FIN _ DÉBUT

Nous voilà à la fin du confinement dans cet hôtel. Ces deux dernières semaines, nous avons pu profiter de l’ensemble des prestations de l’hôtel, le bar, le restaurant, l’espace soin de l’hôtel avec Jérome. Nous nous sommes bien ressourcer et nous avons profité de ce privilège de vivre dans un hôtel de luxe. Chaque jour, après ma journée de télétravail, je m’offrais un soin du corps pour me détendre, puis d’un verre de vin avant de manger. 

Ces deux dernières semaines ont été riches en réflexion, temps professionnellement que personnellement sur mes envies, mes souhaits avec Jérome après cette expérience. Les retrouvailles, la cohabitation, c’est très bien passé, malgré quelques accrochages concernant les chaussettes sale entreposé parterre, ah ! Nous avons pu apprendre à nous connaitre, découvrir les qualités ainsi que les défauts de l’un et de l’autre, à nous appréhender, et à vivre-ensemble au quotidien ! Je me sens prête et j’ai envie de me lancer dans plusieurs projets de changement, le premier, c’est de quitter mon poste d’architecte à Nancy, pour rejoindre la team d’architectes que j’ai rencontré à Bordeaux, quelques semaines auparavant. Le second, est d’aménager dans l’appartement de Jérome, situé à Versailles. Ce déménagement me permettra de passer plus de temps avec mes amis qui résident à Paris depuis quelques années, de me rapprocher de la Bretagne ou ma famille réside et de commencer une nouvelle vie à deux. 

Nous sommes confortablement installés dans le canapé du salon de notre suite avec Jérome, à déguster une bouteille de vin rouge, tout en regardant la pluie tomber. C’est notre dernier soir avant notre départ, nous sommes un peu nostalgiques, mais très contents de cette expérience et prêt à démarrer notre nouvelle vie ensemble. Nous nous remémorons nos moments passés ensemble dans cet hôtel et dans cet arrondissement de Paris. Ce déconfinement marque la fin de cette expérience incroyable et le début d’une nouvelle vie. En contemplant cette suite, je me rends compte que nous ne devons pas oublier nos plantes afin de dépersonnaliser l’espace que nous nous sommes approprié. 

Nous sommes entrés dans ce somptueux hôtel sous la pluie et nous repartons sous la pluie ! 

EXPLORATION _ SURPRISE

Hier, j’ai reçu le mail de Pierre avec mes billets de train. Bien évidemment, j’avais pour seule information la date, l’heure, le numéro du quai et le nom de la gare, mercredi 26 mai, 8 h 20, quai 22, Gare Montparnasse. Me voilà prête pour partir à l’aventure. La gare Montparnasse est à 25 minutes en bus de l’hôtel où je réside en ce moment. Avant de partir, j’enlace Jérome en lui souhaitant une bonne journée. Je suis un peu stressé parce qu’avec Pierre, parfois, il faut s’attendre à tout. Jérome me dit des paroles réconfortante, je me lance dans cette aventure ! 

Il est 22 h 38, je profite de mon trajet du retour pour expliquer cette journée exceptionnelle. La destination était Bordeaux, je n’avais jamais mis encore les pieds. Depuis notre rencontre avec Pierre en première année, il me parle très souvent de Bordeaux et des alentours. À mon arrivée à la gare de Bordeaux, je m’étais rendu à Darwin sur la rive droite où j’avais pu manger une salade. Ensuite, j’avais flâné dans les ruelles du vieux Bordeaux, puis dans le quartier Saint-Pierre et Grands-Hommes. Puis, j’ai été du côté de Chartrons afin de visiter le musée de la Citée du vin. À la sortie du Musée, il était 18 h 08, je m’étais dirigé vers le quartier Saint-Michel, Saint-Croix, et Gare Saint-Jean afin d’être à proximité de la gare. Sur mon parcours du retour, je passais par la rive droite de la Garonne dans le quartier industrielle. Je m’étais posé une petite heure à Darwin pour prendre une bière devant le coucher du soleil, avant de repartir à Paris. J’ai fait la rencontre d’un groupe de jeune, très sympathique. Tout en faisant connaissance, on s’était rendu compte que nous sommes tous des jeunes architectes. Certains d’entre eux sont même architectes à Paris, ce qui a résonné dans ma tête. J’ai regardé ma montre, il était 22 h 15, je m’étais précipité vers la gare pour ne pas louper mon train. Me voilà, à me remémorer cette journée incroyable. J’ai hâte de raconter cette expérience à Jérome en rentrant de l’hôtel et de savoir si Pierre s’est rendu compte qu’il devait gérer un hébergement pour une nuit ! 

