Ergerzhadenn Kelt

Domaine de la « Bulle flottante », à La Roche Maurice // Finistère, Bretagne – traduction : Voyage celte

Départ pour la Bretagne

J’ai rangé mes dernières affaires et mis en ordre la chambre, pris mon petit déjeuner dans le jardin (avec une doudoune au soleil, c’est agréable !) et profite des derniers instants dans ce pays doré. C’est le jour du départ ! Un ami à moi est venu me chercher. On part ensemble pour rejoindre notre nouvel hébergement pour une bonne semaine.

Nous avons pris la route pour la Bretagne. Quelques heures plus tard, nous nous arrêtions à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, avec ses chemins sinueux, ses petites boutiques et ses vues sur la baie. Nous avions pu prendre plusieurs photos et profiter de ses paysages époustouflants. Après 1h sur place, et une omelette de la mère poularde dégustée, nous sommes repartis pour Saint-Malo.

A Saint-Malo, nous avons garé la voiture aux portes des remparts. Je vais vous raconter quelques anecdotes de ce port emblématique : « Il est composé de quatre bassins, le bassin Vauban, le bassin Duguay-Trouin, le bassin Jacques-Cartier et enfin le bassin Bouvet. Le port de Saint-Malo est le deuxième port de commerce de Bretagne qui est encore aujourd’hui, actif. Il abrite au sein et aux abords de ses remparts, pas moins de 83 monuments historiques et plus d’une centaine de bâtiments inventoriés. Intra-muros, on retrouve la cathédrale Saint-Vincent, le château de Saint-Malo et bien-sûr les remparts que l’on peut visiter et escalader ».

Nous avons alors, pris un peu de notre temps pour faire une virée dans ces murs. Le restaurant-salon de thé le Bergamote, nous a accueilli sur sa petite terrasse, où l’on a pu déguster des galettes bretonnes et des desserts dignes des plus grandes maisons, mais aussi reposer nos jambes avant de reprendre la route. Nous sommes passés, par la suite, par plusieurs villes de caractère ; Dinan, Saint-Brieuc, Guingamp et Morlaix avant d’arriver à La Roche-Maurice. C’est un village non loin de Brest et de la mer celtique. En arrivant au domaine, nous avions été surpris du calme qui y régnait.

Arrivée et découverte de notre bulle « flottante »

Nous avions alors pris nos affaires et nous nous sommes dirigés vers notre bulle, niché dans un écrin de verdure. Notre bulle qui est déjà atypique, l’est d’autant plus dans ce domaine car pour y accéder, nous avions dû prendre une barque et naviguer jusqu’à notre ponton d’amarrage. La balade est restée gravée dans ma mémoire, comme si c’était hier.

 « Nous sommes montés dans la barque et à ce moment-là, le spectacle commença ; les canards sauvages, les libellules et les oiseaux chantaient sur l’étang. L’air frais nous caressait le visage, les rayons du soleil nous réchauffaient et irradiaient sur la surface de l’eau. Nous avons aperçu à un tournant, notre bulle qui flottait. Nous avons alors amarré et monté sur notre terrasse ».

Sachez-le, cette aventure vous plonge en pleine nature et rend le séjour encore plus incroyable. Bien-sûr, ceux et celles qui ont le « mal de mer » pourrons ressentir ce désagrément pendant quelques jours. Chaque matin, nous avions le petit-déjeuner de servi sur la terrasse : un jus de pomme, de la confiture et quelques viennoiseries, fait maison nous ont ravis. La nuit était assez magique, le ciel étoilé se reflétait sur l’étang, nous avions l’impression d’être au-dessus des nuages dans un monde imaginaire. La bulle fût très confortable, un lit douillet au centre et quelques meubles d’appoints pour y déposer nos affaires.

Le principe de la bulle est vraiment de prendre du temps pour soi mais aussi dans sa conception. Avant de rentrer dans la bulle ou avant d’en sortir, nous devions passer par une entrée. Nous ouvrions une première porte que nous refermions derrière nous, avant d’ouvrir la seconde afin de ne pas faire dégonfler la bulle. Ce qui était différent avec ma première expérience dans une bulle, est que l’on avait bien plus d’humidité à l’intérieur. La relation directe avec l’étang, et le fait que l’on soit à deux dans la bulle, en était surement la cause.

