Je passe le pas de la porte noire très opaque et me voilà face à un escalier de cinq petites marches. Bien loin des halls d’hôtels spacieux et épurés, l’arrivée à la Casa do Conto se veut intimiste et chaleureuse. Étrangement, malgré l’aspect très contemporain qui se dégagent des murs blancs et du béton présent du sol au plafond, l’ensemble est tout sauf froid et austère. Je suis directement attirée par le canapé en cuir jaune sur ma droite, ces objets à la fois kitsch mais tellement réconfortants. Il peut sembler anodin et pourtant il est central, il a quelque chose de l’ordre du familier, du chez-soi. Les vieux meubles rendent cette pièce rassurante.
Je m’approche donc de la personne derrière ce grand bureau en bois foncé. L’espace n’est pas éclairé par des plafonniers ou des suspensions, mais par des points lumineux dispersés, doux et singuliers. Le grand sourire de Paula m’accueille entouré d’objects très différents. De la photo de Porto aux chaises en cuir moutarde, et du buffet en bois esprit années 60 au tapis molletonneux noir, je suis à peine arrivée mais pourtant déjà apaisée.
La plus grande chambre pour la vue j’ai choisi. Étendu sur le lit je me suis endormi. Au réveil, le Castelo de Arraiolos montrait sa silhouette à travers la vitre. Nord-Est, panorama cadré, au loin, le molosse Prise d’air, brise du matin, rosée, bientôt la suite.
Quoi de mieux que de partir une semaine au Brésil dans un Hôtel luxueux situé au bord de l’océan Atlantique sud pour s’assoupir et s’éloigner le temps d’un instant de notre quotidien surchargé et mouvementé.
La semaine de travail touche à sa fin, il est temps pour moi de faire mes valises et d’aller en gare. C’est une fois arrivé en gare de Nancy que je m’oriente dans le hall central afin de découvrir le quai sur lequel mon train est arrêté. Après quelques minutes d’attente j’aperçoit sur l’écran que mon train à destination de Paris est arrêté voie4.
Le train était vide sur plusieurs wagons. Incroyable les conséquences du COVID.
Une fois arrivé en gare de paris Est, je m’oriente vers un taxi afin qu’il m’amène à l’aéroport… Après ce long périple, me voici assis dans l’avion, collé au hublot. C’est une fois installé que je commence à rêvasser et à imaginer ce magnifique hôtel. Un hôtel qui semble épousé son environnement, ou les troncs d’arbres viennent transcender le bâtiment, ou le calme semble régner au point d’entendre le vent effleurer ces longs troncs…
Dans le train allant de la gare centrale de Boden à Harads, je discute avec l’homme assis à mes côtés. C’est un habitant local qui rentre chez lui après une semaine de vacances. Il devine tout de suite que je viens pour séjourner au Treehotel ; Harads est connu pour cet édifice atypique. Il m’explique que notre destination est un tout petit village suédois avec moins de 600 habitants. C’est le lieu idéal pour moi, il m’aidera à m’évader quelques temps de la ville où tout va bien trop vite.
Nous arrivons à 17 heures alors qu’il fait déjà nuit. Après avoir dit au revoir à mon compagnon de voyage, je marche seule vers la forêt boréale où se trouve le Treehotel, l’un des poumons de la Terre. Arrivant sur site, je ne parviens pas à le trouver tout de suite, alors j’erre un moment entre les végétaux de la forêt. A force de marcher en admirant tous ces arbres fins et longs, je me perds, peut-être un peu volontairement d’ailleurs. Je finis par arriver devant le lac, je lève la tête vers le ciel, et souris. Pour la première fois de ma vie, je voyais des aurores polaires. On aurait dit la plus magnifique des apocalypses. Insouciante, je m’allonge par terre et observe le ciel pendant des heures, heureuse de passer les prochains mois dans cet endroit aux airs de fin du monde chimérique.
Me réveillant en sursaut, je me rappelle soudainement mon rendez-vous étrange dans le 9e arrondissement à Paris. Je regarde l’heure sur mon téléphone, je m’aperçois que j’ai seulement 45 minutes pour me préparer, finir ma valise et me rendre à la gare de Nancy. Je me précipite pour m’apprêter. Je check vite fait ma to do List pour ne rien oublier, parce que je pars pour un temps indéterminé, sans savoir ce qu’il m’attend.