Il faut savoir que c’est mon premier voyage seule, et j’ai vraiment apprécié de faire ce que je voulais sans contrainte de contrarier une personne. Se retrouver seule, une journée, est une chouette expérience à réaliser au moins une fois dans sa vie.


STABILISATION _ DESTABILISATION

Cela fait maintenant 90 jours que je suis confiné dans cet hôtel au cœur de Paris avec mon copain Jérome. Nous sommes tous deux en télétravail depuis 20 jours, être en télétravail dans une suite d’hôtels s’est compliqué, le manque d’espace de travail, l’atmosphère non appropriée pour travail à long terme, les problèmes de Wi-Fi, le manque de communication directe avec nos collègues de travail, etc. Ce nouveau mode de travail est difficile à mettre en place, le travail en présentiel est tout de même meilleur pour le mentale et pour la réalisation des tâches à effectuer. 

Dans cette routine, qui commence à être pesante, le président nous annonce ENFIN, le déconfinement. Nous pouvons « vivre » comme avant, avec bien évidemment des restrictions strictes, port du masque, couvre-feu, etc.

Je réssent le besoin de partir de cet hôtel une journée seule afin de découvrir une nouvelle ville et de me recentrer sur moi-même. Je téléphone à mon ami Pierre, afin de lui proposer une expérience. J’oublie le décalage horaire, comme à chaque fois, mais il me décroche toujours. Je lui propose qu’on organise un voyage à l’un et l’autre sans dire la destination. Par chance, il adore le concept et accepte avec grand plaisir. On se donne une semaine pour organiser le voyage. 

Il est 19 h 20, nous éteignions nos ordinateurs afin de marquer la fin de notre journée, avec Jérome. Le bar de l’hôtel à rouvert ce matin, mais uniquement à « emporter ». Il fait beau, le soleil est encore bien haut dans le ciel, il fait encore chaud. Nous décidons de prendre un bon verre de vin Blanc et de le déguster sur les fauteuils de la terrasse de notre suite. Nous échangeons sur notre journée de travail, je profite de ce moment pour lui parler de l’expérience voyage que je vais réaliser avec Pierre. Il est super content du concept et il me conseille même sur certaines villes. Je m’arrête sur la ville Recife à 10 h 00 de bus de Barra Mar, ou Pierre séjourne dans son hôtel. Je réserve les billets de bus aller-retour, avec une nuit sur place. J’aime déstabiliser Pierre et je sais qu’il est un peu tête en l’air, je lui envoie par mail les billets de bus sans préciser la destination et sans lui informer qu’il reste une nuit sur place. 

Nous avons très hâte, d’avoir Pierre en Facetime pour qu’il nous raconte son expérience !

HABITUDES _ OCCASIONS

En ce joli début de semaine ensoleillé, cela fait 70 jours que je suis confiné dans cet hôtel avec Jérome. Les jours, les semaines, les week-ends se ressemble plus ou moins. Nous essayons tant bien que mal de ne pas avoir de routine parce que nous n’aimons pas ça, nous aimons vivre le jour au jour. Hum, c’est plutôt Jérome qui vit le jour au jour, c’est l’une des qualités dont il procède et que j’apprends de lui, grâce à ce confinement ensemble. Je suis plutôt de nature à tout contrôler les étapes de la vie, d’anticiper les imprévus et de ne jamais lâcher prise. Je me rends compte jour après jour que les imprévus, le lâcher pris, font partie de la vie et peuvent rendre certains moments encore plus agréables à vivre. 

Concernant, la crise sanitaire, elle est toujours présente, et pas résolue. Nous pouvons sortir dans un rayon bien précis en km et d’une durée de seulement 2 h 00, nous ne respectons pas chaque jour cette durée, ni cette distance. Nous avons tous deux cette envie, ce besoin de découvrir de nouveau lieu, de nouvelle chose. En 70 jours de confinement, nous connaissons les moindres recoins du 9e arrondissement et des arrondissements voisins. Parfois, nous décidons de se balader dans d’autres arrondissements. Nous aimons très particulièrement le 15e arrondissement, de par sa proximité des commerces, des centres culturels, certes fermé actuellement, mais son nombreux, la proximité des arrondissements du 16e, 14e, 7e, 6e, son ambiance, ses parcs, son architecture contemporaine, etc. 

