Je voudrais vous parler de quelque chose d’intéressant qui m’a intrigué depuis mon premier jour à la villa Extramuros, mais sur lequel je ne me suis pas encore questionné.
Je voudrais vous parler de quelque chose d’intéressant qui m’a intrigué depuis mon premier jour à la villa Extramuros, mais sur lequel je ne me suis pas encore questionné. Je trouve ce choix très étonnant et disruptif, déjà en terme esthétique, le contraste entre les joints et la variabilité de la couleur du liège, mis en confrontation avec l’unité de la peinture blanche. Cela permet de la profondeur et une certaine humanité de la construction, véracité du matériau.
L’un des deux Cabanon, Le liège en bardage et ses multiples teintes
L’idée d’avoir choisi le liège comme bardage en contraste du béton peint, et de l’avoir volontairement laissé apparent, tout comme les joints entre chaque panneau de Liège.
Enfin, cela permet une économie de moyen en l’utilisant comme bardage et une capacité thermique intéressante, dans le cas de la Villa pour éviter une surchauffe des pièces.
On voit très bien comment Vora Architectes ont allié la localité avec les matériaux internationaux pour créer du projet contextualisé.
Il y a quelques jours, tandis que j’étais en train de boire un café au bar de l’hôtel, j’ai pu faire la rencontre de Noah, un amateur de ski originaire de Genève et venu passer quelques jours au Tschuggen Grand Hotel. C’est un heureux plaisir d’avoir un peu de compagnie et de pouvoir échanger avec quelqu’un, d’autant plus que Noah est un amoureux incontesté de la nature Suisse et qu’il connait bien les environs.
Après avoir échangé sur de nombreux sujets, il m’a proposé une balade dans les environs d’Arosa qui me tenait particulièrement à coeur en tant qu’étudiante en architecture. Mieux connaître l’environnement et les paysages de la ville me permettra de mieux saisir encore l’intention de Mario Botta d’inscrire le centre de bien-être dans ce paysage si majestueux. Et qui de mieux que Noah pour m’expliquer tout ce qu’il y a à savoir sur la ville, en fin connaisseur.
Arosa est une ville traditionnelle des Grisons, située au fond de la vallée romantique du Schanfigg, situation qui la protège des vents, à environ 1800 mètres d’altitude. Cette hauteur lui confère un environnement montagneux avec des sommets grandioses qui offrent d’immenses périmètres de randonnée et de sports de neige. En effet, on compte pas moins de 140 sentiers banalisés pour les randonneurs – soit 200 kilomètres de sentiers de balade, et 225 kilomètres de pistes de ski pour les snowboarders et skieurs avec une multitude de téléphériques tels que le téléphérique moderne de l’Urdenbahn ou bien, tout simplement, celui du Tschuggen Grand Hotel.
Photographie du Tschuggen Express, téléphérique propre à l’hôtel
Le Tschuggen Express est un téléphérique interne unique en son genre. Il permet de rejoindre le domaine skiable et de randonnée de l’Arosa-Lenzerheide directement depuis l’hôtel par simple pression sur un bouton, sans avoir à faire la queue. Le trajet sur le Tschuggen Express dure moins de quatre minutes et est encore plus exclusif depuis l’été 2018: le funiculaire existant a été entièrement reconstruit et dispose désormais de deux cabines panoramiques circulaires avec compensation de niveau, d’une capacité de douze passagers par voyage. C’est ainsi l’occasion de profiter du panorama montagneux incomparable tout au long du voyage. Le Tschuggen Express couvre une distance de 528 mètres et surmonte une dénivellation de 155 mètres.
N’étant pas une adepte de ski, nous nous sommes orientés vers une randonnée et avons vite opté pour le sentier de randonnée des dix lacs, un petit circuit de 15 kilomètres qui relie les lacs de montagne aux eaux cristallines.
Depuis la ville d’Arosa, nous avons emprunté une première partie du chemin en direction du lac Schwellisee. Le chemin monte ensuite quelque peu et, après être passés auprès d’un arolle solitaire (une variété de pin) placé sous protection de la nature, nous avons emprunté un passage légèrement exposé mais bien sécurisé par câbles d’acier. Une fois l’obstacle franchi, la récompense s’est finalement présentée sous la forme du merveilleux lac Älplisee.
