retour en France

un peu de nostalgie, le cœur lourd, je quitte Matera.
Le vol était prévu pour 6h, la compagnie a fait 1h de retard,

la tête dans les nuages, pleines d’images, de sensations, d’émotions, je me sens plus légère, plus détendue. le séjour dans cet hôtel était très relaxant, et ressourçant. Arrivé a Nancy , il pleut. les restrictions sanitaires diminuée, on reprend les cours en présentiel le lendemain. J’ai hâte de revoir mes camarades et de partager avec eux, ce carnet de vacance

Dernier jour

Le séjour est passé très vite, je décide de profiter de ce dernier jour pour déguster le pain spécial de Matera, de partir prendre l’apéro dans mon bar préféré de la ville et de passer du bon temps au soleil.

Avec une forme évoquant les pierres et les grottes, il est fabriqué à partir du « blé dur » de la région et la préparation de la levure doit suivre un certain processus. Tout cela donne un goût particulier et une croûte trés marquée limite brulée . Le bar nous le sert sous forme de bruschetta, garnies de tomates, aubergines, courgettes, fromages. le vin était délicieux, l’air frais. L’apéro s’est prolongé au diné.

Eglise Purgatoire

l’évènement de cette semaine est la visite de l’église du Purgatorio, achevée en 1747. le décor est fascinant, et les détails intrigants. Des crânes et des squelettes, attirent l’attention. les autres visiteurs nous explique que ces motifs étaient utilisés pour transmettre des messages symboliques : tous les hommes peu importe leurs classes sociales, sont égaux après la mort. Le thème de la mort et de l’égalité était populaire à cette époque.

citerne

Cette semaine en résumé : promenade, vins, détente, lecture, soleil, mais un évènement majeur quand même ! la visite guidée par Florian d’une des citernes sous-marines, découverte seulement dans les années 90 et datant du 16ème siècle. L’eau de pluie y était collectée et distribuée au plus aisés. les dimensions étaient impressionnantes, la circulation se fait grâce a un pont métallique, traversant tout l’espace. l’odeur de la pierre et de l’humidité imprègne l’espace

Tout en haut

Cette semaine j’ai visité les marchés pittoresques de Fonte Vetica et assister à des dégustations de vins. J’ai également visité le seul musée grotte au monde le Musée de la Sculpture Contemporaine (MUSMA), situé dans le Palazzo Pomarici, bâtiment historique du 16ème siècle, le MUSMA compte près de 500 œuvres d’artistes nationaux et internationaux.il est considéré comme un authentique point de référence culturel de la Basilicate.

J’ai également visité la suite de mes amis de vacances. Il faut gravir jusqu’au dernier niveau des Sassi pour y accéder. La suite est divisée en trois espaces grâce à trois voûtes.  L’espace salle à manger, la chambre et la salle de bain. 

Les espaces sont en alcôves, l’entrée se fait grâce à une grande porte massive en bois à deux vantaux . La salle à manger est éclairée par une ouverture toute hauteur.  Des rideaux en lin blanc viennent apporter plus d’intimité à l’espace. La deuxième voûte représente l’espace chambre, qui elle jouit de deux petites ouvertures, et d’une grande donnant accès à la terrasse privatisée. La troisième contient la salle de bain, dont les murs, sol et plafond sont laissés au naturel. Le lavabo est creusé dans la roche, et la baignoire est en céramique blanche d’une forme courbe, très design.

La salle de bain est éclairée uniquement grâce aux bougies posées à même le sol. 

Je suis revenue plusieurs fois, pour profiter du coucher de soleil, et boire un verre de vin sur la terrasse qui offre une vue panoramique sur Matera.


temps pluvieux

Il a plu toute la semaine, je suis restée la plupart du temps dans ma chambre, il faisait bon.  La chaleur contenue dans les murs ressortait et les bougies accentuaient cette ambiance chaleureuse. Le bruit de la pluie sur la pierre naturelle me paraît étrange.

J’en ai profité pour regarder de plus près ma chambre. J’ai essayé de distinguer et de deviner les éléments ajoutés par les architectes. Certains étaient très subtiles tels que des niches creusées  alors que d’autres étaient plus évidents tels que le muret en pierre qui sert de tête de lit. La séparation des espaces ne ressemble pas à celle que j’ai pu étudier dans les documents que mon ami bouquiniste m’a prêté. J’ai également mesuré la superficie qui est de 30m², trop vaste pour la superficie des grottes originales. Soit elle a été agrandie, en creusant vers la terrasse, soit la superficie résulte de l’addition de deux grottes. J’ai également dîné avec mon couple italien préféré. Ils m’ont proposé de visiter en début de semaine prochaine  leur chambre, qui est une suite tout en haut des Sassi.  J’ai également participé à un cours de cuisine offert par l’hôtel, qui a eu lieu dans une salle à manger troglodyte. J’ai également pris rendez vous pour une visite guidée nocturnes des sassi.