Arrivant sur le quai numéro 4, toute essoufflée, je monte dans le wagon 9, place ma valise dans le compartiment, et m’assieds au siège 12 en me disant que j’ai failli louper mon train. Ma respiration commence à revenir à la normale, je me sens rapidement bercer par le mouvement du train et commence à m’assoupir. En fermant les yeux, j’imagine ce rendez-vous inattendu et soudain avec cette personne qui met cher. Je visualise la douceur de son visage, plus précisément le mouvement de sa bouche quand il me sourit, la profondeur et la brillance de son regard quand il me voit, les mouvements expressifs de ses sourcils quand je lui raconte la perception de la vie dans mon monde tout merveilleux.
La vitesse du train ralenti, je me réveille tout en douceur. Contemplant le paysage de Paris Est, plus particulièrement en voyant les entrepôts MacDonald et la halle Pajol, je me remémore les moments passés avec mes amis d’archi à ces endroits. Le train s’arrête, les portes s’ouvrent, je prends ma valise et mon sac, je me dirige vers l’extérieur de la gare.
Le soleil m’éblouit, la chaleur me réchauffe, la précipitation des gens me stresse, le bruit des klaxons des voitures, des bus, des scooters me font rappeler que je suis bien à Paris. Ne connaissant pas le 9e arrondissement de Paris, et encore moins le lieu de rendez-vous, je décide de mettre en fonction mon GPS. Me laissant guider par la voix de l’application qui étouffe légèrement le bruit des automobiles, je commence mon parcours. Le stress commence a surgir en moi, le stress de l’inconnu, de la non-maîtrise de la situation, et les retrouvailles avec cette personne après quelques mois de séparation. Tout en marchant, en poussant ma valise à travers ces boulevards, ces ruelles avec cette architecture authentique d’Haussmann, ces cafés, ces bistros qui dynamisme la vie de l’arrondissement, je finis par oublier ce stress, en me laissant emporter par cette atmosphère parisienne.
Je visualise la plaque de la rue, je suis rassurée, je suis au bon endroit. Je me dirige vers l’esplanade devant l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile, j’aperçois au bout de cette rue piétonne, proche de ce magnifique bâtiment blanc, la silhouette de cet homme.
Commençons l’aventure avec un voyage sensible, plongeons-nous
dans le plus profond de notre âme et puisons-y tous ces sentiments qu’évoquent
en nous la vue de l’hôtel Faralda Crane à Amsterdam.
Un hôtel Grue, un bâtiment ? un édifice ? une
structure ? J’ignore comment l’appeler, mais ce qui est sûr c’est que c’est
industriel,
Un aspect mécanique, brut, sobre et dur est fort frappant,
Des couleurs primaires qui semblent remplir une fonction de
prévention plus qu’autre chose (esthétique d’un hôtel par exemple)
Un soupçon d’élément curviligne contraste l’ensemble rectiligne
et cubique,
Une hauteur importante, un élancement défiant l’échelle
humaine,
Un intérieur vintage et surchargé, se rebelle contre la
sobriété extérieure.
Après une escale à Istanbul, la traversée de cinq fuseaux
horaires en sens inverse, l’arrivée à l’aéroport international de Malé, un vol
jusqu’à l’île de Maamigili, puis une virée en bateau jusqu’à Rangali, voilà mon
premier jour aux Maldives terminé : ma première nuit dans cet hôtel
commence. Il y a exactement vingt-quatre heures, j’étais encore sur le parking
de l’aéroport Paris Charles-de Gaulle.
Une nuit dans cet hôtel vaut à peu près deux années de salaire moyen aux Maldives, ou une année de Smic français. Ma suite personnelle de cent mètres carrés est un située à cinq mètres sous l’océan Indien. Depuis mon lit, je vois des dizaines des poissons nager autour et au-dessus de moi. Dire que je suis décontenancé serait un euphémisme.
Je n’arrive pas à me rendre compte du privilège que c’est
d’être ici, là, à cet instant. Je suis épuisé mais bien trop excité pour
arriver à fermer l’œil, mon cerveau n’a pas eu le temps d’assimiler tout ce
qu’il s’est passé aujourd’hui. C’est tellement surréel.