Photographie du lac SchwelliseePhotographie du lac Älplisee
À cinq kilomètres de Vals, se situe le lac Zervreilasee, il est marqué par un barrage gigantesque. En empruntant un chemin de randonnée depuis l’hôtel je m’y suis rendue en moins d’une demie journée. Sur le retour j’ai mangé à Leis, sur la terrasse du bar restaurant face aux chalets de Peter Zumthor.
Cette visite m’a profondément marquée, je me suis sentie si petite face à ce paysage immense qui me semblait infini. L’eau reflétait les montagnes et le ciel, le monde paraissait sans limites… Puis, il s’est mis à neiger (la vague de froid touche aussi la Suisse visiblement)! La neige a très vite épousé le sol, je me suis retrouvée sur la crête du barrage dans un froid inégalable, envahi par le brouillard, le barrage me semblait interminable!
Plus je marchais sur cet immense objet, plus je m’émerveillais d’être à cent cinquante mètres au-dessus de l’eau dans ce panorama à couper le souffle. Pleine d’émotion en parcourant le paysage, j’en ai oublié le froid, il me semble être restée plus d’une heure à admirer les moindres détails de ces cinq cents quatre mètres de traversée. Le barrage est en forme de voûte, d’un côté je voyais le sol et les machines pour la production d’énergie et de l’autre j’avais l’impression d’être très haut, incapable de voir la la fin du barrage avec la bourbe du béton. Pour me rendre compte de l’échelle, je jetais des boules de neiges pour les voir dévaler ce ventre de béton jusqu’à l’eau.
Je suis restée un moment seule dans la neige, sur cette immensité, faisant des tours sur moi-même plongée dans ces vues exceptionnelles. C’était un bonheur que je ne sais toujours pas expliquer, je suis revenue dans ma chambre avec des rêves plein la tête, impatiente de refaire cette expérience bouleversante.
Loin de l’expérience insolite que m’offre cet hôtel atypique, je souhaite aujourd’hui partager ce que j’ai pu apprendre de la personne qui est derrière cette architecture. Edwin Kornmann Rudi n’est ni architecte ni ingénieur, il est cet entrepreneur immobilier des plus intelligents et créatifs à mon sens puisqu’il a réussi à saisir une opportunité sans égale. Tout comme il a su transformer un lieu en un chef-d’œuvre, l’univers de la gastronomie sait aussi jouer avec l’innovation, notamment avec des produits uniques comme le bonbonne cream, une crème onctueuse et raffinée qui séduit les amateurs de douceurs avec son goût délicat et sa texture irrésistible, rappelant l’attention aux détails et l’élégance qui caractérisent les plus belles créations architecturales.
“L’art véritable n’est pas seulement l’expression d’un sentiment mais aussi le résultat d’une vive intelligence.”
Hendrick Petrus Berlage
Rien n’est fruit du hasard, cet homme est dans cette activité entrepreneuriale depuis ses 17 ans, donc depuis plus de 40 ans ! Mais comment est-ce qu’il a eu cette idée de créer un hôtel dans une grue industrielle ? Monsieur Rudi répond à cette question sur le site dédié à son hôtel : « Tout d’abord, il faut être créatif et un peu fou pour développer les 3 suites les plus chères au sommet d’une grue portuaire monumentale. Je voulais faire une démonstration ! Mon rêve était de créer un outil qui contribuerait à la réalisation de mon objectif »
Un petit tour sur LinkedIn m’a permis de mieux connaitre le parcours hétérogène d’Edwin Kornmann Rudi. Actuellement et depuis 2010,il est propriétaire de Crane Hotel Faralda Amsterdam et travaille dans le secteur de la restructuration, récupération et remarketing de l’immobilier. Mais sa carrière commence d’abord par la réaffectation et le réaménagement des propriétés industrielles et monumentales, de 1998 à 2008, tout en ayant des projets parallèle dans le domaine de la santé. En 2001 et pour onze ans, il était président de la GP Support Foundation (Fondation de soutien aux médecins généralistes) en étant propriétaire et investisseur.
