du vert au orange, au petit café affichant fièrement l’enseigne Super Bock et mêlant parfois des bâtiments très anciens à des édifices modernes indéchiffrables dans un ensemble étrange mais séduisant.
Me voilà devant mon chez-moi temporaire, je suis agréablement surprise de la façon dont il se mêle aux autres bâtiments, j’étais probablement influencée par toutes ses images de béton alors que la façade témoigne du Porto historique, avec sa faïence aux motifs bleu et ocre, une façade à la fois colorée et humble.