Croquis de l’hôtel « Bubble » – caractéristiques thermiques

Mais l’expérience en couple dans cette parenthèse de calme et de romantisme fût vraiment bénéfique. Nous avons pu voir, en plus, des étoiles filantes. Les maîtres de maison, une famille adorable nous ont accueillis pendant tout le séjour et ont pris soin de nous. Nous avons pu déguster des mets locaux ; tels que des fruits de mer provenant de Landerneau, dans une bulle sous les arbres. Nous avons pu faire de grande et longue promenade autour et sur l’étang. Ce fût très agréable et chaleureux.

La semaine prochaine, nous continuons notre périple. Serais-je seule ? Accompagnée ? L’avenir nous le dira …

Excursion

Pendant la semaine, j’ai décidé de visiter tous les recoins de mon hôtel, car depuis que je suis là, je n’ai pas vraiment pris le temps de tout visiter. On est jeudi, comme tous les matins, je me réveille de bonne humeur. Après le petit-déjeuner, je décide d’abord de visiter toutes les boîtes et d’essayer de comprendre leur fonctionnement. Au premier étage, on a un rectangle de 7,3m*9,9m, dans lequel on a quatre boîtes. Dans ces boîtes, sont placées les capsules et entre chaque boîte, il y a des passages et des escaliers qui mènent à chaque capsule. Ces passages d’environ 1 m et les escaliers sont considérés comme des espaces semi-privés où les gens peuvent se rencontrer, discuter et s’asseoir ensemble.

Fonctionnement des chambres

Je pensais qu’il n’y avait que des chambres capsules dans l’hôtel, mais en fait non, il y a également deux chambres familiales qui se situent au Rez-de-chaussée et qui peuvent accueillir jusqu’à trois personnes (un lit double et un lit simple en mezzanine). Il faudrait que je songe à changer de chambre et essayer la chambre familiale qui ressemble plus à une chambre normale d’hôtel.

Chambre familiale

Vendredi,

Masa nous a demandées avec deux autres clientes, si on voulait faire un tour de voiture en ville pour qu’il nous montre quelques endroits intéressants de la ville. A côté de l’hôtel, il y a plein de sanctuaires et de temples. La ville de Kyoto a été la capitale du Japon et a servi de résidence à l’empereur. Pas étonnant donc que l’on y trouve aujourd’hui un nombre incalculable de temples, de sanctuaires et de bâtiments historiques si bien préservés.

Nous avons donc décidé d’aller visiter le Kinkakuji ou Temple du Pavillon d’Or. Ce temple se situe le long de la montagne, au nord de Kyoto. Il est surnommé le Pavillon d’Or pour ces magnifiques façades recouvertes à la feuille d’or. Ainsi, le bâtiment doré se reflète dans l’eau de l’étang au-dessus duquel il a été construit. Le temple s’ouvre sur un jardin qui nous immerge au cœur d’une miniaturisation du paradis de Bouddha. 

Temple du pavillon d’or avec reflet des feuilles d’or sur l’eau

Le reste de la semaine, j’ai également visité quelques restaurants locaux. La nourriture était succulente ! Je vous raconterai une prochaine fois. Ma semaine, qui était supposée être une visite de tous les recoins de l’hôtel, s’est terminée en visite/excursion dans la ville de Kyoto. 

Immersion historique

Cette semaine était très enrichissante en découverte. Ce qui me fascine le plus dans ce site classé patrimoine mondial de l’UNESCO c’est l’authenticité et l’identité qu’il porte en lui. Toutes ces couches, ces vies humaines et ces histoires qu’il a abritées. 

En observant la structure des Sassi, on peut facilement distinguer  l’évolution sociale et architecturale de l’humanité, le passage de simples abris creusés, aux grottes avec façades, à la construction de toits terrasses, jardins.  L’évolution de la structure sociale d’une communauté est aussi retranscriptible. Les différentes interactions humaines entre les individus, les familles, les habitations, les quartiers et les églises, le passage de la campagne à la ville. 

Cette semaine a été majoritairement consacrée à la découverte de la ville, dans l’espoir de trouver des informations sur l’histoire  et le mode d’occupation originale des anciennes grottes. 

Mes premiers entretiens avec les habitants, paysans et commerçant du centre historique de la ville, m’ont confirmé les premières analyse faites sur place 

Appelés les Sassi,  ils représentent deux des plus anciens secteurs de la ville de Matera, ils sont principalement composés de maisons en partie creusées, ou en partie construites, incrustées dans la falaise. 