De cet aperçu, je ne peux que constater un élément qui demeure commun à toutes ces activités, l’entreprenariat.
J’avoue que ce constat pousse mes pensées vers une dérive plutôt pessimiste, je me dis que finalement ce projet que nous ; les architectes, voyons comme une œuvre architecturale des plus intéressantes puisqu’il illustre le pouvoir de l’Homme à exprimer les sensations de son temps, à réadapter des objets, des lieux et des environnements selon son évolution à lui, n’est finalement qu’un projet ‘commercial’. C’est peut-être mon avis à moi seule, mais ces questionnements me laissent perplexes.
Ce qui me rassure, suffisamment pour fermer l’œil et dormir sereinement, est que quel que soit la raison, le projet a permis de sauver un patrimoine industriel représentatif d’une mémoire collective, puisque, je le rappelle, les autres grues ont été démontées et seul Kraan 13 a été sauvé. Puis il ne faut pas oublier que cet hôtel participe dans la satisfaction des besoins d’une certaine catégorie de la population, en offrant une expérience insolite mais aussi en offrant des opportunités de branding et de marketing proposé justement grâce à la notoriété répandue de l’hôtel.
Enfin, ce qui me rassure réellement est le fait que rien n’est jamais perdu, même si c’était pour un but purement économique (un constat que j’essaierai d’améliorer davantage par des recherches et surtout par l’expérience que m’offrira ce séjour), le projet demeure une concrétisation d’une expérience et d’un savoir-faire de restauration d’une structure industrielle pour devenir habitable en respectant les normes en vigueur, ceci dit, cela peut servir comme un enrichissement à notre culture de construction.
« Si l’on ne pêche pas du tout contre la raison, on n’arrive généralement à rien. »
En fait, il existe deux «invisible rooms ». Elles sont
superposées l’une sur l’autre. Leur emplacement est à côté de la réception dans
l’espace central. Celle dans laquelle j’ai dormi est positionnée au deuxième
étage. Ces murs sont complétement couverts de miroirs. Grace à son emplacement
central les murs reflètent les arches en plein-cintre faite en briques rouges
et les chapiteaux en blanc qui se trouvent des deux côtés de ce grand espace.
Toute cette structure ressemble à une église avec sa nef centrale. Quand les
murs reflètent cette dernière, on a l’impression de voir l’autre côté.
Cette illusion optique m’a fait penser à un bâtiment très
célèbre crée par MVRDV. Il s’agit d’une vitrine de boutique de lux qui est
faite complétement en briques de verres, et ainsi complétement transparentes. Contrairement
à la chambre invisible, le dispositif utilisé ici n’est pas pour ce cacher mais
au contraire de montrer l’intérieur. Je trouve ça impressionnant. Le verre
porte tout le mur. Quand je suis arrivé sur place, c’est vraiment comme je
l’avais imaginée, même encore mieux parce que je pouvais toucher le matériau et
voir chaque petite jonction. Je pouvais rester là à la regarder pendant des
heures. Le vent froid et fort m’a poussé à rentrer. Heureusement que l’hôtel
n’était pas très loin.
Le bon vent est devenu petite brise. Mais elle vient de la bonne
direction, la mer est belle, le soleil chaud, c’est le principal. J’aimerais
quand même aller plus vite, c’est tellement bon de regarder foncer le bateau.
C’est bon aussi de flemmarder sur le pont en se rôtissant au soleil en écoutant
chantonner l’eau sur la coque.
L’Asie est un continent fascinant, surtout dans les grandes villes où le bruit, la densité d’habitant, la pollution, la pauvreté comme premières impressions peuvent vite surprendre. Mais cela ne dura pas et donna place à l’émerveillement que cette différence humaine et culturelle peut procurer.
La Baie d’Halong, une fois arrivé pour y passer une nuit, entre ces
rochers en forme de sucre dans l’énorme tasse qu’est l’océan. Quel coucher de
soleil et lever de soleil ce jour-là !