Je n’aurais peut-être pas du prendre la suite sous-marine dès ma première nuit ici, je sens que je vais avoir du mal à me remettre de cette journée…
Me voilà à la veille du grand départ, je suis très excitée et ne peut me résoudre à dormir. Je me retrouve donc ici, à vous introduire ce qui fera l’objet de ce blog le temps de quelques posts. Cela fait plusieurs mois que nous planifions ce voyage de découverte approfondie de la ville de Lucerne. Je dis découverte approfondie car, lors d’un voyage scolaire durant ma deuxième année de licence en école d’architecture, j’ai pu m’y rendre le temps d’une journée. J’ai toujours pensé que je devrais y retourner pour voir toutes les autres choses qui se cachent dans les rues de cette cité ainsi que les paysages montagneux qui l’entourent : nous y voilà !
Samedi 27 février
Je vérifie une dernière fois que j’ai bien en ma possession tout le nécessaire au bon déroulement de ce périple de quelques jours. J’attrape mon sac à appareil photo ainsi que ma valise, et donne deux tours de clé dans la serrure de mon petit appartement. Il est 11h30 et je rejoins d’un pas pressé la gare de Nancy où je dois rejoindre Alexis. Le train part avec une dizaine de minutes de retard, il est 12h20, les 4 heures 45 minutes qui vont suivre vont être longues. Après avoir pris les correspondances dans les villes de Strasbourg, Bâle et Otten, il ne reste plus qu’une heure avant notre arrivée à Lucerne. Nous regardons le programme que j’ai établi pour cette semaine et visualisons de nouveau les photos de l’hôtel dans lequel nous allons loger.
Nous sortons de la gare, le parvis est splendide, il fait beau quoique encore un peu frais en cette période. Nous sommes face à la grande arche qui surplombe cet espace, une statue de bronze trône à son sommet et, en dessous, une horloge prend place entre deux colonnes : 17h20… il n’y a plus beaucoup de temps avant le couvre feu. D’un commun accord nous décidons de partir à la recherche de notre hôtel. Nous déambulons dans la « FrankenStrasse » et passons devant un petit parc verdoyant. Les rez-de-chaussée des immeubles alentour abritent des tas de petits restaurants et de bar, les façades sont dans des tons clairs, rythmées par des balcons en encorbellements aux gardes corps en ferronnerie. Au bout de la rue nous tournons une première fois à gauche, puis une seconde. Un bâtiment attire notre attention, il n’a pas le style des autres qui l’entourent. La façade est rythmée par de grandes ouvertures qui laissent imaginer ce qui se trouve dans les différentes pièces. D’ici on peut apercevoir ce qui pourrait être des plafonds colorés, illustrés. L’entrée est marquée par un tube en aluminium intrigant et brillant. C’est alors que nous l’apercevons, à l’angle de la façade … un drapeau rouge flottant et portant l’inscription « the hotel ».
Enfermée en ville, les cours à distance, le froid de l’hiver
qui persiste, je ne supportais plus. Il était temps de prendre des vacances. Je
me suis alors mise à la recherche de mon hôtel de rêve vers lequel migrer. Je
voulais un lieu calme, perdu, propice au repos et surtout ensoleillé, autant
dire que je n’allais pas être déçue … !
L’Israël, ce pays m’est inconnu et il semble composé
principalement de sable. Quoi de mieux donc que de me perdre au milieu du
désert pour mieux me retrouver.
Arrivée à l’aéroport de Beer-Sheva dans l’après-midi, j’ai à peine eu le temps de récupérer ma valise que mon taxi était déjà prêt à m’emmener. Après 1h12 de trajet, 3 villages traversés, 8 voitures croisées, le désert à perte de vue, c’est avec hâte que je découvre la petite ville de Mitzpe Ramon, ENFIN ! Moi qui voulais le soleil je suis quand même rassurée de découvrir que la ville abrite quelques arbres… oui, la chaleur est déjà étouffante. Mais mon soulagement fut de courte durée quand je découvre que le taxi commence à sortir de la ville pour retrouver le vide. Là, au milieu du sable, je reconnais l’hôtel. Des petites maisons de pierres sont alignées, certaines perchées sur une colline, un panneau indique « point de vue ». Je me demande ce qu’il y a à voir derrière, parce que pour l’instant, je ne vois qu’un hôtel en terre aride, au bord de la route… perdue et au calme d’accord, mais surtout inquiète… Est-ce que cette découverte du désert vaut les 300 euros/nuit ? J’imagine que j’ai encore beaucoup à découvrir, mais ce qui est sûr, c’est que je suis déjà bien déconnectée !