2006 – APPEL DE NANCY
« Appel de Nancy »: Enseigner l’architecture et l’urbanisme à l’ère du développement durable – Nancy, novembre 2006 Enjeu majeur du 21 ème siècle, la mise en place d’un développement durable et équitable implique une remise en cause profonde des pratiques politiques et sociales et des choix culturels, économiques et techniques.La démarche environnementale est la réponse participative du monde du bâtiment et de l’urbanisme à ce défi. Elle induit de nouvelles attitudes, méthodes et solutions pour fabriquer la ville et créer l’environnement de l’homme. Pour permettre aux concepteurs de s’insérer dans cette dynamique, une approche responsable invite les professionnels (architectes, urbanistes, paysagistes, ingénieurs, entreprises, industriels) à ne pas rester dans une attitude frileuse, mais à repenser les savoirs liés à leur discipline.Enseigner aujourd’hui l’architecture et l’urbanisme, c’est prendre parti dans ce vaste enjeu et mettre en œuvre des dispositifs pédagogiques adaptés. Aucun argument ne peut justifier un silence face à ces problèmes. Aucune spécificité ne peut être revendiquée pour ignorer les questions posées. Aucune priorité ne doit servir de prétexte à reporter les réponses attendues.Toutes les ressources doivent être mobilisées. Les sujets à aborder sont vastes. Les modèles didactiques sont potentiellement nombreux. Les réponses doivent être inventives et généreuses. Toutes sont légitimes si elles permettent une réinterprétation critique des savoirs et des savoir-faire existants. Toutes sont dignes d’intérêt si elles encouragent le partage de connaissances et la mise en commun de compétences.
Pour assumer notre responsabilité face à l’avenir des hommes, des cités et de la planète, nous appelons tous les professionnels engagés dans la formation des futurs architectes (enseignants, chercheurs et autres « sachants »), ainsi que toutes les instances qui participent à cet enseignement, à soutenir et à mettre en œuvre les propositions suivantes :
Tous les enseignements théoriques ou appliqués qui concourent à la formation à l’architecture, à l’urbanisme et au paysage doivent intégrer, selon des modalités qui leurs sont propres, les principes d’un développement durable et équitable.
Les thèmes liés à la qualité environnementale doivent être abordés dans tous les cycles de la formation initiale (Licence, Master, Doctorat) et de la formation continue.
Les étudiants doivent tous avoir fait dans leur cursus au moins un projet intégrant une démarche environnementale par cycle d’études.
Des enseignements spécifiques doivent être conduits pour approfondir les diverses questions soulevées : principes bioclimatiques, urbanisme durable, éco-techniques, impacts sanitaires du bâtiment etc.
La recherche autour de cette problématique doit être amplifiée pour construire de nouvelles connaissances et fonder de nouvelles compétences.
Le rapprochement entre les connaissances scientifiques, techniques et culturelles doit servir de base à une nouvelle éthique, fondement d’une pédagogie conforme aux objectifs d’un développement durable et équitable. »
2017 – Appel de Lyon – http://ensaeco.archi.fr/
Pour l’enseignement de la transition écologique dans les écoles d’architecture et de paysage avec des pratiques pédagogiques collaboratives et bienveillantes.
Les premières rencontres du réseau ENSA-ECO, qui ont eu lieu à Lyon du 6 au 8 juillet 2017, ont montré la diversité et la richesse des innovations pédagogiques et des pratiques collaboratives pour apprendre et entreprendre. Au travers d’expériences pédagogiques créatives, le réseau a inventorié au cours de ces journées les ressources qui permettent la mise en place d’actions concrètes pour affirmer l’engagement des écoles. La manifestation s’est terminée sur cet appel solennel aux étudiants et à tous les professionnels impliqués dans la formation des architectes, urbanistes et paysagistes.Défi majeur du 21e siècle, la transition écologique implique une remise en cause profonde des pratiques politiques, économiques, sociales, culturelles et professionnelles. Pour conduire cette mutation, une approche holistique est essentielle.La réponse du monde de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage à ce défi est une démarche écoresponsable. Au sein des écoles, il est nécessaire de dépasser la logique de la compétition et de la concurrence pour aller vers celle de la coopération et de l’entraide, du prendre soin des personnes et des lieux, dans une attitude bienveillante. Cela induit aussi de nouvelles attitudes, des méthodes inventives et des solutions inédites pour fabriquer notre cadre de vie.Enseigner aujourd’hui l’architecture, l’urbanisme et le paysage, c’est prendre part à ce vaste chantier collaboratif, qui touche les enseignants entre eux, les étudiants entre eux, les étudiants et les enseignants, les architectes entre eux, mais aussi les architectes praticiens avec les paysagistes, urbanistes, ingénieurs et acteurs d’autres domaines.L’enjeu est de valoriser les cultures constructives dans leur diversité, de contribuer au développement des territoires, d’améliorer la culture architecturale des décideurs et de retisser des liens de confiance entre les architectes et les citoyens. Les écoles doivent aussi porter, au-delà de leurs murs, un message éthique et technique sur l’écologie du projet, afin de préparer les futurs citoyens à devenir acteurs de la transition écologique.Les sujets à aborder sont complexes. Les réponses doivent être rapides, créatives et généreuses. Elles sont légitimes si elles permettent une réinterprétation critique des savoir-être, des savoirs et des savoir-faire ou la fabrication de nouveaux savoirs. Toutes sont dignes d’intérêt dès lorsqu’elles encouragent le partage des connaissances, la mutualisation des outils, la mise en commun des compétences et le retour d’expérience.Pour assumer notre responsabilité face à l’avenir de l’humanité et de la planète, nous invitons tous les professionnels engagés dans la formation des futurs architectes, urbanistes et paysagistes, tous les étudiants ainsi que toutes les instances de gouvernance à soutenir, l’enseignement de la transition écologique dans les écoles, par la signature du présent appel.
