Destination cachée,

Avant-hier j’ai passé ma journée dans l’espace commun de l’hôtel pour avancer sur mes projets, n’étant pas chez moi n’y au travail, il m’est difficile de me faire un espace de travail dans l’hôtel, c’est pour cela que je vais dans l’espace commun, cet espace est très lumineux, et il me permet d’être dans un environnement agréable et en relation direct avec l’extérieur, ce qui me permet de moins me sentir enfermer dans mon travail.

Durant cette journée j’ai reçu un appel de Floriane, lors de cet appel nous avions bien senti l’un comme l’autre que nous nous étions un peu lacés de notre environnement, nous avions donc décidé de se faire la surprise d’un petit voyage avec une destination inconnue.

Pour cela je vais lui commander un billet de train que je vais lui envoyer par mail, et je lui donnerai uniquement la date, l’heure et l’endroit de son trajet en train. C’est uniquement une fois arrivé sur le quai qu’elle découvrira la destination de son voyage.

« N’est-ce pas étrange de créer quelque chose qui te déteste ? »

Depuis mon arrivée au Juvet Landscape Hotel, je ne cesse de chercher à en savoir d’avantage sur l’hôtel et le site. Au fil de mes recherches et des conversations, certains locaux mon conseillé le film Ex_Machina. Présenté comme un thriller psychologique de science fiction, j’étais réticente à le regarder seule en pleine nuit dans une chambre complètement ouverte sur le paysage… Mais ma curiosité a eu raison de ma peur puisque le film à été tourné au Juvet Landscape Hôtel. Le film évoque la capacité des robots à avoir une conscience.

Image du film

Le film raconte l’histoire d’un programmeur invité dans la maison luxueuse et isolée de son PDG. Le PDG vit seul avec son serviteur dans cette maison. Il révèle au programmeur qu’il a construit un robot humanoïde féminin nommé Ava avec une intelligence artificielle. Le PDG veut que le programmeur juge si Ava est vraiment capable de pensée et d’avoir une conscience même s’il sait qu’elle est artificielle. Ava a un corps robotique mais un visage, des mains et des pieds d’apparence humaine. Elle est confinée dans sa cellule isolée. Au fil des séances, le programmeur se sent attiré par Ava. De multiples échanges mènent le programmeur à faire davantage confiance à Ava qu’au PDG. Cette confiance finissant en manipulation d’Ava sur le programmeur, finit par prouver qu’Ava a réussi à faire preuve d’intelligence.

Image du film

Le Juvet Landscape Hotel est idéal pour ce film. Les multiples fond des espaces intérieurs ou de l’immensité du paysages offre à la fois un côté déconnecté du reste du monde par l’isolement, tout en retrouvant les fondements de nos existences par le lien avec la nature. Ces notions sont présentes sur le site de l’hôtel comme dans le film.

Le mystère des failles de lumière

Détail des failles de lumière, vue depuis le bassin extérieur et intérieur des hammams

Dans les thermes ce qui est magique c’est cette impression d’avoir une toiture qui flotte au-dessus de nous avec les joints creux qu’il y a entre les différentes dalles de béton. Celles-ci sont disposées sur les blocs de béton qui entourent les petits bains à la manière d’un entablement. Les porte à faux permettent d’avoir ces failles de lumières qui embrassent la pierre. Les dalles sont très épaisses, elles font 48cm, de ce fait, il n’est presque pas possible de voir, lorsque l’on est dans les bains, le dispositif mis en place pour laisser passer la lumière. Les failles sont en fait comme des fenêtres de toit, mais très allongées. 

Les failles de lumière se prolongent jusqu’à la piscine extérieure, notamment au niveau des grands cadres dans le paysage. Dans la piscine extérieure, j’ai l’impression de me sentir toute petite, l’architecture semble même s’agenouiller face au paysage au niveau de la façade sud-est des thermes. Le long de la rue, les thermes s’affirment et cadrent le paysage, alors que le long de la colline la nature prend le relais. J’aime cette sensation de transition entre la massivité de la pierre, qui devient de plus en plus poreuse pour ensuite laisser passer le paysage, à l’image d’une ruine romaine où les arcades seraient tombées d’un côté. 

