Quelques semaines ont passées depuis mon arrivée sur l’île
de Rangali. Les jours passent de plus en plus vite. C’est dingue comme on s’habitue
vite au luxe et à l’extraordinaire. Je ne m’émeus même plus de me brosser les
dents face aux poissons, de m’endormir au milieu des raies et des tortues, d’observer
les coraux depuis ma douche. Le spectacle est toujours aussi magnifique, mais c’est
devenu ma routine, mon quotidien, mon horizon.
Le complexe hôtelier qui s’étend sur quelques îlots est un
lieu de villégiature très exclusif. Ce n’est pas un lieu fréquenté par des
foules de touristes en temps normal, seul une poignée de riches vacanciers
peuvent se permettre un séjour ici. Avec la pandémie, de nombreuses chambres,
suites et villas restent vides. Les douze restaurants de la résidence, eux,
restent ouverts. Parfois je suis l’unique client dans l’un d’entre eux, le
temps d’un repas. Je passe de longs moments à observer l’océan, seul, reclus
aux confins du paradis.
Durant cette semaine, j’ai
commencé à ressentir un besoin d’air. Pour le moment, j’ai très peu visité les
alentours. Pour être plus précise, j’ai toujours besoin de
plantes ou de fleurs pour me sentir bien, alors je suis parti faire une
randonnée. Arrivé au début du parcours, un groupe d’amis
espagnol allait commencer la randonnée donc je les ai suivis et nous avons
parlé. Ils m’ont expliqué que l’hôtel dans lequel je
séjourne, avait été
construit par l’agence RCR Arquitectes. Ils ont construit d’autres bâtiments dans la ville d’Olot. Je souhaite les visiter dans les prochains jours. En fait, j’en ai un peu marre de ma chambre…. Elle a une dimension raisonnable, mais elle n’est pas adaptée
aux longs séjours. Je commence vraiment à tourner en rond, j’ai
déjà lu des livres, fait du yoga et de la méditation, mais maintenant, j’ai
vraiment besoin d’air.
Pour être plus clair la chambre mesure à peu près une
trentaine de mètre carré, salle de bain et toilette compris. J’ai réussi à trouver un document sur Internet renseignant
les informations du plan et la matérialité. La structure est faite en acier inoxydable.
Aujourd’hui c’est lundi 15 mars. Ça fait une semaine que j’ai emménagé dans cet hôtel. J’avoue que c’est très simple de se faire des amis ici! Tout le monde est curieux par rapport à la chambre de l’autre. J’ai l’impression que toutes les chambres sont différentes l’une de l’autre. Vu que je n’ai pas trouvé encore un plan de l’hôtel, je me demande : Est-ce qu’il y en a deux qui sont pareilles ? J’ai fait connaissance avec un jeune couple, on s’est déjà croisés plusieurs fois sur les escaliers pour monter au deuxième étage et aussi devant ma voiture-chambre. Vue que leur chambre est proche de la mienne ça ne m’étonnait pas qu’ils passent souvent devant. J’ai vue leur curiosité à propos du car Volkswagen. Pendant une soirée dans le bar restaurant « Kevin bacon » on a fait connaissance. On s’est bien amusé et en fin de soirée légèrement éméchés, on a décidé d’échanger nos chambres. Alors maintenant je suis dans une des chambres derrière la bibliothèque taille XL. J’ai commencé à dessiner les plans de l’hôtel par rapport à ma représentation mentale de l’espace, qui n’est d’ailleurs pas aisée avec tout ces espaces cachés. Cette chambre se trouve au dessus du bar. Elle a une vue vers l’extérieur et une vue vers les couloirs dans l’hôtel. « Bizarre non ? ». Le lit se trouve dans une alcôve entre le mur extérieur et un mur intérieur. Dans le mur intérieur ce trouve cette étrange fenêtre. Je peux voir tout le monde qui passe mais eux ne peuvent pas. Je pense que c’est intéressant comme concept ! En plus la chambre, contrairement à l’autre à sa propre salle de bain!
Dans ce grand hall j’ai récupéré les clefs de ce qu’ils appellent ma « villa ». De là on m’a emmené à l’aide d’une voiturette de golf au pieds des chambres. Pas facile de repérer la mienne parmi cet entassement de petites maisons cubiques. L’ambiance de l’extérieur est rustique. Les maisons sont de pierres, comme l’habitat traditionnel, et il faut déambuler sur des chemins caillouteux pour y accéder. J’adore me promener dans ces « ruelles » en longeant les murs de pierres réchauffées par le soleil. Les petits murs de pierres délimitant ces chemins créent une ambiance chaleureuse que j’apprécie beaucoup traverser chaque jours. Des gens sont parfois assis dessus, comme si les rues deviennent des terrasses publiques.