ENSEIGNEMENT DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE DANS LES ÉCOLES D’ARCHITECTURE ET DE PAYSAGE
Selon un processus collaboratif, les étudiants, enseignants et jeunes professionnels qui ont participé aux rencontres de Lyon ont défini sept axes pour déterminer des mesures « basculantes », et renforcer l’enseignement de la transition écologique dans les écoles d’architecture et de paysage. Des groupes de travail thématiques sur chacun de ces axes seront mis en place, dans le but de préciser les mesures « basculantes » issues de l’Appel de Lyon.
1- FORGER UNE ÉTHIQUE
L’aménagement de nos territoires, villes et bâtiments est l’un des vecteurs déterminants pour faire face à la crise environnementale et sociétale. Constatant le changement de paradigme induit par l’Anthropocène, nous proposons de forger une nouvelle éthique de l’enseignement de l’architecture et du paysage. Les écoles, incontournables dans cette aventure humaine et scientifique, se doivent d’être des lieux d’exemplarité au quotidien autant que des laboratoires d’expérimentations partagées.
2- CONSTRUIRE DES PROCESSUS PÉDAGOGIQUES COLLABORATIFS ET INTERDISCIPLINAIRES
De nouvelles pratiques pédagogiques doivent cultiver le « décalage » pour favoriser les processus collaboratif entre les étudiants et les enseignants, mais aussi entre les disciplines, aux échelles nationales et internationales. L’atelier de projet doit être réinventé de manière participative, et tisser des liens avec d’autres cultures et d’autres formations. L’enseignement doit valoriser l’individu et les différences au service d’un projet commun. Il est nécessaire pour cela de partager les ressources, les productions et les pratiques.
3- RENFORCER LA FORMATION DES ENSEIGNANTS AUX FONDAMENTAUX ÉCOLOGIQUES
Constatant que nos contenus, outils et compétences pédagogiques ne répondent pas suffisamment aux crises auxquelles nous sommes confrontés, nous appelons à la mise en place d’une formation rapide, massive et évolutive des enseignants. L’exigence est que chacun acquière une culture fondamentale pour que l’enseignement de l’architecture et du paysage absorbe entièrement la question écologique.
4- ABORDER LE PROJET COMME UN ECOSYSTÈME
Le projet doit être envisagé comme élément d’un écosystème territorial en perpétuelle mutation. Le concepteur devient ainsi ‘accompagnateur de démarches ascendantes et émergentes. L’enseignement doit établir un dialogue entre l’espace et le temps, ouvrant ainsi sur l’appropriation et sur un projet en processus. Cette méthode appelle des cycles de travail itératif et procède avec plusieurs outils, dont l’inventaire des ressources et des opportunités ainsi que la quantification.
5- METTRE EN OEUVRE LA TRANSITION ECOLOGIQUE PAR L’EXPÉRIMENTATION ET LA RECHERCHE
La transition écologique suppose le renforcement d’un apprentissage par le faire, au travers de pratiques immersives et d’une expérimentation constructive et sensible. Les recherches liées à la transition écologique sont à soutenir, tant pour les enseignants que pour les chercheurs, doctorants et praticiens.
6- S’IMPLIQUER DANS L’EVOLUTION DES RÉGLES ENVIRONNEMENTALES
Les étudiants, enseignants, chercheurs et praticiens revendiquent leur capacité à trouver dans les processus d’innovation liés au projet, au-delà du cadre normatif et réglementaire, une part de la réponse aux enjeux de la transition écologique. Ils doivent prendre part aux réflexions visant à faire évoluer les règles environnementales avec les acteurs impliqués.
7- SOUTENIR LES NOUVELLES PRATIQUES ET RECONNAÎTRE LES NOUVELLES EXPERTISES
La reconnaissance des nouvelles pratiques et de la diversité des métiers des architectes et paysagistes qui pratiquent la transition écologique répond à une nécessité politique et à une utilité sociale, culturelle et environnementale, tout en constituant une opportunité économique. L’enseignement doit s’ouvrir à ces nouvelles pratiques, et renforcer l’expertise dans la formation pour permettre aux futurs professionnels de faire face rapidement aux enjeux patents de la transition écologique.