Chaleur sous les oliviers…

panorama, lignes pures, reconstruction de la terrasse chambre de luxe

J’ai pris une douche fraîche et tonique dans cet espace tout de marbre blanc revêtu, la lumière zénithale de la lucarne m’inondait autant que l’eau. Le thermomètre affichait déjà 25 degrés en ce mois mars.
J’ai replacé devant le bureau la chaise Magis, signée konstantin GRCIC, que je ne trouve d’ailleurs pas très confortable avec ces motifs organiques de plastique, manifeste d’une société de consommation à outrance, loin de l’artisanat; « pas mon genre ». En me penchant sur le garde-corps du patio, une petite table m’était destinée et le petit déjeuné servit !
Jean Christophe et Fabrice, les hôtes, s’affairaient à l’accueil et au fourneau. La petite fontaine en marbre me rappelait les fontaines de mon village de montagne alsacien en pierre sèches.
Le bruit de l’eau adoucissait déjà l’air sec de l’Alentejo. J’étais resté pied nus pour ressentir les matériaux bruts sous mes pieds et avec cette chaleur, des chaussures étaient inutiles. Les graviers du patio crissaient joyeusement sous mes pieds.
Le petit déjeuné était composé de fruits pressés, couleurs d’été, des fameux croissants michta ou de pasteis de nata pour les plus frileux du saler sucré.
La journée allait être vraiment chaude, jean Christophe m’a conseillé de rester sur place, et de patienter avant d’aller à la piscine, car ma peau n’était pas habituée à la puissance du soleil, à l’inverse des Portugais. Je pris note de son conseil et parti pour un tour du propriétaire. La villa est construite dans une légère pente du sud au nord ce qui fait que le premier niveau est aussi de plein pied au sud. Les petits modules extrudés qui apportent de la lumière dans les douches ressemblent à des hommes qui marchent dans des directions opposées, comme dans la piazza de Giacometti. Chacun sa route semble dire les petits pavillons. J’ai bravé les indications de Jean-Christophe et me baigne à 14 h alors que le soleil vient de passer le point culminant de sa course. Mais je connais ça le soleil du Portugal, sur les plages lisboètes, je n’ai plus peur d’attraper des rougeurs.  
La piscine est au nord, orientée vers le paysage. Son cadre en béton brut s’estompe à l’horizon pour laisser déborder l’eau qui vient rejoindre le ciel. Comme une route vers les cieux elle invite à se laisser porter vers un ailleurs.
Durant le reste de la semaine, j’ai décidé de rester à la villa Extramuros, à écrire sur la terrasse.

Je me pause des questions sur la structure de ce porte-à-faux à la manière de siza ? Le béton armé est vraiment un matériau intriguant, les fers seuls sont ils à l’origine de cette absence de charge verticale dans l’angle du bâtiment ? Peut – être. François n’a pas pu m’aider sur ce sujet. J’ai trouvé les plans qui me rappellent le concept centrifuge des compositions de Mondrian. Les espaces de distribution sont associés à des pièces ce qui fait qu’il y a peu ou pas de couloirs et les espaces sont ainsi plus grand et traversant.
Boa Tarde, os amigos, il est l’heure du barbecue avec les invités.

Alentejo here I am

Au milieu de nulle part, sur la route d’Evora, le taxi m’a déposé sur ce croisement de chemin. Je me retrouve comme dans Bagdad café avec ma valise et mon sac à dos, un troupeau de mouton à ma droite. Le soleil du soir caresse les oliviers de l’Alentejo et réchauffe mon dos. J’irai voir Evora et ses merveilles demain, ainsi que le travail d’Alvaro Siza sur son projet de vie de la quinta da Malagueira.


Il y a un sentier. Au bout du sentier se détache un bâtiment dans son écrin blanc, moderne et épuré. De loin on pourrait croire à la villa Savoye avec sa géométrie et ses fenêtres en bandeau qui accentue l’horizontalité avec le paysage.


Me voici à la réception, adossé au comptoir en face d’une jolie chaise rouge Magis de Konstantin GRCIC, regardant le lointain par l’enchainement d’espaces et de murs de refends qui ouvrent sur l’ouest. Le sol épouse la légère pente du terrain à l’aide de quelques marches en béton brut. Le bâtiment massif de l’extérieur semble flotter et m’offre des perspectives magnifiques. Les derniers rayons du soleil viennent chercher ma rétine à travers les baies et je souris, apaisé après ce long voyage.