Peinture rupestre

Cette semaine était consacrée à l’étude de l’histoire des grottes de leurs anciennes formes d’occupation, de leurs populations, et des différentes fonctions qu’elles ont pu accueillir. 

Ces grottes représentent vraiment la division sociale qu’il y a pu exister à Matera. J’ai également continué ma recherche de la fameuse grotte aux peintures cachées, sans succès. Par contre j’ai trouvé lors d’une de mes promenades une église rupestre dont les murs sont ornés de peintures. Mon ami bouquiniste m’informe que sous la domination normande-souabe au début du XIIIe siècle, la Ville est nommée diocèse. Ceci renforce le sentiment religieux de la population, qui se manifeste par la construction d’un riche patrimoine architectural et artistique ecclésiastique. Je lui ai également emprunté plusieurs ouvrages pour mes lectures  d’après midi sur la terrasse. 

vivre avec les poules et les mules

dimanche soir : une fois arrivée à l’hôtel je me rends compte que je suis en retard pour le dîner, et que je n’aurais surement pas le temps d’aller mener ma petite enquête. La soirée se passe alors autour d’un verre de vin, dans cette magnifique église rupestre entourée de Chiara et Nathalio.

lundi : Il fait très chaud, j’ai envie d’aller boire une limonade en terrasse et de profiter du soleil pour lire. Je m’accorde la matinée, l’hôtel a vraiment cette spécificité d’apaiser, le temps semble passer plus lentement, et l’esprit est plus léger. l’architecture du lieu y joue beaucoup, ces terrasses qui offrent un panorama sur la ville, avec de temps en temps des espaces plongés dans l’ombre des arbres, qui offrent un peu de fraîcheur.

Après m’être reposée, je décide de me promener dans la falaise à la recherche de ces fameuses grottes. Le cheminement est très particulier, je descends, je me tourne, pour redescendre, revenir à droite et arriver dans une première place. Le même parcours se répète plusieurs fois, sans succès.On trouve de tout, des murs construits, des portes, des voûtes, du grillage, des gardes corps en bois très rustiques, un grand parking, des grottes fermées par des portes en bois et un cadenas. le temps passant, je désespère et je rentre.



Au centre de la photo, l’église de San Pietro Caveoso marquant l’accès au Sasso Caveoso ; en haut à droite, l’église de la Madonna dell’Idris, entièrement creusée dans la roche et fermée par une façade construite. © Samanta Deruvo.

mardi : je retrouve mon ami bouquiniste cet après- midi, je me lève tôt et je reprends ma recherche mais dans la direction inverse cette fois-ci. Toujours des heures passées sans succès. je finis par trouver par hasard, une porte dont la serrure semble usée, je force l’entrée.L’espace est très sombre, j’arrive a distinguer 2 pièces. Une principale et une beaucoup plus petite. Mais toujours pas de peintures.

Je vais voir mon ami, il est toujours occupé et me demande de revenir plutôt demain. Je rentre en repassant par la grotte découverte, pour prendre quelques mesures et photographier l’espace. Je me rends compte que la deuxième pièce fait a peine 2m², très étroite et au fond de la grotte. peut être une réserve ? J’espère que mon ami aura des réponses. 

mercredi : j’explique mon aventure à mon ami bouquiniste,Roberto,  il m’explique que l’urbanisme a Matera a été beaucoup influencé par les politiques de l’époque, on arrivait très distinctement, à percevoir la séparation des classes sociales, dans l’urbanisme de la ville. Les ouvriers, fermiers, dans les grottes, et les plus aisées dans le Piano, le plan bas, la vieille ville actuelle.

Plus matera, attirait des immigrés plus la population des grottes se densifiait. Les familles se trouvaient obligées de loger à plusieurs dans une seule grotte, ou encore de transformer des anciennes citernes en grottes. Les conditions de vie étaient aberrantes même à l’époque. La pièce de 2m², était réservée aux mules, qui restaient également dans les grottes.

citerne transformée en grotte

Immersion historique

Cette semaine était très enrichissante en découverte. Ce qui me fascine le plus dans ce site classé patrimoine mondial de l’UNESCO c’est l’authenticité et l’identité qu’il porte en lui. Toutes ces couches, ces vies humaines et ces histoires qu’il a abritées. 

