La « Dragonfly »

Cette semaine, je décide de séjourner dans la deuxième plus grande chambre du Treehotel : la « Dragonfly ». Son nom signifie « libellule », et je ne suis pas vraiment sûre de comprendre pourquoi. Peut-être est-ce en rapport avec la vue en plan de la chambre, rappelant vaguement le corps d’une libellule avec sa forme longitudinale avec des pièces rectangulaires qui s’en dégagent par moments ?

L’entrée dans le bâtiment se fait depuis une rampe de quinze mètres. En arrivant sur le patio face à l’entrée, je remarque que la façade n’est pas en bois comme je le pensais lorsque j’étais en bas, mais en métal, d’un aspect brun rouillé, se rapprochant beaucoup de l’aspect des troncs des arbres.

La pièce longitudinale centrale comprenait le séjour et l’espace de distribution des chambres qui bénéficiait d’ouvertures généreuses.

La chambre Dragonfly possédait trois chambres, bénéficiant elles aussi de grandes baies permettant une vue sur la vallée et la rivière, ou encore sur la forêt et son nombre incalculable de pins.

Mt.Rigi

Samedi 10 avril :

Hier, nous avons fait une excursion. C’est Alexis qui en a eu l’idée. Selon lui, nous ne pouvions pas faire ce petit voyage sans profiter du relief singulier de cette région montagneuse qui offre des vues paysagères incroyables.

Le mont Rigi est un des sommets suisse culminant à 1 797 m d’altitude et un but d’excursion très prisé. Le voyage a commencé par une croisière en bateau sur le Lac des quatre cantons jusqu’à Vitznau. De là, nous avons ensuite pris un train à crémaillère sur le premier chemin de fer de montagne d’Europe pour arriver au sommet du Rigi Kulm, aussi connu comme la « Reine des montagnes ». Nous avons pu profiter des vues panoramiques qu’offre ce point de vue sur le lac des quatre cantons et nous avons même aperçu Lucerne. C’est fou comme le monde et la ville parait si minuscule vu d’ici. 

Une heure environ après avoir profité de ce cadre fantastique, j’ai été surprise quand Alexis m’a dit que ce n’était pas le dernier arrêt de cette excursion. Je m’attendais à redescendre vers la ville, mais nous sommes allés prendre un téléphérique pour continuer notre périple.

C’est avec surprise que nous sommes arrivés devant le Rigi Kaltbad Mineral Baths & Spa conçu par le célèbre architecte Mario Botta. Je n’avais jamais pu voir une de ses réalisations avant ou même en pratiquer une. Cette surprise, orchestrée par Alexis, m’a grandement touchée. Il s’est d’abord souvenu de ma passion pour les termes et a également pris le temps de trouver un endroit mêlant détente et architecture.  

croquis de la piscine intérieure

Les puits de lumière en verre rappelant les cristaux de roche créent un effet d’éclairage mystique à l’intérieur du spa. Dans la salle de bain principale, la vaste façade vitrée offre une vue imprenable sur le magnifique paysage de montagne et un mur de pierre de 30 mètres de long avec de grandes alcôves mène à la piscine extérieure. Depuis le bain de cette dernière, la vue est imprenable : nous y sommes restés toute la fin de journée pour nous prélasser en plein air dans l’eau minérale chaude de la source de guérison Drei-Schwestern-Brunnen, face à une mer de nuages et aux montagnes qui les perçaient. 

Croquis en randonnée

Réaliser cette randonnée avec Noah m’a permis d’apprécier au mieux les splendides paysages montagneux qui environnent la ville d’Arosa à un tel point qu’il fallait que j’en garde une trace dans mon carnet de croquis.