Au cours des siècles et des millénaires passés, les habitants ont agrandi les grottes formées naturellement et en ont creusé de nouvelles dans le calcaire.

Ils ont utilisé la pierre extraite pour construire des pièces supplémentaires. Dans cette ville verticale, composée d’une douzaine de niveaux, les rues d’un niveau fournissent le toit des structures situées en dessous. 

Selon Pietro Laureano, auteur de la proposition d’inscription à l’UNESCO, les grottes, dont beaucoup sont en pente descendante à mesure que l’on y pénètre, ont été aménagées de manière à maximiser l’efficacité de la construction. Elles ont été développées pour maximiser l’apport de lumière, l’hiver . Bien qu’humides, les grottes offrent un confort thermique épatant : un air  frais en été chaud et un abri chaud en hiver. Les cultures qui se sont développées ici, ont maximisé la collecte des eaux de pluie grâce à un système complexe de gouttières/ citernes ( appelées Gra Baglioni) qui sortent de la crête de la colline et recoupent chaque niveau et secteur des  grottes.

Ces informations réconfortent mon intuition ! Les habitants m’orientent vers un bouquiniste dont la boutique se trouve au bas du village. Je m’y rends dès ce weekend. 

La boutique est assez étroite, mais jouit d’une façade en calcaire dont le charme est indéniable, à l’intérieur, des livres, des archives, des tableaux un vrai cabinet de curiosités. J’aperçois un vieil homme; au fond le nez dans un journal, des cheveux blancs gris, des rides expressives, et des lunettes rondes  un peu trop grandes pour son visage. J’approche, et je lui explique que j’aimerais connaître un peu plus l’histoire de la ville, et surtout de l’occupation des grottes.  

Il esquisse un énorme sourire, il semble être ravi et très enthousiaste de me faire part de cette histoire. Il me ramène une chaise et une pile de livres. Il me demande si j’ai envie d’un café, ou d’eau fraîche. Une fois servie;  il commence sans attendre.  Il m’explique que le site est habité, continuellement, depuis deux millénaires. La ville trouve ses racines et existe grâce aux grottes  et villages qui constituent les premiers villages du Paléolithique au Néolithique. Le site était idéal pour une société préhistorique,  les grottes d’un côté et les rives de la rivière de la Gravina de l’autre.  

Il m’explique également que la ville a toujours entretenu une relation forte avec la religion. Son essor est dû au développement des monastères dans la région. Je lui demande alors si l’église qui nous sert de salle de repas date de cette époque. Il acquiesce et affirme que les églises rupestres et demeures monastiques dans les grottes, qui se trouvent enrichies de peintures figuratives religieuses datent bien du début des années mille. Je lui demande si ces peintures existent encore ? Je n’en ai vu aucune encore. Il pense qu’elles sont fermées au grand public, afin de préserver la peinture.  Je sais déjà que lors de mon retour aux grottes, je vais essayer de m’y faufiler, je ne pourrais résister. 

Des clients entrent dans le magasin et nous interrompent , le vieillard se lève il part les conseiller et me demande de revenir, au cours de la semaine prochaine, un mardi peut être ou il sera plus libre et pourra m’accorder plus de temps. 

Je lui souhaite une agréable soirée, et me précipite vers l’hôtel, une seule idée en tête, trouver ces grottes originales.


La nature est reine

Il m’a fallu très peu de temps pour comprendre la volonté de construire un hôtel dans ce paysage magnifique, en revanche, il m’a fallu plus de temps pour comprendre tout les enjeux auxquels réponds le Juvet Landscape Hotel. Il n’a rien à envier aux hôtels traditionnels, avec des chambres conventionnelles empilées dans un grand bâtiment. Le Juvet Lanscape Hotel est un « hôtel paysager ». Un nom mais aussi un concept qui lui a été donné d’un commun accord entre le maître d’ouvrage Knut Slinning, résident local, et les architectes Jensen & Skodvin, convaincus par l’idée que la durabilité dans l’architecture ne doit pas se concentrer uniquement sur la réduction de la consommation d’énergie lors de la production et l’exploitation mais également sur la préservation de la topographie. Son nom « hôtel paysager » s’illustre par son organisation avec des chambres parsemées sur tout le terrain sous forme de petites maisons individuelles.

