Kyoto – Dernier jour sur le chemin de la philosophie…

Voilà arrivé mon dernier jour à Kyoto…

Le soleil éclatant est encore au RDV, et augure d’une belle journée de balade, qui me mènera cette fois sur le chemin de la philosophie…. Il s’agit d’un sentier situé au nord-est de Kyoto. Descendant le long d’un canal, il permet notamment de rejoindre à pied les temples Ginkaku-ji et Eikan-do Zenrin-ji.

Ce chemin très célèbre auprès des touristes, et manifestement victime de son succès au printemps car il est bordé de cerisiers en fleurs le rendant incontournable, s’est révélé très tranquille pour moi.

Mais ne brûlons pas les étapes : mon point de départ démarre au temple Nanzen-Ji.

A mon arrivée, encore des érables qui dessinent une dentelle rouge flamboyante ou jaune d’or devant un temple animé par une visite de classe. Je ne suis pas seul, quelques touristes déambulent déci-delà, mais vue l’heure matinale, l’affluence est plutôt modérée. Et c’est bien appréciable !

Je me dirige après vers le temple Eikan-do Zenrin-ji, qui sera sans nul doute plus belle découverte de Kyoto… 

Je termine ma balade dans les lieux en gravissant les escaliers qui nous mènent vers le bâtiment le plus haut du jardin, orné d’un drapeau de plusieurs couleurs, et qui permet d’avoir une vue impressionnante sur Kyoto.

EXPLORATION _ SURPRISE

Hier, j’ai reçu le mail de Pierre avec mes billets de train. Bien évidemment, j’avais pour seule information la date, l’heure, le numéro du quai et le nom de la gare, mercredi 26 mai, 8 h 20, quai 22, Gare Montparnasse. Me voilà prête pour partir à l’aventure. La gare Montparnasse est à 25 minutes en bus de l’hôtel où je réside en ce moment. Avant de partir, j’enlace Jérome en lui souhaitant une bonne journée. Je suis un peu stressé parce qu’avec Pierre, parfois, il faut s’attendre à tout. Jérome me dit des paroles réconfortante, je me lance dans cette aventure ! 

Il est 22 h 38, je profite de mon trajet du retour pour expliquer cette journée exceptionnelle. La destination était Bordeaux, je n’avais jamais mis encore les pieds. Depuis notre rencontre avec Pierre en première année, il me parle très souvent de Bordeaux et des alentours. À mon arrivée à la gare de Bordeaux, je m’étais rendu à Darwin sur la rive droite où j’avais pu manger une salade. Ensuite, j’avais flâné dans les ruelles du vieux Bordeaux, puis dans le quartier Saint-Pierre et Grands-Hommes. Puis, j’ai été du côté de Chartrons afin de visiter le musée de la Citée du vin. À la sortie du Musée, il était 18 h 08, je m’étais dirigé vers le quartier Saint-Michel, Saint-Croix, et Gare Saint-Jean afin d’être à proximité de la gare. Sur mon parcours du retour, je passais par la rive droite de la Garonne dans le quartier industrielle. Je m’étais posé une petite heure à Darwin pour prendre une bière devant le coucher du soleil, avant de repartir à Paris. J’ai fait la rencontre d’un groupe de jeune, très sympathique. Tout en faisant connaissance, on s’était rendu compte que nous sommes tous des jeunes architectes. Certains d’entre eux sont même architectes à Paris, ce qui a résonné dans ma tête. J’ai regardé ma montre, il était 22 h 15, je m’étais précipité vers la gare pour ne pas louper mon train. Me voilà, à me remémorer cette journée incroyable. J’ai hâte de raconter cette expérience à Jérome en rentrant de l’hôtel et de savoir si Pierre s’est rendu compte qu’il devait gérer un hébergement pour une nuit ! 

Il faut savoir que c’est mon premier voyage seule, et j’ai vraiment apprécié de faire ce que je voulais sans contrainte de contrarier une personne. Se retrouver seule, une journée, est une chouette expérience à réaliser au moins une fois dans sa vie.


Studio évènementiel

Dans cet hôtel il y a bien plus insolite que ces suites perchées en hauteur. Ce sont les soirées et les évènements avec « le spectacle le plus choquant et passionnant où vos fantasmes se réalisent ».

A 15 mètres se trouve ‘le studio intime’ là où sont organisées les soirées musicales avec Dj professionnels et des diffusions en direct, ce qui permet d’accroitre la notoriété de ces DJ et faire du bon marketing à certains sponsors.Je trouve que l’emplacement du studio dans la grue est très bien réfléchi, puisqu’il permet de garder le public éloigné des suites perchées sur 36 mètres. Ceci permet-il aussi de limiter les nuisances sonores ? En tous les cas, mon séjour était plutôt calme, si ce n’est la nuisance du port industriel à côté qui m’interpellait, rien ne se passait dans l’hôtel. Je pense bien que ce soit dû à la période du Coronavirus, durant laquelle les rassemblements sont très limités et les évènements en lieux clos sont interdits.