Croquis montrant l’implantation d’une partie de la ville dans la vallée, en bordure de lac. Le bâti de la ville se caractérise par des constructions majoritairement basses avec une typologie de chalets très en accord avec la situation de la ville. Ce croquis montre également l’omniprésence des pins et de l’environnement en général, environnement très respecté par les constructions et auquel on laisse la place nécessaire.
Croquis montrant la présence omniprésente des reliefs montagneux dans tous les panoramas de la ville. Les nombreux lacs prennent place sur des plateaux situés plus ou moins en altitude et, derrière les lacs et la végétation toujours présente, on entrevoit en permanence la possibilité de monter encore plus haut dans les montagnes.
Croquis du lac Schwellisee vu des hauteurs (mentionné dans l’article précédent) montrant la formation naturelle des lacs dans le creux de deux pans de montagne, créant une petite vallée suffisamment creuse pour qu’un merveilleux lac vienne s’y installer.

Il est temps pour moi d’aller profiter à nouveau de mon séjour ici, surtout qu’une découverte surprenante m’attend.

Le Liège en Bardage

Je voudrais vous parler de quelque chose d’intéressant qui m’a intrigué depuis mon premier jour à la villa Extramuros, mais sur lequel je ne me suis pas encore questionné.

Je voudrais vous parler de quelque chose d’intéressant qui m’a intrigué depuis mon premier jour à la villa Extramuros, mais sur lequel je ne me suis pas encore questionné. Je trouve ce choix très étonnant et disruptif, déjà en terme esthétique, le contraste entre les joints et la variabilité de la couleur du liège, mis en confrontation avec l’unité de la peinture blanche. Cela permet de la profondeur et une certaine humanité de la construction, véracité du matériau.

L’un des deux Cabanon, Le liège en bardage et ses multiples teintes

L’idée d’avoir choisi le liège comme bardage en contraste du béton peint, et de l’avoir volontairement laissé apparent, tout comme les joints entre chaque panneau de Liège.

Enfin, cela permet une économie de moyen en l’utilisant comme bardage et une capacité thermique intéressante, dans le cas de la Villa pour éviter une surchauffe des pièces.

On voit très bien comment Vora Architectes ont allié la localité avec les matériaux internationaux pour créer du projet contextualisé.

Rencontre et randonnée

Il y a quelques jours, tandis que j’étais en train de boire un café au bar de l’hôtel, j’ai pu faire la rencontre de Noah, un amateur de ski originaire de Genève et venu passer quelques jours au Tschuggen Grand Hotel. C’est un heureux plaisir d’avoir un peu de compagnie et de pouvoir échanger avec quelqu’un, d’autant plus que Noah est un amoureux incontesté de la nature Suisse et qu’il connait bien les environs. 

Après avoir échangé sur de nombreux sujets, il m’a proposé une balade dans les environs d’Arosa qui me tenait particulièrement à coeur en tant qu’étudiante en architecture. Mieux connaître l’environnement et les paysages de la ville me permettra de mieux saisir encore l’intention de Mario Botta d’inscrire le centre de bien-être dans ce paysage si majestueux. Et qui de mieux que Noah pour m’expliquer tout ce qu’il y a à savoir sur la ville, en fin connaisseur. 

Arosa est une ville traditionnelle des Grisons, située au fond de la vallée romantique du Schanfigg, situation qui la protège des vents, à environ 1800 mètres d’altitude. Cette hauteur lui confère un environnement montagneux avec des sommets grandioses qui offrent d’immenses périmètres de randonnée et de sports de neige. En effet, on compte pas moins de 140 sentiers banalisés pour les randonneurs – soit 200 kilomètres de sentiers de balade, et 225 kilomètres de pistes de ski pour les snowboarders et skieurs avec une multitude de téléphériques tels que le téléphérique moderne de l’Urdenbahn ou bien, tout simplement, celui du Tschuggen Grand Hotel.

Photographie du Tschuggen Express, téléphérique propre à l’hôtel

Le Tschuggen Express est un téléphérique interne unique en son genre. Il permet de rejoindre le domaine skiable et de randonnée de l’Arosa-Lenzerheide directement depuis l’hôtel par simple pression sur un bouton, sans avoir à faire la queue. Le trajet sur le Tschuggen Express dure moins de quatre minutes et est encore plus exclusif depuis l’été 2018: le funiculaire existant a été entièrement reconstruit et dispose désormais de deux cabines panoramiques circulaires avec compensation de niveau, d’une capacité de douze passagers par voyage. C’est ainsi l’occasion de profiter du panorama montagneux incomparable tout au long du voyage. Le Tschuggen Express couvre une distance de 528 mètres et surmonte une dénivellation de 155 mètres.