Plan masse de l’hôtel

L’hôtel se compose de plusieurs espaces distincts : une salle de cérémonie, un espace bien-être, et des chambres paysagère ou des chambres nids. Chaque espace est autonome, inséré dans le paysage sans le transformer. Les constructions de posent sur la topographie existante. Les maisons sont des invités sur le site.

Landscape Room
Bird House

L’hôtel a été pensé avec la volonté de construire un projet qui peut être enlevé sans laisser de cicatrice dans le paysage. Ce souhait d’une intervention minimale nait d’une conviction partagé entre maître d’œuvre et architectes : « Conserver le site est une manière de respecter le fait que la nature précède et succède l’homme. ». Au Juvet Landscape Hotel, la nature guide nos vies et nos choix, et nous lui devons le respect. Devant ces paysages extraordinaires, la nature reprend ses droits et nous fait découvrir toute la beauté qu’elle détient. Pour espérer s’immerger, nous devons prendre le temps de nous arrêter, de nous « déconnecter » de ce que nous connaissons du monde pour laisser la nature nous réapprendre à vivre.

Un séjour ressourçant

Voilà maintenant quelques semaines que j’habite cet hôtel. J’ai essayé de me promener pour découvrir la région, malheureusement il n’y a pas grand-chose à voir à part le désert a perte de vue. Evidemment, j’ai fait le tour du cratère, celui qui se trouve face à l’hôtel, le plus grand du monde apparemment, dont nous avons une vue imprenable depuis la terrasse du restaurant. C’était impressionnant, mais la chaleur m’a vite monté à la tête. En voici quand même un aperçu.

Finalement c’est bien dans ma chambre que je passe le plus de tps. Elle est très spacieuse et le fait que ça soit une petite maison m’offre vraiment une intimité, je suis dans ma bulle. En plus je bénéficie de ma propre piscine sur la largeur de la chambre, environ 4m de large. Les seuls regards qui peuvent m’embêter à ce moment-là sont les chèvres présentes partout sur le site. J’ai réalisé un petit plan à la main pour vous donner une idée.

Parfois je vais à la grande piscine, celle dont tous les touristes parlent. Insoupçonnable depuis la rue elle semble se vider dans le cratère qui lui fait face. Là j’y ai rencontré des Allemands, ils y sont tous les jours parce qu’ils n’ont pas la chance d’avoir une piscine privative en habitant à l’étage. Malgré ça, eux non plus ne sont pas déçu de l’hôtel et d’avoir quitté la crise sanitaire. Ici, perdus au milieu de nulle part, on a l’impression que tout ça n’existe pas. J’irai en ville bientôt, peut-être que je me rendrai compte alors qu’ici aussi la covid est bien présente mais surtout, l’ambiance de la ville de Mitzpe Ramon est si particulière que mes nouveaux amis m’en ont longuement parlé pendant que nous sirotions notre mojito au bord de la piscine. Tellement qu’ils m’ont presque gâché la surprise ! J’ai vraiment hâte de sortir un peu, mais je vous en parlerai la prochaine fois, car là, je finis ma sieste au bord de l’eau.

Francesinha, Quesaco ?

Jeudi :

Je me suis levé de bonne humeur, léger mal de tête en arrière-plan sûrement à cause du soleil de la veille.

Comme tous les jours mon petit déj m’attend. J’ai décidé de faire un relevé minimaliste des façades de la villa extramuros, qui ont chacune une petite variation très intéressante.

Je vous les montre ce soir.
Ah oui, aussi, François m’a très gentiment donné un plan d’Evora, je pense que je vais prévoir la mission siza pour dans quelques jours.
Je viens d’aller donner à manger aux moutons de l’Alentejo qui paissent devant la villa et me voilà parti, le moleskine dans la poche et mes membres comme unité de mesure.


Samedi :

Façades de la villa

Malheureusement, le confinement est trop important maintenant et me voilà coincé à la villa extramuros sans possibilité de me rendre à Evora. Il ne fait pas beau aujourd’hui et je dessine une perspective depuis la piscine qui magnifie la villa extramuros et sa vue de ¾.

Je m’ennuie un peu, il y a très peu de choses à faire, tout le monde a décidé de rentrer de vacances.

Lundi :

C’est mon anniversaire ! Au menu une petite Francesinha, concoctée par jean Christophe. C’est un plat portugais qui ne donne franchement pas très envie, mais il n’est jamais trop tard pour essayer.