Concernant l’hôtel, le bistro est toujours fermé donc nous mangeons chaque repas dans notre suite, soit dans le salon devant la télévision, ou soit sur la terrasse qui donne vue sur les toits parisiens. De temps en temps, nous décidons d’aller pique-niquer dans un parc ou devant la Seine pour changer de lieu, et d’air. De temps en temps, le chef de cuisine donne des leçons de cuisines afin de nous occuper et de nous divertir. Le bar et le spa sont toujours fermés, mais devront bientôt ouvrir avec les gestes barrières et un protocole sanitaire strict. À ce jour, nos plantes sont toujours en vie, elles donnent vie à notre suite, entre autres dans le salon et sur la terrasse. Elles nous permettent d’avoir une petite touche à nous dans un lieu qui n’est pas à nous, mais où nous vivons depuis 70 jours. 

Aujourd’hui, c’est le 70e jour de confinement, et notre premier jour de télétravail. Jérome est ingénieur dans une entreprise dans la région parisienne, et moi, je suis une jeune architecte dans une agence à Nancy. C’est toute une nouvelle organisation que nous devons avoir dans notre quotidien, nos deux métiers demandent beaucoup d’organisation et de concentration. En ce premier jour de télétravail, je me suis installé sur le bureau du salon, et Jérome, c’est installé sur la terrasse. Il est 9 h 00, nous commençons notre journée par un visio avec nos boss pour faire un point sur nos projets.

ENTRAIDE _ ÉCHANGE

Mon téléphone sonne, AH, c’est mon ami Pierre ! Je suis toujours très contente quand il me téléphone pour me donner des nouvelles. Il me fait découvrir son voyage à l’aide de petites vidéos, des photographies, etc. J’ai la sensation de voyager quelques instants et de quitter la Paris. Les paysages sont toujours riches en émotion, sublime, et dépaysants. 

Pierre me téléphone au bon moment, pour une fois, parce que j’ai un problème sur l’orientation et les questions de cheminement dans un projet que je réalise de mon côté. Eh oui, je suis confiné, c’est comme des vacances, mais j’aime tellement mon métier que j’ai ce besoin de m’évader une heure ou deux de temps en temps dans ma « bulle ». C’est mon temps rien qu’à moi, où personne ne doit me déranger. 

Avant de nous lancer dans un échange de projet, nous faisons la visite en direct de nos hôtels. Je suis sous le charme de l’ambiance que dégage l’hôtel où séjourne Pierre depuis quelques semaines maintenant. La vue est à couper le souffle, la qualité des espaces et des services que propose l’hôtel son incroyable. Je mets mon masque et je fais également la visite guidée de l’hôtel De Nell à Pierre. Sa première réflexion m’a fait rire, parce qu’il a identifié l’hôtel à ma façon d’être, hautaine de premiers abords et très simple aux seconds abords. Nous comparons nos hôtels en matière de prestation, d’espace, de prix, etc. Nous avons le même ressenti sur notre confort de vie en ce moment, la vie d’hôtel est plaisante sur une courte durée, et devient peu à peu lassante sur une longue durée. 

De retour dans ma suite, je m’installe au petit bureau, je profite d’avoir Pierre en visio pour lui demander son point de vue sur un projet. Il est toujours de bon conseil, et il a un regard extérieur au projet. Pendant, plus d’une heure nous échangeons, afin de trouver une solution pertinente. 

Il est 22 h 38, à Paris, Jérome m’interrompt parce que son ventre gargouille. Oups, je n’avais pas vu l’heure, ni la surprise qu’il m’a faite ! Je raccroche avec Pierre.

Studio évènementiel

Dans cet hôtel il y a bien plus insolite que ces suites perchées en hauteur. Ce sont les soirées et les évènements avec « le spectacle le plus choquant et passionnant où vos fantasmes se réalisent ».

A 15 mètres se trouve ‘le studio intime’ là où sont organisées les soirées musicales avec Dj professionnels et des diffusions en direct, ce qui permet d’accroitre la notoriété de ces DJ et faire du bon marketing à certains sponsors.Je trouve que l’emplacement du studio dans la grue est très bien réfléchi, puisqu’il permet de garder le public éloigné des suites perchées sur 36 mètres. Ceci permet-il aussi de limiter les nuisances sonores ? En tous les cas, mon séjour était plutôt calme, si ce n’est la nuisance du port industriel à côté qui m’interpellait, rien ne se passait dans l’hôtel. Je pense bien que ce soit dû à la période du Coronavirus, durant laquelle les rassemblements sont très limités et les évènements en lieux clos sont interdits.

Le studio me semble évolutif puisqu’il fait également office d’un restaurant où il est possible de profiter d’un diner romantique avec une vue imprenable sur les bateaux qui naviguent autours. La capacité d’accueil est cependant limitée à 10 personnes à raison de trois tables, et il faut bien sûr réserver bien à l’avance.
Me concernant, j’ai préféré manger dans les restaurants et les cafés qui sont assez nombreux dans la zone NDSM en profitant du musée de Graffiti à ciel ouvert qui m’entourait.