Un des seuls endroits dans les thermes où les failles ne sont pas présentes, c’est les hammams. La lumière y est très spéciale et presque inexistante… Ils sont organisés en longueur sur trois salles. Les salles sont toutes traversées par un passage avec des bancs le long des murs. Ainsi, lorsque l’on entre, on accède à une première salle en enfilade avec une deuxième qui a une température plus élevée et de même pour la dernière salle. Cela permet au visiteur de tester les différentes températures sans avoir à beaucoup se déplacer. Mon dessin n’est pas très net car lorsque l’on rentre dans la première salle, on ne voit pas le fond de la dernière, tout est en buée, on ne voit pas à un mètre de soi, le parcours est guidé par les lumières du plafond qui permettent de ressentir une profondeur. C’est une sensation très intéressante de sentir les matériaux sur lesquels on marche, de s’asseoir, sans les voir, de les deviner. 

Entretien avec Jean Nouvel

Mercredi 28 avril :

« L’architecture est un art utile et social, qui doit défier le temps »

Reconnu mondialement, Jean Nouvel est un architecte qui a marqué l’histoire de l’art, en réalisant des œuvres majeures dans le domaine de l’architecture. Au micro d’Arnaud Laporte, il explique en quoi l’architecture est un combat, un art fondamental, politique et social.

L’architecture comme lien social

Jean Nouvel : « Beaucoup d’architectes se revendiquent artistes dans les années 1970, on m’a demandé (à l’époque) d’exposer dans une galerie près de la Bastille et j’ai exposé une attestation sur l’honneur comme quoi je n’étais pas un artiste. Ma conviction est plus complexe que ça. Je pense qu’un architecte ne peut pas s’abriter derrière sa condition d’artiste pour faire ce qu’il a envie de faire. L’architecture est un art utile. Elle doit avoir un rôle social. Et on doit investir de l’argent au bon endroit et faire en sorte que ça résiste et défie le temps, tout ça est de notre responsabilité. L’architecture est un art, c’est sûr mais c’est aux autres de déterminer qui est artiste. (…) Il faut absolument que ce rôle sociétal s’applique au développement urbain, à tous les quartiers, à toutes les décisions qui impliquent la ville. « 

« Mars 1976 », un mouvement fondateur pour l’architecture 

Co-fondateur du mouvement « Mars 1976 », Jean Nouvel a participé à ce mouvement charnière qui avait pour objet, notamment, de lutter contre le corporatisme des architectes.

Jean Nouvel : « C’était l’époque des concours en architecture, qui semblent une évidence aujourd’hui mais à l’époque il n’y en avait pratiquement pas. Ils avaient été institués, et les jeunes architectes accédaient pour la première fois à la commande par les concours. Et les lauréats de ces concours ont décidé, sous l’impulsion de quelques uns dont j’étais, de prendre la parole et de s’insurger contre la façon dont les villes étaient modifiées en France par l’urbanisme. Car le même plan d’urbanisme, à travers les plans d’occupation des sols, était appliqué à toutes les villes françaises, qui avaient toute le même « zoning » hallucinant. Il y avait pas de réflexion liée au site, liée à la situation. On a donc fait un papier dans « Le Monde » qui a fait beaucoup de bruit à l’époque, et « mars 76″ a été à l’origine de beaucoup de choses, en particulier de la création du Syndicat de l’architecture, qui avait comme ambition de défendre l’architecture d’abord, pour mieux défendre les architectes ensuite. »

Architecture et urbanisme, meilleurs ennemis

Pour Jean Nouvel, l’architecture est une question politique fondamentale, un combat pour l’avenir, notamment face au déploiement homogène de l’urbanisme…

Jean Nouvel : « Par rapport à la façon dont les villes se développent tout autour de la planète et en France aussi, il y a une sorte d’abandon des décisions sur la localisation des développements, on prend des terrains libres et on les développe à l’infini. Il faut absolument arrêter le territoire des villes. Il faut qu’autour des villes, il y ait un chemin de ronde, que d’un côté on cultive des légumes et fruits, et qu’il y ait toute une agriculture liée à ça. On va créer un renversement, et la périmétrie va devenir une ligne nette, elle va devenir une ligne qui va prendre de la valeur, et on va pouvoir travailler et construire en relation avec ce qui est là. Si un Président de la République prenait une de ces décisions, je crois qu’il aurait fait un bon travail dans le domaine de l’urbain qui n’a encore jamais été fait sur cette planète. » 

source : interview France Culture