Les villas, de ce coté ci sont très fermées. Seulement un escalier se dégage de la façade pour permettre l’accès à la chambre de l’étage. La mienne se trouve en RDC, je me faufile donc sous l’escalier pour y rentrer. J’ai eu une étrange surprise en ouvrant la porte la première fois. La même que lorsque j’ai découvert le hall. L’intérieur est très classe. Je n’ai pas l’impression d’être dans le même hôtel : les murs de pierres ont disparu pour faire place au marbre, et carrelage parfaitement lisse. La chambre est immense, 60m2 m’ont-ils dit. Au fond de la chambre, face au salon se trouve une baie vitrée sur toute la largeur de la pièce. C’est le seul élément qui permet de me rappeler que je suis dans le désert. La terrasse est couverte par le balcon de mes voisins qui vivent au-dessus. La lumière rentre difficilement. Mais après déjà quelques jours je me rend bien compte que la fraîcheur de la chambre qui m’inquiétait est forte appréciable.
J’ai enfin l’honneur de découvrir la chambre 57 qui sera mon lieu de vie pour quelques semaines. J’ai choisi une chambre deluxe de 32m2 orientée Sud et je ne suis absolument pas déçue. Je suis subjuguée par le décor très chic et ancien réalisé par l’architecte d’intérieur Carlo Rampazzi. On reconnait ici son goût pour les matériaux nobles qui procure une chaleureuse sensation d’apaisement. Je me sens d’autant plus plongée dans l’intimité de cette chambre car je sais qu’elle est unique. Chacune des 130 chambres est différente mais toutes ont été décorées de manière à mettre en harmonie lumière, espace, forme et couleur. Je ressens ici une véritable attention portée aux détails, comme si chaque élément devait trouver sa place à l’emplacement précis où il a été disposé.
Photomontage de la chambre 57 (à partir d’éléments détourés sur les photographies des chambres du Tschuggen Grand Hotel)
Je me jette sur le lit et regarde à travers les grandes baies pour apercevoir un magnifique panorama sur les montagnes des Grisons.
Là, maintenant, je suis sûre de passer un séjour de rêve.
Après plusieurs nuits passées dans ma cabane du
Juvet Landscape Hotel, je me réveille une nouvelle fois face à ce paysage. Le
temps change d’un jour à l’autre. Il y a des jours où le bruit de la pluie
tombant sur les tôles du toit de la cabane berce mon réveil. D’autres jours où
les flocons ont tout recouvert, et la nature semble figée. Ces jours de neige,
tout est cotonneux et calme comme une écharpe de laine. Il y aussi les jours de
ciel bleu et de soleil éclatant, où la nature se réveille et s’active, les
animaux sortent, la végétation renaît d’un vert flamboyant… Chaque réveil
promet une nouvelle découverte.
Croquis vue sur le paysage enneigé, pluvieux, ensoleillé depuis la chambre
Le temps s’est arrêté depuis que je suis arrivée dans cet hôtel. Tout semble être guidé par les volontés de la nature. Je me suis prise au jeu. Les jours de neige, je m’en vais découvrir l’immensité de ce paysage recouvert de doux flocons, raquettes aux pieds. Les jours de pluie, je reste à l’abri dans ma chambre-cabane, profitant d’un paysage mouvant avec les nuages volants et l’eau ruisselante. Les jours de grand soleil, je pars à la découverte des sommets du Fjord et des vues sur la région. Dans mes excursions, j’y croise des habitués de ce paysage : des couples randonneurs, des castors jouant à cache-cache, des amis grimpeurs escaladant les falaises. Quand la nuit tombe, le champ des chouettes résonne dans les vallées, indiquant l’heure de rentrer.
Vue sur le paysage à la tombée de la nuit
Dans ma vie urbaine, j’avais oublié de quelle façon
les espèces étaient capables de vivre côte-à-côte en respectant l’unique loi de
la nature, la seule qui prime ici.
