Västerås, une ville aux expériences inédites

Tous les matins, le réceptionniste m’apporte mon petit déjeuner devant la porte de mon logis. Jusqu’à il y a quelques jours, je ne l’avais jamais vu, n’y avais pu parler avec lui. Il m’a raconté plein de choses sur le l’artiste Mikael Genberg, qui a conçu l’hôtel. Il faut savoir qu’il développe des modes d’hébergements alternatifs très atypiques. Il aime créer et proposer des expériences inédites.
Il voudrait que l’art soit plus inclus dans nos sociétés. De là lui est venue l’idée de créer une maison dans un arbre à 30m du sol qui de base n’était pas censé être habité mais qui a fini par l’être. Puis il eut l’idée du utter in. La maison dans les arbres se trouve d’ailleurs dans le parc du centre-ville de Västerås !

Hotell Hackspett, dans le parc du centre-ville de Västerås, Claes Gefvenberg

Après pour lui l’eau du lac Mälaren peut être comparée à une soupe aux pois et il dit que ça semble être le pire emplacement du monde mais que je serais surpris du nombre de personnes qui viennent chaque année, et en plus du monde entier !
Il a aussi rajouté que quelque part dans le lac, un peu plus au sud, il y a une maison à moitié submergée mais c’est un trompe-l’œil.

Ooops Hotel, à moitié submergé au sud du Utter Inn,
Västerås Marknad & Näringsliv

Il y a plein de petits logements pour vivre des expériences uniques dans cette ville.

Évidemment je n’ai pas pu beaucoup lui parler parce que contrairement à moi il avait plus important à faire. Mais j’en sais un peu plus sur lui. Il s’appelle Peter et il est originaire de Stockholm. Il voulait changer d’air et être plus proche de la nature, il a l’air justement d’adorer ce qu’il fait. Malgré tout il m’a quand même conseillé d’aller à Stockholm. Il m’a dit que c’était la Venise du nord !

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Mis à part toutes mes découvertes, il y a bien quelque chose qui me manque, c’est ma douche. Depuis que je suis arrivée, on me livre ce dont j’ai besoin : bidon d’eau, nourriture, linge … Mais il n’y a pas de douche sur le utter inn. En fait il y a des toilettes, une petite plaque chauffante, une bouilloire et un petit placard. Bref le strict nécessaire.

L’ensemble de l’hôtel est alimenté par batterie qui se recharge avec des panneaux solaires qui sont en fait sur le toit. J’ai d’ailleurs un peu peur que la batterie lâche, ou qu’elle ne supporte pas ma présence sur le long terme, alors je m’éclaire beaucoup avec des bougies. Ça donne un petit côté cosy à l’espace.
Il y a également une bombonne de gaz à l’extérieur et un petit espace de stockage dans le toit où il y a des équipements : balais, bouées…
Je pense d’ailleurs, que je pourrais placer une douche solaire à l’arrière du bâtiment, il y a largement la place.

Croquis des dispositifs

D’ici peu je pourrais me laver dans le lac mais il fait encore trop froid. En général je vais chez les habitants, ils sont très accueillants, et dans les cas où je n’ai pas pu, je me débrouille autrement dans ma cabine.

Une ville curieuse

Cette semaine je suis beaucoup sortie. Le temps était plus frais et surtout, je tournais vite en rond dans ma (pourtant grande ) chambre. Avec la crise sanitaire l’hôtel est plus vide que d’habitude et il y a peu de francophones. Alors, j’ai décidé d’aller visiter les alentours. Et aujourd’hui, je vais vous parler de la petite ville de Mitzpe Ramon.

5000 habitants, de premier abord peu intéressante, elle cache en vérité des merveilles. Et si elle existe telle qu’elle aujourd’hui, c’est bien grâce aux touristes des hôtels et venus voir le cratère, alors, autant en profiter. Les gens sont tout sourire, accueillants et généreux, ca fait tellement du bien. Pourtant, leur maisons sont petites et vétustes et facent aux touristes riches des hôtels de luxe de la ville, ils ne semblent pas jaloux. Le contraste est fort. Leur habitations sont de même typologie, rangés en bande, tel un quartier ouvrier et populaire. La ville a été construite récemment, dans les années 1950, en effet pour des ouvriers. Depuis, des entreprises et touristes sont venus s’installer et la ville commence à se développer.