Le studio me semble évolutif puisqu’il fait également office d’un restaurant où il est possible de profiter d’un diner romantique avec une vue imprenable sur les bateaux qui naviguent autours. La capacité d’accueil est cependant limitée à 10 personnes à raison de trois tables, et il faut bien sûr réserver bien à l’avance.
Me concernant, j’ai préféré manger dans les restaurants et les cafés qui sont assez nombreux dans la zone NDSM en profitant du musée de Graffiti à ciel ouvert qui m’entourait.

Escale à Vals

Ça y est, il est temps de plier bagage après ces incroyables semaines passées au Tschuggen Grand Hotel. Je garderais un agréable souvenir de cet hôtel unique dans lequel j’ai eu la chance de séjourner. Je me souviendrais des paysages splendides, de la bonne nourriture, des décors somptueux de l’hôtel et de ma chambre. Mais ce dont je me souviendrais le plus, c’est définitivement le Tschuggen Bergoase de Mario Botta. J’ai, certes, passé de longues heures à ma prélasser dans les piscines et les saunas, mais j’ai surtout énormément observé cet édifice que je trouve remarquable en tous points. Le caractère brut de l’édifice, la relation avec son contexte montagneux et l’organisation des espaces en différents niveaux épousant la montagne resteront longtemps dans ma mémoire. 

Me voici désormais à la gare de Paris-Montparnasse qui officialise mon retour en France depuis la Suisse. Le trajet du retour fut quelque peu différent de l’aller car il comportait une escale dans un des bâtiments les plus emblématiques des Grisons: les thermes de Vals, l’occasion aussi de passer un peu de temps avec Anna qui avait séjourné là-bas. Jade nous avait également rejoint là-bas en provenance de Lucerne et nous avons pu clôturer nos séjours de la meilleure des manières. Anna, en habituée des lieux et ne faisant jamais les choses à moitié, nous avait préparé un parcours pour visiter l’hôtel 7132 dans son entièreté, sa chambre actuelle oeuvre de Tadao Ando, la chapelle Saint-Benoît de Peter Zumthor non loin de l’hôtel et, bien évidemment, les très reconnus thermes de Vals. 

Lorsque l’on évoque les thermes de Vals, il fait finalement sens de mentionner la phénoménologie. Cette discipline, qui vise à se poser la question du sens et des perceptions sensorielles, s’observe dans de nombreux types d’architectures mais il est à parier que l’oeuvre de Zumthor pourrait en être l’emblème. La phénoménologie a toute son importance dans la discipline car elle pense l’architecture par rapport à l’Homme, mais surtout l’architecture pour ce qu’elle représente. Les thermes de Vals sont ainsi une véritable démonstration de l’architecture suscitant les perceptions, comme l’explique l’article ci-dessous, découpé dans le journal local que j’avais acheté pour m’occuper dans le train du retour et dont j’ai surligné le passage mentionnant la phénoménologie.

Dernier jour

Le séjour est passé très vite, je décide de profiter de ce dernier jour pour déguster le pain spécial de Matera, de partir prendre l’apéro dans mon bar préféré de la ville et de passer du bon temps au soleil.

Avec une forme évoquant les pierres et les grottes, il est fabriqué à partir du « blé dur » de la région et la préparation de la levure doit suivre un certain processus. Tout cela donne un goût particulier et une croûte trés marquée limite brulée . Le bar nous le sert sous forme de bruschetta, garnies de tomates, aubergines, courgettes, fromages. le vin était délicieux, l’air frais. L’apéro s’est prolongé au diné.

GOODBYE HOTEL NOT HOTEL

Mon séjour est terminé à l’hotel qui n’en est pas un. J’ai aujourd’hui séjourné dans chacune des chambres de l’hôtel, depuis mon arrivée en Février : Du van Volkswagen à la casa no casa, toutes possèdent un charme fou et une ambiance complètement opposée.
Je garde un bon souvenir de cet endroit, de ce volume capable qui permet une réinvention intérieure. Merci à Bruno BONT d’avoir pensé ce projet étrange autant qu’inspirant la créativité. Amsterdam, ville de tous les possibles, je te dis au revoir et à bientôt surement, pour me perdre dans ton grand filet d’eau circulaire qui n’en fini jamais.

Direction la gare, avec un velo qui ne ressemble pas à un vélo, une sorte de bike not bike.