Nous mangeons dans le salon face à la piscine devant la grande baie vitrée.

Je me suis assis sur l’un des fauteuils signés Philippe Starck de chez Driad, « cafe costes chair » qui est très beau et minimaliste. Le soin est porté sur le mobilier selon les ambiances. Le petit coin bibliothèque marche très bien avec ces chaises driad.
Cet endroit est assez merveilleux en terme d’émotions architecturales. En face, la cheminée noire et sa tête de taureau accrochée, à gauche une grande baie verticale qui donne sur le patio et plus loin la cuisine et l’escalier et à droite la grande baie horizontale qui nous projette vers le grand paysage. Je prends un livre sur la table basse, le retourne dans tous les sens, regarde la tranche puis le repose. Je vais jeter un coup d’œil à la bibliothèque, peut-être trouverai-je mon bonheur.

Les chalets de Peter Zumthor et l’histoire des thermes

Oberhus, Unterhus et Türmlihus

Cette semaine je suis allée dans le hameau de Leis, qui appartient à la communauté de Vals, pour voir les trois chalets dessinés par Peter Zumthor, qu’il a l’opportunité d’habiter lorsqu’il est en congé. J’ai vu que lorsqu’il n’occupait pas ses chalets, il les mettait en location. Ils sont minimalistes, rustiques, mais à la fois contemporains : les baies sont situées en porte à faux et en nu extérieur, l’ossature de la toiture est pleinement apparente, à l’image des chalets autour, cependant, les pignons ne montent pas en toiture, contrairement aux autres chalets. Je me suis demandé quelques instants à quoi servaient les « murs » qui dépassent des façades, je pense qu’ils soutiennent la toiture. À l’intérieur, cela doit être une vraie immersion dans le paysage des grisons ! 

Un bar se situe juste en face des trois chalets en question, et c’est ici que j’ai croisé Alexander, le réceptionniste, le petit frère d’Amanda Wassmer-Bulgin, la sommelière du restaurant étoilé. Il l’attendait car elle accompagnait le Chef Mitja Birlopeter, pour l’élaboration du menu de Pâques pour Peter Zumthor. Il veut convier ses proches pour le repas à son chalet et leur offrir la cuisine du restaurant silver à domicile. Pendant ce temps, Alexander me racontait que le nom de l’hôtel « 7132 » était une référence au code postal de la ville, une anecdote amusante car depuis mon arrivée je me demandais à quoi ce chiffre faisait référence. 

Les thermes de Vals ont été construits suite à la faillite d’un complexe hôtelier. Celui-ci avait été imaginé en cinq hôtels par un promoteur allemand dans les années 1960 pour apporter du tourisme à Vals, une vallée perdue à l’époque, malgré qu’elle ne soit qu’à deux heures de Zurich. Peter Zumthor a donc été appelé pour bâtir un établissement thermal entre les cinq bâtiments existants, là où jaillit la source. C’était un choix surprenant à l’époque car Peter Zumthor n’avait pas encore beaucoup construit. 

J’ai revu Alexander dans la semaine car j’ai décidé de quitter ma chambre pour m’installer dans une autre, cette fois ci dessinée par Thom Mayne, revêtue de bois. Il m’a promis de me faire visiter l’hôtel, j’ai hâte de savoir tout ce qu’il se passe en coulisses! 

Inquiétante étrangeté

Je ne saurai comment décrire l’espace qui m’entoure. J’ai une impression d’inquiétante étrangeté.
Le lac est d’une profondeur indéfiniment vide. Les poissons sont encore au fond du lac en attendant les jours meilleurs. Parfois je vois des ombres bouger, mais je ne saurai définir ce qu’il s’y trouve.

La nuit, l’eau est très sombre comme le néant mais j’ai l’impression d’être observée depuis l’extérieur dans mes 6m². C’est peut-être pour ça que mes nuits sont agitées… Je ne me sens pas très rassurée. J’aurais préféré être dans des eaux turquoise. Mais j’ai quand même l’impression d’être à portée d’un autre univers qui me sera bientôt accessible.
Je sens que la glace disparaît de plus en plus. Je ressens d’ailleurs quelques remous parfois quand je suis à la surface de l’eau mais bizarrement à l’intérieur, dans ma chambre, cette sensation s’efface.