Le centre est animé. L’ambiance est musicale, partout des gens chantent et dansent et il y a des clubs de jazz qui ont fermés pour la plupart, à cause du covid. J’aurais aimé voir ca dans un contexte normal. Des peintres et autres artistes partagent leurs œuvres dans la rue. Parmi ces petites maisons de pierres et ces gens pauvres mais si humains, le contraste entre le luxe et la ville ne se fait plus sentir, tout le monde partage la même joie. Et quand je rentre à l’hôtel, j’ai un sentiment particulier, je reconnais le luxe d’avoir une chambre de la taille de leurs maisons. Et je reconnais aussi l’histoire de cet hôtel qui participe au développement de la ville. Je ne vivrai désormais plus mon voyage pareil. Promis, je vais me sociabiliser.

Un regard plus conventionnel

Rez-de-Chaussée C°VORA Architectes ( 1 – Entrée 2 – Réception 3- Salon Bibliothèque 4-Salle à manger 5- Cuisine 6- Salle Fitness

Ce qui est intéressant quand je regarde ces plans, c’est la manière dont une forme basique, le cube, peut être travaillé par évidement et donner cette qualité, cette transparence et traversabilité du bâtiment.
On remarque aussi que les grandes ouvertures ne sont pas au sud mais au nord comme pour ma chambre ( n°9 ) pour se protéger du soleil.
Les extrusions du cube au rez-de-chaussée permettent des vues et situations agréable, tel que dans le salon.

Vues depuis le salon et la bibliothèque : effet du creusement du cube C° Villa Extramuros

Discussion utile

Avant d’aller me baigner dans les magnifiques piscines du centre de bien-être de Mario Botta, j’ai eu l’honneur de discuter avec la réceptionniste qui a eu la gentillesse de me donner accès aux plans du centre quand elle a appris que j’étais étudiante en architecture. J’ai même pu les récupérer en version numérique pour les compiler dans mes notes de voyage.

Plan du 2e étage
Plan du 3e étage
Plan du 4e étage

Plus qu’un simple lit

J’ai décidé de passer cette semaine dans une des capsules qui se situe en haut de la boîte. En effet, les capsules sont superposées dans la boîte, avec ceux d’en bas accessible directement en se penchant et celles d’en haut accessible par des escaliers. A l’intérieur comme dans toutes les capsules du Sui KYOTO, l’espace est petit, mais très bien optimisé. On y trouve l’essentiel comme ce qu’on pourrait trouver dans un hôtel standard.

Les quatre boîtes en bois disposées à haut plafond et séparées par des espaces vides sont légèrement éclairées par des lumières supérieures et des fenêtres dans chaque passage, et lorsque ma capsule est ouverte, elle semble être entourée par l’espace extérieur.

Ma capsule, éclairée par cette lumière naturelle, s’étonne, de ce bonheur qui dure ; elle rit ; elle est guérie de la pauvreté d’être obscure…

Eclairage des espaces vides et ma capsule
Vue de ma chambre d’en haut

RÉALITÉ _ RÊVERIE

Cela fait maintenant 2 semaines que je suis confiné dans cette sublime suite avec Jérome. Ce confinement nous permet de nous rendre compte que nous nous investissons énormément dans notre métier au point d’oublier de prendre du temps pour nous. Ces deux premières semaines nous ont permis de nous reposer, de nous détendre, de retrouver notre complicité que nous avions en Pologne. Nous nous sommes approprié cette suite comme notre habitat commun. Cette suite est suffisamment grande pour que nous puissions nous isoler afin de prendre du temps rien que pour soi.

Jérome est confortablement installé sur le canapé du salon, et échange avec ses parents en visio. Leur sujet de discussion tourne autour de la situation sanitaire actuelle, le nombre de décès, le nombre de personnes hospitalisé, les symptômes, le chômage partiel, le confinement, etc. Je profite de ce moment pour m’isoler dans la chambre. Je m’assois sur le fauteuil près de la fenêtre, je m’emmitoufle dans le plaid, malgré le soleil qui frappe le vitrage de la fenêtre. Je prendre mon petit carnet à dessin et mon stylo, j’ouvre légèrement la fenêtre pour apprécier ce silence inédit dans Paris, seuls les chants des oiseaux résonne dans les ruelles. Je ferme les yeux quelques instants, je me laisse bercer par le son des oiseaux, je visualise l’espace dans lequel je me trouve dans ma tête. Je visualise précisément certains éléments, leurs couleurs, leurs textures, leurs odeurs, leurs positions. 