En observant la structure des Sassi, on peut facilement distinguer  l’évolution sociale et architecturale de l’humanité, le passage de simples abris creusés, aux grottes avec façades, à la construction de toits terrasses, jardins.  L’évolution de la structure sociale d’une communauté est aussi retranscriptible. Les différentes interactions humaines entre les individus, les familles, les habitations, les quartiers et les églises, le passage de la campagne à la ville. 

Cette semaine a été majoritairement consacrée à la découverte de la ville, dans l’espoir de trouver des informations sur l’histoire  et le mode d’occupation originale des anciennes grottes. 

Mes premiers entretiens avec les habitants, paysans et commerçant du centre historique de la ville, m’ont confirmé les premières analyse faites sur place 

Appelés les Sassi,  ils représentent deux des plus anciens secteurs de la ville de Matera, ils sont principalement composés de maisons en partie creusées, ou en partie construites, incrustées dans la falaise. 

Au cours des siècles et des millénaires passés, les habitants ont agrandi les grottes formées naturellement et en ont creusé de nouvelles dans le calcaire.

Ils ont utilisé la pierre extraite pour construire des pièces supplémentaires. Dans cette ville verticale, composée d’une douzaine de niveaux, les rues d’un niveau fournissent le toit des structures situées en dessous. 

Selon Pietro Laureano, auteur de la proposition d’inscription à l’UNESCO, les grottes, dont beaucoup sont en pente descendante à mesure que l’on y pénètre, ont été aménagées de manière à maximiser l’efficacité de la construction. Elles ont été développées pour maximiser l’apport de lumière, l’hiver . Bien qu’humides, les grottes offrent un confort thermique épatant : un air  frais en été chaud et un abri chaud en hiver. Les cultures qui se sont développées ici, ont maximisé la collecte des eaux de pluie grâce à un système complexe de gouttières/ citernes ( appelées Gra Baglioni) qui sortent de la crête de la colline et recoupent chaque niveau et secteur des  grottes.

Ces informations réconfortent mon intuition ! Les habitants m’orientent vers un bouquiniste dont la boutique se trouve au bas du village. Je m’y rends dès ce weekend. 

La boutique est assez étroite, mais jouit d’une façade en calcaire dont le charme est indéniable, à l’intérieur, des livres, des archives, des tableaux un vrai cabinet de curiosités. J’aperçois un vieil homme; au fond le nez dans un journal, des cheveux blancs gris, des rides expressives, et des lunettes rondes  un peu trop grandes pour son visage. J’approche, et je lui explique que j’aimerais connaître un peu plus l’histoire de la ville, et surtout de l’occupation des grottes.  

Il esquisse un énorme sourire, il semble être ravi et très enthousiaste de me faire part de cette histoire. Il me ramène une chaise et une pile de livres. Il me demande si j’ai envie d’un café, ou d’eau fraîche. Une fois servie;  il commence sans attendre.  Il m’explique que le site est habité, continuellement, depuis deux millénaires. La ville trouve ses racines et existe grâce aux grottes  et villages qui constituent les premiers villages du Paléolithique au Néolithique. Le site était idéal pour une société préhistorique,  les grottes d’un côté et les rives de la rivière de la Gravina de l’autre.  

Il m’explique également que la ville a toujours entretenu une relation forte avec la religion. Son essor est dû au développement des monastères dans la région. Je lui demande alors si l’église qui nous sert de salle de repas date de cette époque. Il acquiesce et affirme que les églises rupestres et demeures monastiques dans les grottes, qui se trouvent enrichies de peintures figuratives religieuses datent bien du début des années mille. Je lui demande si ces peintures existent encore ? Je n’en ai vu aucune encore. Il pense qu’elles sont fermées au grand public, afin de préserver la peinture.  Je sais déjà que lors de mon retour aux grottes, je vais essayer de m’y faufiler, je ne pourrais résister. 

Des clients entrent dans le magasin et nous interrompent , le vieillard se lève il part les conseiller et me demande de revenir, au cours de la semaine prochaine, un mardi peut être ou il sera plus libre et pourra m’accorder plus de temps. 

Je lui souhaite une agréable soirée, et me précipite vers l’hôtel, une seule idée en tête, trouver ces grottes originales.