Je suis actuellement sur le ponton de ma maison avec des plaids et quelques bougies. Je m’accorde un petit plaisir « fika » avec quelques « Kanelbulle » achetés à la boulangerie en centre-ville. Il y a quelques mots comme ça que l’on finit par retenir.
Mardi j’ai aperçu des aurores boréales au-dessus du lac. Elles étaient légères mais tout de même bien là ! Être en plein milieu du lac est définitivement le meilleur endroit pour les observer ! Je m’étais d’ailleurs avancée davantage dans les profondeurs du lac pour m’éloigner de Västerås. Je n’étais pas gêné par la pollution lumineuse de la ville et je pouvais contempler le paysage en solitaire. Je ne m’attendais pas du tout à en voir. D’ailleurs, je rentrais simplement chez moi quand c’est arrivé. Il était tard, sûrement 23h30. Il n’y avait également pas de lune dans le ciel. Bref, c’était parfait et depuis je guette tous les soirs en espérant en revoir, mais la période des aurores polaires s’achèvera dans peu de temps…

Souvenir des aurores boréales au-dessus du lac Mälaren

QUIÉTUDE_INQUIÉTUDE

Les minutes passent, nous rassurons nos proches, nous essayons de trouver une solution de savoir où loger, et cela, pour une durée indéterminée. Nous sommes encore insouciants de ce qu’il se passe réellement, nous savions que le président de la République doit nous informer de la situation à 20 h 00. Nous décidons de loger dans l’hôtel où nous y trouvons. L’hôtesse d’accueil nous confit la clé de la chambre numéro 21, situé au deuxième étage.

Dès l’ouverture de la porte, nous sommes émerveillés par la sobriété de la chambre. L’association des différents tons de blanc et de beige apporte à la chambre beaucoup de charme. Le mobilier qui habille la chambre est très subtil, élégant, raffiné. Cette chambre dégage une atmosphère chaleureuse, apaisante. Nous observons chaque détail de cette pièce, jusqu’à être coupé de souffle par la salle de bain. Nous trouvons le même code couleurs que dans la chambre. Un grand meuble en marbre blanc ou est incrusté la vasque, une grande douche italienne à l’arrière de cette dernière, une baignoire inspirée des bains japonais, constitue cette sublime salle de bain.

Il est 18 h 30, je suis épuisé de cette journée. Je décide de me couler un bain pour me détendre et de profiter au maximum de chaque espace de cette chambre. Pendant ce temps, Jérome se détend sur l’un des fauteuils de la chambre à regarder les informations sur la télévision. Je me glisse dans cette eau suffisamment chaude, je ferme les yeux, je me laisse emporté par l’odeur des huiles de bain au jasmin et fleur d’oranger. Cette première expérience dans un bain japonais, m’a complètement convaincu et m’a permis de m’évader quelques instants. J’enfile un peignoir, je m’installe sur le second fauteuil à côté de Jérome pour écouter l’élocution de notre président, il est 20 h 00.

Le « Blue Cone »

Après mon séjour au Mirrorcube, j’avais envie de plus de simplicité. J’ai donc demandé à résider au Blue Cone. Je quitte alors mon cube flottant pour une construction traditionnelle en bois rouge singulier dans les arbres. Avec ses trois piliers au sol, cette nouvelle chambre donnait plus l’impression de stabilité que la précédente.

En arrivant, je remarque que le Blue Cone n’était pas très élevé par rapport au niveau du sol, mais en réalité, il se trouvait sur un terrain en pente. Ainsi, lorsque j’y entre par la rampe PMR qui permettait son accessibilité, je me sens tout à coup beaucoup plus en hauteur. La grande fenêtre carrée permettait un cadrage sur la colline surplombant la vallée de la rivière Lule.

Cette chambre permet d’accueillir quatre personnes avec son lit double, et ses deux lits simples sur une mezzanine. Mon premier réflexe est de me jeter sur le grand lit niché dans un alcôve, et j’admire la vue que me permet la fenêtre juste en face.

Curieuse de découvrir le reste de la chambre, je ne m’y attarde pas et monte sur la mezzanine en utilisant une échelle. Entre les deux lits simples, une fenêtre ronde, ressemblant à un hublot, offrait une vue sur les arbres de la forêt.

Toujours au sommet de l’échelle, je ne bouge plus, et je réfléchi au dilemme de ce soir. Dans quel lit allais-je dormir en premier ?