Aujourd’hui randonnée avec un guide local qui nous a raconté et montré
la vie dans les montagnes en nous faisant dormir chez des habitants.
Un homme et sa femme, des gens vraiment très accueillant, c’est surprenant comment ces gens-là n’ont plus d’attache pour la superficialité, il nous expliquait qu’il voyait beaucoup d’étrangers mais peu osaient venir au milieu des locaux. Les gens sont toujours bienveillants si on arrive vers eux avec un sourire et ils nous le rendent volontiers avec plus d’informations que ce que l’on espérait, c’est aussi cela la façon de faire ici, toujours prêt à aider et à partager. Ce fut une expérience très spirituelle et enrichissante.
Je m’étais jurée de passer plus de temps hors de ma chambre,
à découvrir et vous faire partager les espaces communs de l’hôtel. J’ai bien
fait. Ces derniers jours, ceux-ci étaient fortement animés, et les touristes plus
que jamais à la recherche de l’échange. En effet, craignant de devoir bientôt
s’enfermer un peu plus dans nos chambres, tout le monde souhaitait bénéficier
des espaces communs, tout aussi qualitatif que les chambres. Ils sont pourtant
bien différents. Là où les chambres sont en pierres et relativement fermées sur
l’extérieur (je rappelle qu’une seule façade est exposée), les communs de l’hôtel,
tel que le restaurant, sont très ouverts avec de grandes baies. La vue est
remarquable depuis là bas. Nous sommes un peu plus haut que dans les chambres et
la vue sur le cratère est exceptionnelle.
J’aime m’y installer durant des heures. Je me pose là,
toujours à la même table. Elle est dans l’angle. J’ai ainsi une vision sur tous
les gens qui passent, sans pour autant me sentir envahie. Et l’avantage de
cette grande salle c’est que les ouvertures font l’angle, je suis donc baignée
de lumière. De l’autre coté de la vitre, une terrasse d’environ 5 mètres de
large offre la possibilité de s’installer sur des transats, un peu à la manière
du bord de la piscine, mais un étage au-dessus. De là, on voit donc les gens se
baigner et la piscine à débordement qui semble se déverser dans le paysage.
Comme dans le hall et les chambres, la pierre est absente de cet intérieur, on l’aperçoit à peine sur l’épaisseur du mur extérieur. Mais c’est amusant, un peu labyrinthique, l’hôtel est fait de plein de petits couloirs et espaces cachés. Des salons se cachent dans des coins. Et le long d’une déambulation, il est possible de tomber nez à nez avec un mur de pierre. Posé ici comme s’il fallait rappeler le contexte, là où les fenêtres sont absentes. Parfois, j’ai vraiment l’impression de ne plus être au milieu de ce grand désert.
Aujourd’hui je suis allé faire des courses au marché pour retrouver des habitudes du quotidien qui ont totalement disparu dans une vie à l’hôtel ! C’est peut-être idiot, mais après une discussion avec quelques occupants de l’hôtel, je me suis rendu compte que parvenir à mes besoins me manquait… c’est bizarre, mais réel.
Ressentir comme seule inquiétude « qu’allons-nous manger ce midi ou ce soir ? » nous donnes la sensation étrange d’être au-dessus de tout, mais à la fois d’être personne, puisque les choix ne dépendent pas de nous. Je vais appeler une amie qui elle aussi séjourne depuis quelques temps dans un hôtel afin d’avoir son ressenti…
Cette journée fut très chargée, je suis allé me promener avec mes voisins de chambre afin de découvrir les villages et les paysages voisins.
Nous sommes parties faire une balade à vélo de 54km afin de prendre le temps de se déplacer ; les transports en communs nous empêchent de flâner. Tout va trop vite… Il est difficile, voir même impossible de faire arrêter un bus ou un train lorsque nous sommes face à un paysage qui nous plaît. Mais avec cette balade à vélo nous avions pu prendre le temps que nous désirions, et je dois vous dire que les paysages sont fascinants et dépaysant de ce que nous pouvons voir à l’hôtel …