Retour aux sources

Après ce long séjour passé à Olot, il est temps de quitter les volcans de la Garrotxa, pour entamer le chemin du retour. Cette expérience m’a permis de m’ouvrir à une nouvelle culture, de nouveaux paysages et une manière de concevoir autrement l’architecture. Il s’agit vraiment d’une expérience à part entière de vivre dans cet hôtel, dans cette nature artificielle, mais qui nous pousse à vouloir découvrir ce paysage. Je repars doucement en France, cette fois, le retour se fait en van aménagé, note à moi-même, attention aux barrières. Un ami est venu me chercher et on est parti pour visiter plusieurs ville, Bayonne, Bordeaux, Royan, l’île d’Oléron, etc. Prenons le temps de voyager ! Dans chaque ville, nous avons parlé avec des riverains et échanger sur les différentes manières de vivre. Je pense que j’ai pris sans le vouloir de nouvelles habitudes, et je compte les garder en rentrant chez moi. Il me semble important d’échanger le plus possible avec le plus grand nombre de personnes pour comprendre ce monde dans lequel on vit (s’il y a quelque chose à comprendre bien sûr !). Sur le chemin nous, nous sommes arrêtés à Caen et j’ai enfin pu retrouver ma famille avec mon petit-neveu. Il m’a encore une fois battu à la course… Ce n’est pas croyable comment ça court vite à 2 ans XD bref, je vous souhaite un bon voyage ! 

Chacun de nous, dans sa vie, a sa propre montagne à gravir.

Cette expérience, immergée dans la nature, m’a rappelé un livre de Mike Horn : vouloir toucher les étoiles. Mike Horn est un explorateur des temps modernes. Il parcourt le monde avec sa tête et son corps comme seule énergie. Dans ce livre, il transmet au lecteur la magie que la nature peut offrir : « L’ombre noie tout. Soudain, c’est l’éblouissement. La lumière déferle. La beauté même éclate devant moi. J’assiste à la naissance du monde. Je suis sidéré. Ces montagnes tracées au pinceau devant un ciel infini, ces lignes d’une pureté absolue, ce jet de lumière cristalline qui balaie l’horizon. C’est une extase, une sensation de perfection… ».

Mike Horn lors d’une expédition

Les émotions qui nous transcendent face à un paysage, nous ramène à l’essentiel, à ce que nous sommes et à ce qui nous domine : « On peut sauter plus haut, aller plus loin, montrer plus de courage, élever le niveau d’endurance, mais il ne faut jamais, jamais oublier d’être simple. Devant la nature, l’humilité est obligatoire. […] Mes rêves restent les mêmes. Mais je n’oublie pas que je suis petit devant l’immensité du monde. ».

Cette humilité face au paysage que j’ai devant moi a été moteur de milliers de pensées sur notre place dans le monde et davantage en tant que future architecte : « C’est devant l’immensité de la montagne que je suis moi-même, petit, mais bien là. Il serait bien sûr illusoire de rejeter notre civilisation moderne/ Mais il faudrait retrouver le sens premier des choses. Le miracle des feuilles au printemps, le parfum du vent, le bourdonnement des abeilles, la beauté de l’horizon… Toutes nos puces électroniques, nos ordinateurs, nos écrans et nos robots ne nous donnerons jamais se bonheur. La simplicité, l’équilibre, voilà une quête essentielle. Renouer avec la terre, avec le sol, avec l’air. Nous nous sommes coupés du monde. Il importe de le retrouver. ».

Mike Horn, Vouloir toucher les étoiles, Pocket, 2015

Jours sombres

Personne n’est inconscient de ce qui se passe actuellement en Israël. La violence n’a pas touché la ville de Mitzpe Ramon, mais la détresse se sent. L’ambiance hors de l’hôtel est nerveuse. Les habitants auparavant si accueillants nous font bien sentir que nous ne sommes clairement plus les bienvenus. Le soleil est toujours bien présent mais dorénavant, tout semble gris.

Ces derniers jours, je suis donc restée, comme la plupart des touristes qui ne sont pas encore repartis, à déambuler dans l’hôtel et à suivre leurs instructions. On essaye de profiter des derniers jours. L’isolation de l’hôtel est une aide évidente au déni. Mais le voyage n’a plus la même saveur.

J’ai déjà préparé mes bagages, je sais que le départ est proche, et qu’il ne se fera pas comme je l’aurait espéré.

Le Départ

Cela fait plusieurs mois que je suis maintenant à la Villa Extramuros, et il est temps pour moi de revenir en France, les bars réouvrent et c’est une bonne occasion.

La villa est devenue mon chez-moi en ces temps de confinement et j’ai du mal à partir. J.Christophe et François sont des hôtes très à l’écoute et ils partagent leurs savoir sur leur nouvelle région, ils sont plus autochtone que les autochtones eux même, c’est leur pays de coeur, l’Alentejo coule dans leur veines. Ca à commencé aussi à couler dans les miennes, mais le travail m’appelle à l’ensan.
Je suis déjà sur le chemin lorsque je me retourne pour respirer profondément. La villa ne me dit pas au revoir, elle reste massive dans son paysage, calme, pure et humble au milieu des oliviers et des cyprès qui affirment la verticalité dans se paysage horizontal. Je ne l’avais pas vue sous cet angle, elle semble presque vide laissant passer des morceaux de ciel bleu et fuyant vers la colline. Je remarque des nouveaux arrivants sur la terrasse de la grande chambre qui accueillent le paysage comme je l’ai fait il y a quelques mois

La villa, bienveillante, s’occupera d’eux comme il se doit