Ça fait maintenant deux semaines que je suis dans cet hôtel et je ne peux vous dire que je l’apprécie de jour en jour. Pendant ces quelques jours passés à l’hôtel, je me suis senti vraiment comme à la maison. Les nuits ont été très courtes, l’intérieur de ma capsule est confortable même si les premières semaines n’ont pas été faciles, car j’avais des crises de panique à cause de l’enfermement. Cependant, je m’habitue un peu plus chaque jour à cette nouvelle vie. Ma capsule est large de 1m et long de 2m.
J’ai passé pratiquement les dernières semaines avec l’hôte Masa. J’ai été très impressionnée par la gentillesse de Masa. Il accueille tout le monde avec un grand sourire et si on peut croire que c’est forcé, vous verrez au fil de votre séjour que ce n’est pas calculé et que c’est sincère. Il prend soin de tout le monde, il s’assure que tout va bien, dès que vous le croisez, vous pouvez discuter de tout et de rien avec lui.
Il nous a invités à boire un verre autour d’un match de sport qu’il regarde à la télé dans la salle de commune. Il nous a également fait découvrir les coutumes locales tout en nous offrant des repas typiques gratuitement pendant les dernières passées ici.
Dimanche 14 mars, comme tous les matins, je me réveille dans ma capsule. Et comme tous les matins, la première chose que je fais, c’est filer dans la salle de bain pour une prendre une bonne douche. Ici, au SUI Kyoto les salles de bains et les toilettes sont communes. L’intérieur de la salle de bain est très lumineux, les murs ont une structure en béton recouverte d’enduit blanc contrairement aux boîtes qui sont complètement en bois.
Dans la salle de bain, on a tout ce qu’il faut (serviettes, gels douches, sèche-cheveux…). La fonction de la douche est vraiment géniale, c’est un peu comme si on prenait la douche sous un robinet finalement, mais il y a un système de filtrage, on a l’impression que l’eau qui arrive est super-douce, vraiment agréable : c’est comme un velouté d’eau qui te coule dessus. Je veux la même chose chez moi !
Premier réflexe, je me dirige vers le pont (comme quoi ça sert d’être passionné
de pirates) et je sens l’air frais de la mer traversé mes narines, mes yeux s’écarquillent,
et c’est là que je surprends une conversation entre deux moussaillons ‘’ Yao
!… Viens me donner un coup de main pour descendre en vitesse le génois et la
bonnette dans le poste avant… tant pis, viens comme tu es, vaut mieux nous
mouiller que de laisser les voiles se mouiller… dis donc, si tu as un moment,
passe prendre des minicassettes vierges, je pourrai enregistrer la musique qui
me plaira à la radio, et aussi la météo’’
Sans réponse, je me suis proposé pour l’aider malgré le fait que je ne
compris rien à la moitie de sa phrase, bien sûr me pour faire plaisir il me
laisse tiré sur une corde, ça a duré dix minutes par contre j’ai eu du plaisir à
le faire, après s’être moquer de moi, qui avait les yeux qui brillaient devant
une chose qui était si banale et monotone pour lui, je m’assieds à cote de lui
par terre bien sûr, pour ne pas le dévié de son travail et je commence à lui posé
des question sur ces origines, pourquoi ce travail… ce fut très passionnant et très
terre à terre comme échange.
‘’Yao va chercher des bricoles
en ville après la pluie, si tu as besoin de quelque chose, profites-en… ‘’
Ville mais quelle ville. Je me lève je fais un tour sur moi-même pour me localiser,
c’est là que je l’aperçois notre première destination. Moi qui m’attendais à de
la terre ferme ce fut une surprise d’apercevoir pour une première fois ce
paysage.
Surat Thani, ils l’appellent la
ville flottante justement, elle ne correspond définitivement pas au stéréotype
de l’agglomération urbaine. Avec ses constructions émergeant de l’eau soutenues
par de longs et minces échasses ressemblant à des pattes de flamant rose, sa
base structurelle est élevée sur des pilotis, et les maisons sont construites
en bois et en bambou.
Telle un archipel d’une civilisation perdue voguant à travers les mers, en admiration devant ce paysage, je sortis mon carnet, mon crayon et je commence a dessiné, non pas ce que je vois mais ce que je ressens.
La pluie ne cesse de s’intensifier de minute en minutes. Nous décidons de nous nous réfugier à l’intérieur de ce bâtiment pour se réchauffer et attendre que la pluie s’atténue. Dès l’ouverture de la porte, je suis émerveillée par l’ambiance que dégage ce hall d’entrée, entièrement vêtu de bois. Je regarde chaque détail de cette pièce, l’assemblage de différents bois, le bois que constituent les murs se prolonge au-dessus de nos têtes, la finesse du bureau, la pureté de l’ensemble de la pièce. L’homme qui m’accompagne, prénommé Jérome, est également émerveillé par cette ambiance. Nous comprenons vite que nous sommes dans un hôtel à la fois très chic et à la fois décontracté.