N’étant pas une adepte de ski, nous nous sommes orientés vers une randonnée et avons vite opté pour le sentier de randonnée des dix lacs, un petit circuit de 15 kilomètres qui relie les lacs de montagne aux eaux cristallines. 

Depuis la ville d’Arosa, nous avons emprunté une première partie du chemin en direction du lac Schwellisee. Le chemin monte ensuite quelque peu et, après être passés auprès d’un arolle solitaire (une variété de pin) placé sous protection de la nature, nous avons emprunté un passage légèrement exposé mais bien sécurisé par câbles d’acier. Une fois l’obstacle franchi, la récompense s’est finalement présentée sous la forme du merveilleux lac Älplisee.

Photographie du lac Schwellisee
Photographie du lac Älplisee

Face à l’immensité

Zervreilasee

À cinq kilomètres de Vals, se situe le lac Zervreilasee, il est marqué par un barrage gigantesque. En empruntant un chemin de randonnée depuis l’hôtel je m’y suis rendue en moins d’une demie journée. Sur le retour j’ai mangé à Leis, sur la terrasse du bar restaurant face aux chalets de Peter Zumthor. 

Cette visite m’a profondément marquée, je me suis sentie si petite face à ce paysage immense qui me semblait infini. L’eau reflétait les montagnes et le ciel, le monde paraissait sans limites… Puis, il s’est mis à neiger (la vague de froid touche aussi la Suisse visiblement)! La neige a très vite épousé le sol, je me suis retrouvée sur la crête du barrage dans un froid inégalable, envahi par le brouillard, le barrage me semblait interminable! 

Plus je marchais sur cet immense objet, plus je m’émerveillais d’être à cent cinquante mètres au-dessus de l’eau dans ce panorama à couper le souffle. Pleine d’émotion en parcourant le paysage, j’en ai oublié le froid, il me semble être restée plus d’une heure à admirer les moindres détails de ces cinq cents quatre mètres de traversée. Le barrage est en forme de voûte, d’un côté je voyais le sol et les machines pour la production d’énergie et de l’autre j’avais l’impression d’être très haut, incapable de voir la la fin du barrage avec la bourbe du béton. Pour me rendre compte de l’échelle, je jetais des boules de neiges pour les voir dévaler ce ventre de béton jusqu’à l’eau. 

Je suis restée un moment seule dans la neige, sur cette immensité, faisant des tours sur moi-même plongée dans ces vues exceptionnelles. C’était un bonheur que je ne sais toujours pas expliquer, je suis revenue dans ma chambre avec des rêves plein la tête, impatiente de refaire cette expérience bouleversante.

Illusion optique

En fait, il existe deux «invisible rooms ». Elles sont superposées l’une sur l’autre. Leur emplacement est à côté de la réception dans l’espace central. Celle dans laquelle j’ai dormi est positionnée au deuxième étage. Ces murs sont complétement couverts de miroirs. Grace à son emplacement central les murs reflètent les arches en plein-cintre faite en briques rouges et les chapiteaux en blanc qui se trouvent des deux côtés de ce grand espace. Toute cette structure ressemble à une église avec sa nef centrale. Quand les murs reflètent cette dernière, on a l’impression de voir l’autre côté.

Cette illusion optique m’a fait penser à un bâtiment très célèbre crée par MVRDV. Il s’agit d’une vitrine de boutique de lux qui est faite complétement en briques de verres, et ainsi complétement transparentes. Contrairement à la chambre invisible, le dispositif utilisé ici n’est pas pour ce cacher mais au contraire de montrer l’intérieur. Je trouve ça impressionnant. Le verre porte tout le mur. Quand je suis arrivé sur place, c’est vraiment comme je l’avais imaginée, même encore mieux parce que je pouvais toucher le matériau et voir chaque petite jonction. Je pouvais rester là à la regarder pendant des heures. Le vent froid et fort m’a poussé à rentrer. Heureusement que l’hôtel n’était pas très loin.