J’ouvre mes yeux, je commence à faire quelques croquis de ces images mentales visualisées.

CONFIANCE _ ANXIÉTÉ

Il est 21 h 00, le Président a fini son élocution. Jérome reste silencieux, seul son regard et son sourire communique avec moi. Son sourire est tellement communicatif que je souris, à travers ce sourire se cache de l’amour, de l’admiration, du bonheur, de la peur, de l’anxiété. Malgré les instructions de Monsieur Macron, concernant ce virus, je me sens en confiance avec cet homme. 

Ça toque à la porte, j’ouvre, c’est encore l’hôtesse d’accueil, il est 22 h 05. Elle m’informe que notre suite est prête à nous accueillir, elle me donne la clé. Je lui lance un regard étrange et je la remercie et lui souhaite une agréable soirée. Je me dirige vers Jérome, je lui dis que notre suite est prête. Mais quelle suite ? Je ne comprends pas, nous venons d’arriver, et nous sommes dans cette chambre parce que nous pouvons plus sortir. Comme d’habitude, je lui pose 30 millions de questions pour savoir le pourquoi du comment. Comme d’habitude, il lève les yeux, souri légèrement, et me dit de m’habiller et de refermer ma valise. Je me précipite, je range très rapidement mes affaires que j’avais sorties. Nous nous dirigeons vers l’ascenseur, il appuie sur le 5. 

Nous ouvrons la porte de la chambre numéro 30. Je suis sans voix, émerveillé dès l’entrée dans cette fabuleuse suite. Je suis très curieuse comme personne, donc dès l’entrée j’ouvre toutes les portes et contemple chaque recoin. Dans ma tête, j’énumère les pièces, un salon, un dressing, un coin bureau, une salle de bain, une chambre, et la cerise sur le gâteau la terrasse filante donnant sur les toits des bâtiments voisins. À ce moment précis, je vis l’un des meilleurs moments de ma vie, malgré la situation sanitaire dramatique. Jérome m’informe que c’est ici que nous devions séjourner durant le week-end, et maintenant, c’est notre lieu de vie durant les prochains mois de confinement. Je suis déstabilisée, stressée de la situation sanitaire, et rassurée du lieu de confinement, du confort, de l’espace, une terrasse que cette suite nous offre, sans oublier la compagnie de Jérome.

Il est 23 h 52, nous avons passé une excellente journée, très mouvementée, mais riche en découverte et en émotion. Nous décidons d’aller nous coucher.

La goutte d’eau dans son cocon de bois

Chambres Mayne Wood

La chambre dessinée par Thom Mayne est très surprenante… Tout y est parfaitement rangé, j’ai l’impression de vivre dans un objet d’art. Les sanitaires et la porte d’entrée sont dissimulés derrière des portes sous tenture, se fondant ainsi dans une zone servante accompagnée de rangements. La salle de bain apparaît comme une goutte d’eau dans ce cocon de bois. Cette bulle me donne l’occasion de me laver en plein milieu de ma chambre, face au paysage, quelle sensation de liberté! 

La façade de la chambre a été travaillée d’une manière très particulière au niveau de la baie vitrée : les murs se resserrent dans un cadre noir avant de passer l’extérieur. C’est intéressant cet espace intermédiaire, ce seuil, il est dans la chambre mais pas de la même matérialité, c’est un peu comme avoir une pièce dans la pièce. 

L’ambiance de la chambre change considérablement entre le jour et la nuit. La journée l’attraction est portée sur le paysage et la lumière du jour épouse chaque lames de bois, je m’y sens bien. Alors que la nuit, la fenêtre est sombre, le seuil de la baie aussi, tout comme les portes sous tenture, c’est presque oppressant de n’être enfermée que dans du bois, sans issue visible, sans mobilier… 

Cette chambre est une véritable expérience pour moi, je pense que les matériaux et leurs dimensions jouent beaucoup, j’ai choisi de passer la fin de la semaine dans la deuxième chambre « Mayne Wood » qui a des sections plus grandes. J’ai pu constater que dans la première je ressentais une sensation de vitesse alors que la deuxième me rappelait plus l’ambiance des chalets. Et pourtant, je trouvais que lors de ma première expérience, la chambre paraissait plus grande bien que les deux aient exactement les mêmes dimensions. 

La semaine prochaine, je teste les « Mayne Stone », quelle chance de pouvoir bénéficier d’un si grand catalogue architectural sur place!