Il est 13 h 00, mon ventre commence à gargouiller à tel point que Jérome l’entend. Nous observons sur notre gauche, le restaurant de l’hôtel dans un style de petit bistrot parisien. Seulement quelques personnes y déjeunent. Nous décidons de nous y rendre pour luncher le temps que le soleil point son bout du nez à l’extérieur.
Le serveur nous place juste à côté de cette paroi en verre, ou est stocké les bouteilles de vin. Je m’installer sur la banquette pour pouvoir contempler cet espace. Tout est bien pensé dans ce petit bistrot, du sol en damier noir et blanc à la chaise en bois clair. Ce bistrot se nomme « Les retrouvailles », cette subtilité nous faire sourire. Le serveur très souriant et aimable, nous sert sans nous précipiter. Chaque plat est un voyage de saveur, qu’égayent nos papilles. C’est un moment que nous apprécions fortement. Nous nous racontions nos projets que nous avons entrepris chacun de notre côté depuis notre séparation en Pologne, quelques mois précédents. Notre discussion est tellement passionnante, et la banquette très confortable, que nous ne voyons pas l’heure tourner.
Il est 16 h 37, la pluie s’est atténuée, nous décidons de quitter ce magnifique endroit. Dans le hall d’entrée, nous sommes rapidement interpellés par l’hôtesse d’accueil qui nous avertit que nous pouvons plus sortir de l’hôtel pour cause de l’arrivée d’un virus. Nous regardons nos téléphones, 5 appels manqués de nos parents, 10 messages de nos amis. Je regarde Jérome, d’un regard inquiétant.
Domaine Le Coq Enchanté, à Cambremer // Basse – Normandie
Depuis cette nuit-là, une
semaine s’est écoulée. Ces quelques jours furent, néanmoins, riches. J’ai pu me
ressourcer dans les campagnes du Pays d’Auge qui me proposaient des champs de
pommiers en fleurs à pertes de vues, des visites d’un autre temps empreint d’histoire
et de riches anecdotes. J’ai pu rencontrer des cambremériens, qui m’ont compté
leurs traditions et m’ont invité à suivre leur parcours, les usages et à
revenir participer au ramassage des pommes lors du prochain automne.
Les plats proposés au cœur
du village de Cambremer sont exceptionnels, les produits sont frais et de
saisons, ils proviennent des producteurs locaux et sont mis en valeur par la
cuisine créative et pourtant simple mais efficace des chefs. J’ai apprécié,
notamment, les fromages des producteurs de la région : La tomme de Cassandre
de Grandouet, le Livarot du Domaine de la Houssaye avec un bon cidre provenant
du Domaine Antoine Marois et un filet de miel de Cambremer de Florence Longrand.
Mon palais fût satisfait et ravie de gouter ces spécialités si goûteuses.
Pêle-Même du Séjour en Basse-Normandie // Crédit : Google image, Tripadvisor et Le Domaine du Coq Enchanté
Le domaine où j’ai séjourné
tout ce temps, proposait des activités sur place. J’ai pu participer à un cours
de yoga en groupe, sous une bulle géodésique, le lien avec la nature y était
très présent. On arrivait tous, résidents et vacanciers, dans cette bulle où l’air
était réchauffé par les rayons du soleil, structurellement en bois et
recouverte d’une fine couche de tissus on se sentait enveloppé par des
sensations de bien-être et de quiétude.
Ce séjour fût pour moi
une expérience de profond bien être, de sérénité et de découvertes. J’ai pu me
rapprocher de la nature, d’une part grâce aux installations géodésiques sur le
domaine, qui apportent une vue sur l’environnement qui nous entoure et nous
protège, en même temps, du climat parfois capricieux. D’autre part, j’ai pu me
rapprocher des gens, participer même un court instant à leur vie, leurs
habitudes et traditions. J’ai découvert un pays riche en tout point, vécu une
aventure de pure bonheur où j’ai appris à me recentrer sur les choses
essentielles de la vie.
Je suis maintenant en route pour une destination secrète ! (Ps: Vous en saurez plus dans le prochain poste, mais je peux vous dire que ce sera encore plus étonnant !)