Retour à Nancy

DIMANCHE 31 Mai :

Il est temps de quitter les lieux. Alexis et moi avons passé la semaine à profiter du beau temps sur la terrasse de la suite 5701 que nous avions retrouvé. Peu à peu les restaurants et les musée ont ouverts à nouveaux et nous avons pu profiter pleinement de ces deux dernières semaines pour visiter la ville et profiter de ce petit air de vacances.

C’est avec la tête chargée de souvenirs que je repars pour la France. J’ai pu prendre conscience de l’importance de l’imaginaire au sein d’un projet, de la capacité qu’un imaginaire développé a à immerger le sujet percevant dans un monde tout autre, loin de son quotidien. Jean Nouvel est un modèle dans l’art de concevoir et de faire voir l’architecture autrement. Cette expérience est à jamais gravée dans ma mémoire. 

Durant les 5 heures qui ont suivi, nous avons passé en revue tous les meilleurs moments que nous avons passés pendant ce voyage qui s’est avéré plus long que prévu. C’est une expérience qui m’a permis de grandir, d’évoluer et de réfléchir et de vivre l’architecture autrement. 

Arrivés à Nancy, las de notre journée de trajet, nous empruntons l’ascenseur avec nos bagages. Je tourne la clé dans la serrure de mon appartement et rentre dans mon petit intérieur … 

Retour net à la réalité : mon appartement me parait maintenant bien plus petit, ma plante n’a pas survécu à mon absence prolongée et mes murs et plafonds me paraissent blancs, bien trop blancs. 

Mystique

Après un séjour dans les deux premières suites de l’hôtel, je suis passée à la suite Mystique. Elle surplombe le lac IJ et la ville d’Amsterdam, et risque de me causer du tournis pour le reste de mon séjour.
Dès que je franchis la porte d’entrée, je suis transportée dans une atmosphère sombre et intime, à la différence des deux autres suites avec un ton plus clair et un intérieur illuminé.

Bien que l’agencement des différentes parties de la pièce soit quasiment le même que dans la suite Free Spirit, le mobilier choisi ainsi que la peinture et la matérialité de chaque élément font bien la différence entre les deux chambres. En effet, la suite en duplex de 36m² est aménagé d’un premier niveau abritant le salon et une salle de bain séparée qui comporte des parties d’un ancien croiseur océanique englouti.

Le second niveau comprend quant à lui une zone de couchage avec un énorme lit King Size Coco-Mat, et une baignoire design Villeroy & Boch qui nous accueille dès qu’on atteint les dernières marches de l’escalier.

Une particularité de la suite est son toit doré conçu avec des papiers peints choisi spécifiquement pour donner un rendu avec relief. Ceci me donne l’impression d’être une continuité aux tissus choisis pour le lit et les rideaux. Le tout dans une palette de couleur nuancée entre le noir et le doré.

Façades de la grue

Il est vrai que sans ces documents graphiques de l’hôtel, j’aurai entrepris difficilement une analyse de ses façades. En effet, je le rappelle, les couleurs ont été choisies en lien avec quelques éléments nautiques dans le paysage portuaire environnant, les navires légers, une grue au loin et l’île du REM.

On peut comprendre de ces documents que les deux suites rajoutées sont identiques, avec un même emplacement des ouvertures et un même ratio du vide/plein. Quant à la suite entre les deux, qui fût autrefois la salle des machines, ses couleurs et sa composition d’origine ont été restaurées pour contribuer à ce témoignage d’un patrimoine industriel.

Le retour

Ca y est, le voyage s’est terminé. J’ai repris tôt dans la matinée la route interminable jusqu’à l’aéroport. De nombreux français rentraient aussi dans l’avion, et nous avons pu échanger sur notre voyage passé et les multiples découvertes de chacun. J’aurais aimée rentrer pleine d’étoiles dans les yeux pour partager mon aventure à mes proches. Mais c’est avec soulagement que j’ai retrouvé la France et surtout, des parents inquiets qui m’ont enlacé à mon arrivée. Quel bonheur de pouvoir se poser en terrasse et voir la vie revenue alors que je quitte l’Israël. Je parlerai plus tard de ces trois derniers mois, quand j’en aurai oublié les derniers jours. En attendant je profite d’un bain de verdure à la campagne, comme si ces mois de détente dans un hôtel somptueux n’avaient pas suffit à me ressourcer. Je sais, pourtant, que, quand je retrouverai mes quelques mètres carrés à Nancy, l’hôtel va me manquer,… et le soleil aussi !